En tuant des milliers de trafiquants et de toxicomanes présumés ou en payant des tiers pour commettre ces meurtres, la police philippine s'est peut-être rendue coupable de crimes contre l'humanité dans le cadre de la guerre antidrogue du président Rodrigo Duterte, déclare Amnesty International.
Actes criminels à grande échelle. Dans ce rapport publié mercredi après une enquête approfondie, l'ONG accuse les policiers philippins de perpétrer d'autres actes criminels à grande échelle, parallèlement à ces meurtres extrajudiciaires qui visent surtout des pauvres. "Sur ordre venant du sommet, des policiers et des tueurs inconnus ciblent toute personne soupçonnée de loin ou de près de vendre ou de consommer de la drogue", a déclaré Rawya Rageh, conseillère pour l'organisation de défense des droits de l'Homme. "Notre enquête montre que cette vague de meurtres extrajudiciaires a été généralisée, délibérée et systématique, ce qui correspond peut-être à des crimes contre l'humanité".
Certaines victimes âgées de 8 ans. Amnesty égrène une litanie de crimes qu'auraient commis des policiers, comme le fait d'abattre des personnes sans défense, de monter des preuves de toutes pièces, de payer des tueurs pour abattre des toxicomanes ou de voler les victimes. L'ONG ajoute que les policiers sont payés pour tuer par leur hiérarchie, et a identifié des victimes très jeunes, certaines âgées de huit ans. "Les policiers se comportent comme les criminels des bas-fonds auxquels ils sont censés faire respecter la loi".
4.000 personnes mortes dans des circonstances inexpliquées. Rodrigo Duterte a remporté la présidentielle de 2016 sur la promesse d'éradiquer le trafic de drogue dans l'archipel en faisant abattre des dizaines de milliers de personnes. Il avait parlé de 100.000 victimes et dit que les poissons de la baie de Manille mangeraient leurs cadavres. Depuis sa prise de fonction fin juin, la police a annoncé avoir abattu 2.551 personnes tandis que près de 4.000 autres sont mortes dans des circonstances inexpliquées, selon les chiffres officiels.