Plus d'une dizaine de migrants et réfugiés, surtout des ressortissants afghans, ont été blessés dans la nuit de dimanche à lundi lors d'affrontements avec un groupe d'extrême droite sur l'île de Lesbos, a appris l'AFP de source policière. Les heurts ont commencé dimanche soir après que le groupe d'extrême droite "Mouvement patriotique" eut appelé à un rassemblement devant la place centrale Sappho de Mytilène, chef-lieu de l'île, où campaient depuis mardi dernier près de 200 Afghans avec leurs familles pour protester contre les conditions misérables de séjour sur l'île.
Malgré les efforts de la police pour contrôler la situation, des bouteilles d'eau et des fusées de détresse éclairantes ont été lancées par le groupe d'extrême droite et ont blessé légèrement plus d'une dizaine d'Afghans qui ont dû être transférés à l'hôpital, selon les premières informations de la police.
Gaz lacrymogènes. "Brûlez-les vifs", "Jetez-les à la mer", "Ils veulent islamiser le pays", scandaient les attaquants. Les affrontements ont duré toute la nuit et dégénéré en échauffourées entre extrême droite et anarchistes qui sont venus pour secourir les migrants. La police a jeté des gaz lacrymogènes à la fois pour disperser la foule et évacuer la place où étaient les migrants, qui ont été contraints de rentrer dans les centres d'accueil de l'île. Le maire de l'île de Lesbos, Spyros Galinos, dans une lettre adressée au Premier ministre Alexis Tsipras et aux dirigeants des partis d'opposition, a accusé la police d'avoir tardé à intervenir.
"Inertie" du gouvernement. Alors que le Premier ministre est prochainement attendu sur l'île pour un point de la situation, il a mis en cause "l'inertie et la gestion erronée" du gouvernement ayant, selon lui, "coincé dans des conditions misérables des milliers des gens dans une ville de 27.000 habitants". Devenu symbole de la crise migratoire de 2015, Lesbos - l'une des cinq îles d'entrée et d'enregistrement en mer Égée des personnes arrivant en Grèce depuis la Turquie - abrite actuellement 6.530 migrants et réfugiés dans des camps d'une capacité de 3.000 personnes. Les conditions misérables et la longue durée d'examen des demandes d'asile ont été décriées à plusieurs reprises par des ONG de défense des droits de l'Homme qui réclament le transfert des migrants en Grèce continentale.