Le troisième plan d'aide à Athènes négocié durant le week-end n'est pas totalement entériné : huit Parlements de la zone euro doivent encore donner leur aval. Dans certains pays, le feu vert semble acquis mais dans d'autres, le débat s'annonce houleux. Tour d'horizon des étapes attendues dans chaque pays.
En Allemagne, le Bundestag votera deux fois. Déjà en congé parlementaire estival, les députés de la chambre basse du Parlement allemand, le Bundestag, vont être rappelés à Berlin, d'abord pour donner au gouvernement le mandat de négocier les modalités et le volume exacts d'une nouvelle aide. Formellement, c'est seulement après ce vote, vendredi matin, que Berlin pourra entrer dans le vif des discussions. Ensuite, le Bundestag devra revoter pour avaliser l'accord, dont les grandes lignes ont été dévoilées lundi matin. Mais pour l'heure, aucune date n'a été fixée pour cette seconde consultation.
Arithmétiquement, l'issue des deux scrutins ne fait aucun doute, la "grande coalition" conservateurs/sociaux-démocrates que dirige la chancelière Angela Merkel disposant de 504 des 631 sièges. Politiquement, les choses sont plus compliquées pour la chancelière allemande. Au sein de son parti conservateur, le camp des mécontents a nettement enflé. Si les refus avoisinaient la moitié des 311 élus du groupe parlementaire CDU/CSU, ce serait un désaveu politique. Jusqu'à présent, ses conservateurs ont tempêté mais ont fini par la suivre. L'opposition en a fait autant, pour ce qui concerne les aides à la Grèce.
En Finlande, débats en vue. Le Premier ministre Juha Sipilä doit présenter l'accord négocié à ses partenaires de coalition, notamment le parti eurosceptique des Vrais Finlandais, qui a plaidé pour un Grexit. Le gouvernement doit ensuite présenter sa position à une "grande commission" de 25 députés, sur les 200 que compte le Parlement finlandais, qui a déjà voté samedi un mandat de négociation et ne revotera qu'en cas de désaccord sur l'accord présenté. La date de cette réunion n'a pas encore été fixée.
En Grèce, un "oui" après le "non" ? Le Parlement grec doit voter d'ici mercredi le projet d'accord adopté lundi à Bruxelles. Il doit également, à la demande des autres Européens, commencer à transposer législativement les principales réformes promises. Les importantes concessions faites par Alexis Tsipras aux créanciers font grincer des dents au sein de sa coalition de gauche radicale Syriza. Les voix d'au moins une partie de l'opposition devraient tout de même lui permettre d'arracher un "oui" à la Vouli.
En France, l'abstention en guise d'opposition ? François Hollande a indiqué que le vote de l'Assemblée nationale aurait lieu le mercredi. Les mécontents devraient s'abstenir plutôt que voter "non", permettant une approbation sans problème.
L'Autriche et l'Estonie a priori favorables. Un vote du Parlement autrichien est nécessaire et doit avoir lieu jeudi ou vendredi. L'aval des députés ne fait pas de doute, d'autant moins que les Verts, dans l'opposition, devraient dire "oui" à un nouvelle aide. Le Parlement estonien doit, lui, se réunir jeudi. L'issue positive du vote est assurée, la coalition au pouvoir disposant d'une solide majorité.
Rien n'est acquis en Lettonie. "Ce sera très difficile pour moi de convaincre le Parlement", avait reconnu dès vendredi dans une interview à la radio la Premier ministre Laimdota Straujuma. La date du vote n'est pas encore connue.
En Slovaquie, une commission parlementaire sollicitée. Le parlement n'a pas d'obligation légale de voter et il ne sera pas sollicité dans son ensemble. Mais le gouvernement de Robert Fico, réticent jusqu'ici à aider à nouveau la Grèce, demandera un feu vert à la Commission parlementaire aux Affaires européennes, a indiqué le chef de cette commission, Lubos Blaho. Aucune date n'a encore été communiquée.
Et ailleurs en Europe, pourquoi aucun vote n'est-il nécessaire ? En Belgique, au Luxembourg, à Chypre, en Lituanie, en Italie, en Espagne et au Portugal, le Parlement n'a pas besoin d'être impliqué. Il ne le sera pas non plus à Malte ni en Slovénie car l'engagement financier en faveur de la Grèce n'augmente pas, puisque le nouveau programme doit être encadré par le Mécanisme européen de stabilité (MES), pour lequel les membres de la zone euro ont déjà débloqué du capital en 2012. Aux Pays-Bas, le ministre des Finances et président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, informera le Parlement mercredi, mais aucun vote n'est nécessaire. De même en Irlande, où le gouvernement a l'intention d'engager un débat parlementaire seulement une fois que l'accord final sur un nouveau programme d'aide aura été conclu. Cela pourrait n'avoir lieu qu'en septembre après la pause estivale du Parlement irlandais qui débute à la fin de la semaine.