Les pourparlers entamées lundi à Astana, la capitale du Kazakhstan, entre le régime de Bachar al-Assad et les rebelles syriens doivent conduire à un règlement de la situation en Syrie, touchée par la guerre civile depuis bientôt six ans. En seulement deux jours, les deux délégations, entourées d'émissaires de Moscou, Ankara et Téhéran, vont notamment négocier sur le renforcement du cessez-le-feu. Europe1.fr fait le point sur cette réunion en trois questions.
- Qui est assis à la table des négociations ?
Pour la première fois depuis le début de la guerre en Syrie, plusieurs chefs rebelles et des émissaires du régime de Bachar al-Assad négocient ensemble. Les quatorze groupes rebelles présents représentent plusieurs milliers de combattants sur le sol syrien, et contrôlent des pans de territoires. Pour autant, les rebelles ont décidé de ne pas s’adresser directement aux représentants du régime, bien qu'ils soient assis autour de la même table, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, faisant office de médiateur. Du côté du régime présidentiel, Bachar al-Assad n’est pas présent. Il est représenté par dix émissaires.
Les rebelles participant finalement aux #astanatalks (de gré ou de force) (Ahrar n'y est pas) pic.twitter.com/EQbk2Oz4a9
— émilie ح (@milietweet) 23 janvier 2017
Les Occidentaux ont une présence a minima à ces discussions : États-Unis, France, Grande-Bretagne et Union européenne ont dépêché leurs ambassadeurs ou représentants. Mais ces pourparlers de paix se font surtout sous le patronage de la Russie et de l’Iran, qui appuient le régime syrien, et la Turque, qui soutient des groupes rebelles. Les opposants politiques syriens, quant à eux, restent cette fois cantonnés à un rôle de conseillers. Et pour cause : les négociations entamées à Astana lundi portent uniquement sur le volet militaire de la paix, et non sur une éventuelle solution politique.
- De quels sujets négocient les parties ?
Les pourparlers d’Astana se concentrent en priorité sur le gel des opérations militaires et le renforcement du cessez-le-feu, entré en vigueur le 30 décembre. "Nous ne sommes pas ici pour parler d'une transition politique (...), nous sommes ici pour discuter d'une opération militaire et celle-ci implique la cessation des violences et l'instauration d'un cessez-le-feu", a souligné Issam al-Rayyes, membre de la délégation rebelle. Le renforcement du cessez-le-feu passe par l’instauration de "mécanismes de surveillance et de responsabilité", a indiqué pour sa part l’envoyé spécial des Nations unies.
Autre point à l’ordre du jour des négociations : faciliter l’accès de l’aide humanitaire à la population civile dans les villes qui restent assiégées par le régime de Bachar al-Assad. En janvier, un seul convoi de l’ONU a pu traverser les lignes gouvernementales, rappelle Le Monde. Enfin, le troisième volet des négociations abordés lundi à Astana porte sur la libération de prisonniers politiques. "Une liste précise de 30.00 noms, avec les lieux, a été présentée", assure un journaliste syrien proche des rebelles, cité par Le Monde. Toutefois, en dehors de négociations militaires, l'objectif pour le régime syrien est aussi de faire avancer une solution politique "globale".
- Un terrain d'entente est-il possible ?
Bachar al-Assad considère toujours les rebelles comme des "terroristes" mais se dit prêt à négocier avec ceux qui déposeront les armes. Le président syrien a ainsi appelé jeudi les rebelles à livrer leurs armes en échange d'une amnistie, à l'image des accords de "réconciliation" qui se traduisent par l'évacuation des combattants en échange de la fin des bombardements et des sièges des villes par les forces gouvernementales. Bachar al-Assad est en effet en position de force à ces pourparlers, après sa victoire hautement symbolique à Alep, deuxième ville de Syrie totalement reprise aux rebelles avec l'aide de l'aviation russe et des milices iraniennes.
En comparaison, il y a près d'un an, à Genève, les précédentes discussions pour trouver une résolution au conflit syrien portaient entre autres sur la transition politique en Syrie, avant de conduire au blocage. Cette fois, à Astana, la question d’un départ du pouvoir de Bachar al-Assad ne se pose même plus. Les combattants des groupes rebelles fédérés sous la bannière de l'Armée syrienne libre, présente lors de ces pourparlers, rejettent les conditions proposées par Bachar al-Assad et assurent que leur objectif restent son départ de la présidence syrienne. Néanmoins, un accord pourrait être trouvé, notamment autour de l'engagement des groupes rebelles à lutter contre les djihadistes du groupe État islamique et de l'ex-Front al-Nosra.
Moh Allouche: les rebelles syriens veulent ds garanties sur cessez le feu. Pas de face à face avec gvt. #astanatalkspic.twitter.com/6mEXBYCtEA
— Mandraud Isabelle (@mandraud) 23 janvier 2017