Alors que le Gabon plonge dans une violente crise politique, Antoine Glaser, journaliste, écrivain et spécialiste de l'Afrique a livré son analyse jeudi au micro d'Europe 1. Selon lui, c'est avant tout une "affaire psychologique, familiale et de rancœurs personnelles".
Des élections truquées ? "Je suis un petit Blanc des bords de Seine, mais quand vous pensez que Bongo remporte ces élections...", lance Antoine Glaser. Et le spécialiste de l'Afrique*, de développer : "Ali Bongo remporte les élections à 6.000 voix alors qu'il faut savoir qu'il y 620.000 électeurs inscrits. C'est un tout petit pays avec 1.8 million d'habitants. Dans son fief, Ali Bongo a remporté l'élection à 95% des voix [...] c'est une région qui sert toujours d'ajustement électoral".
"Ali Bongo ne pliera pas". "Ali Bongo ne pliera pas, il s'est bunkerisé, il n'a pas l'intention de quitter le pouvoir", affirme le journaliste qui décrit un homme isolé : "On n' a pas entendu l'Union africaine appeler au calme et Ali Bongo n'entretient pas de bonnes relations avec ses voisins le Congo et la Guinée Équatoriale".
"Jean Ping a la société civile de son côté". "Ali Bongo, qui a succédé à son père Omar, n'a jamais été dans les réseaux français, au contraire de Jean Ping". Décrit comme un ancien baron aujourd'hui soutenu par la jeunesse (40% de la population gabonaise a moins de 15 ans), Jean Ping est "aujourd'hui soutenu par la société civile qui aspire au changement", selon Antoine Glaser. Le journaliste estime qu'il existe "une rancœur" d'Ali Bongo vis à vis de Jean Ping. "Ali Bongo a toujours été marginalisé", explique Antoine Glaser avant de conclure : "Il a une revanche à prendre".
*auteur notamment de Africafrance : Quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du jeu (Fayard, 2014)