Enseignants, directeurs de centre d’examens, cadres : des dizaines de personnes ont été arrêtées cette semaine, en Algérie, soupçonnées d’avoir participé à une immense fraude aux examens. Une affaire qui fait scandale dans tout le pays et jusqu’au plus haut niveau de l’Etat.
Les sujets envoyés via Facebook
Fin mai, alors que 800.000 élèves s’apprêtaient à passer les épreuves du baccalauréat, certains d’entre eux – les élèves des filières scientifiques, mathématiques et gestion - ont reçu les sujets des épreuves dans des messages envoyés sur Facebook. Les épreuves ont aussitôt été annulées pour 300.000 élèves, soit la moitié des candidats au bac cette année en Algérie.
Dans la foulée, une enquête a été ouverte pour déterminer l’origine de la fuite des sujets. Selon les premiers éléments publiés dans la presse algérienne, des dizaines de personnes, soupçonnées d’être impliquées dans la fraude, ont été arrêtées. Parmi elles, des enseignants, des employés de l'Office national des examens et des concours et même des directeurs de centre d’examens, souligne le quotidien algérien El Watan, qui publie le sujet en Une. La police aurait également saisi plusieurs ordinateurs et CD.
Un complot politique
Certains dénoncent déjà un complot contre l’actuelle ministre de l’Education nationale, peu appréciée des conservateurs. Nouria Benghabrit a entrepris de réformer en profondeur le système éducatif algérien. Sa détermination lui a valu d’être surnommée "la dame de fer".
Les islamistes ont réclamé au président Abdelaziz Bouteflika de la limoger. Mais la ministre jouit du soutien du chef de l’Etat. Le directeur de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia, a même dénoncé un "complot" contre Nouria Benghabrit.
Finalement les épreuves annulées se dérouleront du 19 au 23 juin pour les 300.000 élèves concernés. Des épreuves qui auront donc lieu en plein ramadan.