La Syrie entrevoit une lueur d’espoir après des années de chaos. Un cessez-le-feu entre les forces gouvernementales et les rebelles (hors groupes djihadistes) est entré en vigueur le week-end dernier, malgré plusieurs violations dès samedi et dimanche. L’accord a été négocié et conclu par les Etats-Unis et la Russie, un pays auquel s’est opposé la France sur le sort à réserver à Bachar al-Assad, le président syrien. "La diplomatie française a sous-estimé les soutiens à Bachar au sein du système international", a jugé Gilles Kepel, spécialiste de l'islam et du monde arabe, mardi soir au Club de la presse d'Europe 1.
"La diplomatie doit aussi être réaliste". La France a ainsi longtemps réclamé le départ du président syrien comme préalable à toute négociation pour rétablir la paix en Syrie, au contraire de la Russie. "J’avais discuté avec Monsieur Primakov (ancien Premier ministre russe et ministre des Affaires étrangères dans les années 1990, fin connaisseur du Proche-Orient, ndlr), à Moscou. Il m’avait dit que Bachar n’intéressait pas la Russie. Mais que s’il était éliminé, l’influence russe dans la région serait complètement fichue", a expliqué l’auteur du livre "Terreur dans l'Hexagone" (éd. Gallimard).
"La diplomatie doit aussi être réaliste, et comprendre la real-politik. Il y a eu une faute qui est due à la mauvaise information entre le monde politique et le monde de l’université, qui sait deux-trois mots d’arabe et connaît la région", a conclu, non sans ironie, Gilles Kepel.