Les camps installés en Grèce pour centraliser l'afflux de réfugiés et de migrants commencent à déborder depuis que la Turquie a été le théâtre d'un putsch raté. Jeudi, le nombre de personnes installées dans ces camps s'élevait à environ 10.200 personnes pour une capacité de 7.450 places contre 8.500 avant le 15 juillet, date de la tentative de coup d'Etat dans la Turquie voisine, selon ces chiffres. Le 1er août ce nombre avait déjà enregistré une hausse de 11%.
La moyenne du nombre d'arrivées sur les îles a enregistré une légère hausse passant "de 85 personnes depuis le 15 juillet à 100 depuis le 1er août", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale. Elle a souligné qu'"il n'y avait pas de panique" dans la mesure où ce nombre reste bien inférieur à celui des migrants qui affluaient quotidiennement par milliers l'année dernière sur les îles. "Pour parer à cette hausse, nous étudions le renforcement de la capacité des camps sur les îles", a ajouté cette source.
La Turquie a rappelé ses hommes. Des experts européens craignent que l'état d'urgence décrété en Turquie et la purge récente effectuée dans l'armée, la fonction publique ou les médias puisse avoir des répercussions négatives sur l'accord UE-Turquie. Trois jours après le putsch manqué, les sept observateurs turcs qui avaient été envoyées sur les cinq îles grecques dans le cadre de l'application de l'accord UE-Turquie, ont été rappelés et ils n'ont pas été encore remplacés.
En vertu de l'accord UE-Turquie, les migrants arrivés sur les îles grecques après le 20 mars, date de sa mise en vigueur, sont placés en rétention et sont censés être renvoyés en Turquie sous condition. Jusqu'ici seules 468 personnes ont été renvoyés en Turquie, signe de la situation dégradée en Turquie, selon la source gouvernementale. La majorité des réfugiés demandent l'asile en Grèce, une procédure très longue, qui contraint les demandeurs de rester sur les îles jusqu'à ce qu'elle soit examinée par les autorités.
Le ton monte sur les îles concernées. Des associations et entreprises locales de Chios et Samos, deux des cinq îles grecques où sont installés les hotspots, ont recouru jeudi au Conseil d'Etat, haute juridiction administrative, dénonçant comme "anticonstitutionnelle" la loi sur la création des hotspots, qui ont porté un coup sérieux sur le tourisme. Elles dénoncent également "les conditions déplorables" dans ces centres.