Les dirigeants des grandes puissances mondiales ont fait samedi des concessions à Donald Trump sur les sujets très sensibles du commerce et du climat, dans l'espoir de le maintenir dans le giron du G20.
Des accords de Paris irréversibles sauf pour les États-Unis. La déclaration finale adoptée après deux jours de sommet sous haute tension à Hambourg (Allemagne) en permanence ponctué de manifestations souvent violentes, porte la marque des controverses entre le nouveau gouvernement américain et le reste du monde. Concernant le climat, le G20 a pris acte de la sortie des États-Unis de l'Accord de Paris de lutte contre le réchauffement climatique et de leur isolement sur la question : tous les autres pays considèrent dans le texte que cet accord international est "irréversible".
Un blanc-seing sur le gaz de schiste. Dans le même temps, les États-Unis de Donald Trump obtiennent le blanc-seing du G20 pour suivre une politique divergente. Le texte dit qu'ils vont aider d'autres pays dans le monde à "avoir accès et à utiliser des énergies fossiles". Une politique largement à contre-courant de l'objectif de l'ONU d'une économie moins gourmande en carbone, même s'il est précisé par le G20 que ces énergies fossiles seront utilisées de manière "plus propre". Concrètement, il s'agit surtout pour les États-Unis de vendre leur gaz de schiste.
Un compromis "optimal" pour Poutine. Ce point du compromis a fait l'objet d'âpres débats car plusieurs États redoutent "un effet de contagion", souligne un diplomate. Mais c'était le prix à payer pour maintenir le lien au sein du forum avec Washington. Le président russe Vladimir Poutine a parlé d'un compromis "optimal" sur le climat et son homologue français Emmanuel Macron a dit ne pas avoir perdu espoir de "convaincre" Donald Trump de changer un jour d'avis. Le chef de l'État français a annoncé convoquer un sommet sur le climat en décembre en France, deux ans après l'Accord de Paris.
Une condamnation du "protectionnisme". En matière commerciale, le président américain inquiète depuis des mois ses principaux partenaires par ses velléités protectionnistes, illustrées par son slogan permanent sur "l'Amérique d'abord". Au sommet du G20, les États-Unis ont finalement accepté de se rallier dans la déclaration finale à une condamnation du "protectionnisme". Mais en échange, le sommet des vingt plus grandes économies mondiales reconnaît pour la première fois le droit des pays victimes de pratiques de dumping de recourir à "des instruments légitimes de défense commerciale".
Macron plaide pour une "Europe qui protège". Les États-Unis ne sont pas les seuls à se féliciter de cette évolution. Emmanuel Macron en particulier livre bataille en plaidant pour une "Europe qui protège", notamment à l'égard de la Chine. "Cela reflète assez bien la position qu'on défend, lutte contre le protectionnisme et lutte contre le dumping, c'est une position qui nous va bien", résume une source proche de la présidence française. Thomas Bernes, du centre de recherche sur les relations internationales CIGI, dénonce un "recul" du G20. "Un signal clair contre le protectionnisme pour lutter contre la crise devient un signal mitigé", dit-il.