Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 112e jour de l'invasion russe

Au 112e jour de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron estime nécessaires "de nouvelles discussions" avec l'Ukraine. © GENYA SAVILOV / AFP
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avec AFP , modifié à

Au 112e jour de la guerre en Ukraine, la Russie a appelé les Ukrainiens à cesser leur "résistance absurde" à Severodonetsk et a proposé un "couloir humanitaire" pour en évacuer mercredi les civils, sans réponse de Kiev qui a exhorté au contraire à "tenir le coup". Selon le chef de l'administration de Severodonetsk, "540 à 560 personnes" sont réfugiées dans les souterrains de la vaste usine chimique Azot.

Kiev a réaffirmé son refus de lâcher le Donbass aux forces russes , région "vitale" pour l'Ukraine selon les termes de son président et dont le contrôle est au cœur des combats dans la ville de Severodonetsk. "Il est vital de rester dans le Donbass", a déclaré Volodymyr Zelensky dans son adresse à la nation quotidienne diffusée sur Telegram, "la défense de la région est essentielle pour donner une indication sur celui qui dominera dans les semaines à venir". Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mardi soir ses compatriotes à "tenir le coup" dans le Donbass, région "vitale" à ses yeux et dont dépendra la suite de la guerre lancée par Moscou le 24 février contre son pays.

Les informations à retenir :

  • La Russie appelle les Ukrainiens à cesser leur "résistance absurde" dans le Donbass
  • Xi Jinping réaffirme son soutien à Vladimir Poutine
  • Severonetsk et Lyssytchansk sont l'enjeu d'une bataille acharnée
  • Volodymyr Zelensky a appelé les Occidentaux à accélérer leurs livraisons d'armes à l'Ukraine
  • Emmanuel Macron est arrivé mardi soir en Roumanie et a appelé à de "nouvelles discussions" avec l'Ukraine

Zelensky salue l'aide militaire américaine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit mercredi sa "gratitude" à l'égard des Américains pour la nouvelle tranche d'aide militaire que son homologue américain Joe Biden lui avait annoncé plus tôt dans la soirée au téléphone.

"Les États-Unis ont annoncé un nouveau renforcement de notre défense, une nouvelle tranche d'aide d'un milliard de dollars", a confirmé M. Zelensky dans son message vidéo vespéral. "Je veux dire ma gratitude pour ce soutien, il est particulièrement important pour notre défense dans le Donbass", la région, de l'est de l'Ukraine épicentre des attaques russes actuelles

Pékin réaffirme son soutien à la Russie

Un soutien mutuel : le président chinois Xi Jinping a réaffirmé mercredi sa proximité avec son "vieil ami" Vladimir Poutine malgré la guerre en Ukraine, au risque de crisper les relations entre Pékin et les Occidentaux. La Chine se refuse depuis l'intervention du 24 février à employer le mot "invasion" pour décrire l'opération militaire lancée par Moscou, et rejette la faute du conflit sur les Etats-Unis et l'Otan. Proche du Kremlin, avec qui il veut faire front commun contre les Etats-Unis, le pouvoir chinois s'est par ailleurs abstenu de condamner l'invasion russe. À plusieurs reprises, les puissances occidentales ont mis en garde Pékin contre tout soutien au régime du président russe Vladimir Poutine qui permettrait à Moscou d'atténuer l'impact des sanctions.

De son côté, le Kremlin a indiqué que les deux dirigeants étaient convenus d'"élargir la coopération dans les domaines énergétique, financier, industriel, des transports et autres, en tenant compte de la situation économique mondiale qui s'est compliquée en raison des sanctions illégitimes de l'Occident". Face à la résistance ukrainienne et à l'unité des démocraties occidentales, qui ont pris des sanctions sans précédent contre elle, la Russie ne peut compter que sur la puissance chinoise pour échapper à un isolement économique total. 

Kiev "attend une décision" de ses alliés occidentaux sur les armes

Le Groupe de contact pour l'Ukraine se réunissait mercredi à Bruxelles pour discuter d'une éventuelle accélération de ses livraisons d'armes, en marge d'une réunion ministérielle de l'Otan. "Bruxelles, nous attendons une décision", a indiqué à cet égard un conseiller de la présidence ukrainienne. "Le ratio Russie/Ukraine en artillerie est de l'ordre de 10 contre 1", a tweeté Mikhaïlo Podoliak.

Cela "demande du temps" car il faut former les militaires ukrainiens à leur utilisation, a répondu le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg. "La transition entre le matériel de l'époque soviétique et le matériel moderne de l'Otan impose que les Ukrainiens soient prêts à l'utiliser", a-t-il souligné évoquant "une transition difficile, exigeante". Le Royaume-Uni va livrer de façon "imminente" des systèmes de lance-roquettes multiples à l'Ukraine, a indiqué pour sa part le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace.

Severonetsk et Lyssytchansk sont l'enjeu d'une bataille acharnée

La Russie a appelé les Ukrainiens à cesser leur "résistance absurde" à Severodonetsk et a proposé un "couloir humanitaire" pour en évacuer mercredi les civils, sans réponse de Kiev qui a exhorté au contraire à "tenir le coup". "Un couloir humanitaire sera ouvert [...] le 15 juin" de 05H00 GMT à 17H00 GMT, a indiqué le ministère russe de la Défense, assurant qu'il garantirait "l'évacuation en toute sûreté de l'ensemble des civils, sans exception".

Severonetsk et Lyssytchansk, deux villes jumelles d'environ 100.000 habitants, sont l'enjeu depuis plusieurs jours d'une bataille acharnée. La chute de ces deux villes permettrait aux forces russes de cibler Sloviansk, dans la région de Donetsk, à quelque 70 km à l'ouest. Et au-delà, elle permettra à Moscou de prendre le contrôle de tout le Donbass, région minière essentiellement russophone en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014. 

Selon le chef de l'administration de Severodonetsk, Oleksandr Striouk, "540 à 560 personnes" sont réfugiées dans les souterrains de la vaste usine chimique Azot, emblématique de cette ville industrielle de l'est de l'Ukraine. Cette situation rappelle celle de l'aciérie Azovstal, qui fut des semaines durant la dernière poche de résistance ukrainienne du port de Marioupol, sur la mer d'Azov. Comme Severodonetsk, Lyssytchansk est désormais pratiquement déserte, avec des câbles électriques sectionnés, des magasins calcinés. "Les Russes bombardent le centre-ville sans arrêt", a indiqué à l'AFP un policier local. "C'est 24h/24, non-stop", ajoute son collègue.

Volodymyr Zelensky exhorte ses compatriotes à "tenir le coup"

Le ministère russe a appelé les Ukrainiens à hisser le drapeau blanc et à cesser une "résistance absurde". Mais loin d'accepter, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mardi soir ses compatriotes à "tenir le coup" dans le Donbass, région "vitale" à ses yeux et dont dépendra la suite de la guerre lancée par Moscou le 24 février contre son pays.

"Il est vital de rester dans le Donbass", a déclaré Volodymyr Zelensky dans son adresse à la nation quotidienne diffusée sur Telegram, "la défense de la région est essentielle pour donner une indication sur celui qui dominera dans les semaines à venir".

Emmanuel Macron juge nécessaires "de nouvelles discussions" avec l'Ukraine

Le président français Emmanuel Macron a jugé mercredi nécessaires "de nouvelles discussions" avec l'Ukraine, sans confirmer directement une visite à Kiev, évoquée par plusieurs médias. "Aux portes de notre Union européenne se joue une situation géopolitique inédite, donc oui, pour toutes ces raisons, le contexte politique et les décisions que l'Union européenne et plusieurs nations devront prendre, se justifient de nouvelles discussions en profondeur et de nouvelles avancées", a déclaré Emmanuel Macron sur une base de l'Otan en Roumanie .

"Je pense que nous sommes à un moment où nous avons besoin d'envoyer des signaux politiques clairs, nous, Union européenne, à l'égard de l'Ukraine et du peuple ukrainien dans un contexte où il résiste de manière héroïque depuis plusieurs mois", a souligné le chef d'État, aux côtés du président roumain Klaus Iohannis.

Emmanuel Macron est arrivé en Roumanie

Sur le plan diplomatique, le président français Emmanuel Macronest arrivé mardi soir en Roumanie , pour saluer les 500 soldats français qui y sont déployés sur une base de l'Otan. Le président français, qui assume la présidence tournante de l'Union européenne jusqu'au 30 juin, se rendra ensuite en Moldavie, avant une possible venue à Kiev jeudi.

Une telle visite en Ukraine - qui serait une première pour le président français depuis le début de l'invasion russe - pourrait se dérouler en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz et du Premier ministre italien Mario Draghi, selon des médias allemands et italiens. La présidence française n'a pas confirmé ces informations, assurant que "rien n'est acté" à ce stade.