La police malaisienne a annoncé samedi que 355 personnes avaient été arrêtées au total dans le cadre de son enquête sur des centaines de cas d'agressions physiques et sexuelles sur des enfants dans des foyers d'accueil en Malaisie. La Global Ikhwan Service and Business Holding (GISB) est au cœur des investigations, accusée d'avoir géré des "foyers de l'horreur" et entretenu des liens avec la secte islamiste interdite Al-Arqam, depuis disparue. Parmi les personnes arrêtées figurent le PDG de la GISB Nasiruddin Ali et 30 autres membres du groupe, selon la police malaisienne.
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Une secte islamiste impliquée
Des descentes dans des dizaines de lieux différents ont été effectuées: centres caritatifs, établissements de santé, entreprises, écoles religieuses et résidences privées. La police avait annoncé l'arrestation de 171 personnes le 11 septembre, dont des professeurs de religion et des éducateurs, en plus d'avoir mis en sécurité plus de 402 enfants après avoir perquisitionné 20 foyers. La police pense qu'il s'agit d'enfants de membres du GISB, a indiqué l'inspecteur général Razarudin Husain.
La GISB avait dans un premier temps nié toutes les accusations de violences et même assuré qu'il ne gérait pas les centres impliqués dans les Etats de Selangor et Negeri Sembilan (ouest). Mais Nasiruddin Ali a reconnu le 14 septembre des violences sexuelles, "un ou deux cas de sodomie" dans les foyers, en rejetant les allégations autour d'un système de violences de masse.
"Horreurs inimaginables" dénoncées par l'Unicef
Selon des expertises médicales, au moins 13 enfants ont subi des violences sexuelles, a déclaré Razarudin Husain. Mardi, il avait annoncé le gel de 96 comptes liés au GISB contenant environ 124.000 dollars (111.000 euros). Ce scandale alimente les inquiétudes concernant le sort des enfants placés dans des foyers d'accueil et la réglementation des organisations caritatives dans le pays. L'Unicef, agence de l'ONU chargée de défendre les droits des enfants, a condamné les "horreurs inimaginables" vécues par les jeunes victimes.
Ces enfants "auront besoin d'une aide médicale et psychologique sur le long terme", avait commenté jeudi Robert Gass, représentant en Malaisie de l'Unicef. La secte Al-Arqam a été dissoute en 1994 pour sa doctrine jugée déviante. La GISB était depuis dans le collimateur des autorités religieuses du pays à majorité musulmane. Celles de l'Etat de Selangor ont assuré qu'elles surveillaient de près les activités du GISB, disant rester "vigilantes sur tout fait conduisant à des écarts par rapport aux véritables enseignements islamiques".
En 2011, le groupe avait créé un "club des épouses obéissantes" et prêtes à satisfaire sexuellement leurs maris pour éviter qu'ils ne les trompent. D'après son site internet, la GISB est une holding islamique qui gère des entreprises allant du supermarché au restaurant dans plusieurs pays dont l'Indonésie, le Royaume-Uni et la France.