Si plusieurs dirigeants de l'Union européenne ont félicité Donald Trump pour sa victoire lors de l’élection présidentielle, nombreux sont ceux à rester soucieux des conséquences que ce retour pourrait entraîner, notamment sur le volet commercial.
Dans la nuit de mardi à mercredi, Emmanuel Macron a été le premier grand chef d'État d’un pays occidental à féliciter Donald Trump pour sa victoire électorale, sur X, affirmant être "prêt à travailler" avec le futur pensionnaire de la Maison-Blanche, comme ils ont "su le faire durant quatre années", entre 2017 et 2020.
Quelques heures plus tard, lors d’un entretien téléphonique, ce dernier a rappelé au 47e président des États-Unis "l’importance du rôle de l’Europe" et sa "volonté d’œuvrer au retour de la paix et de la stabilité" face aux grandes crises internationales. Autant d’enjeux qui s’apprêtent à rythmer le deuxième mandat de l’ex-homme d’affaires, que plusieurs dirigeants européens ne cachent pas redouter.
Un soutien aux alliés incertain
Si la position américaine vis-à-vis de la guerre en Ukraine - les États-Unis sont le premier soutien militaire du pays dans son conflit l’opposant à la Russie, avec plus de 60 milliards de dollars d'aides - avait entraîné un resserrement des liens transatlantiques, l’élection de Donald Trump pourrait marquer une rupture de cette dynamique. Il y a quelques semaines, le Républicain avait ironisé sur le fait que Volodymyr Zelensky , président ukrainien, soit le "meilleur commercial du pays", repartant avec plusieurs dizaines de milliards de dollars à "chaque fois qu’il se rend aux États-Unis". Une position que beaucoup ont interprétée comme une menace de désengagement, corrélée à une solution de sortie de crise davantage favorable à la Russie.
"Sur le volet de la Défense, les Européens peuvent être soucieux, mais rien n’est fait. Ce que Donald Trump et J.D. Vance ont annoncé pendant leur campagne n’est, pour l’instant, pas quelque chose de concrètement mis en œuvre. Cela ne reste que du déclaratoire", tempère Maud Quessard, directrice de recherche à l’Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM).
Comptant notamment Viktor Orban , Premier ministre hongrois, parmi ses soutiens, Donald Trump, qui a régulièrement pointé une contribution trop coûteuse des États-Unis au sein de l’OTAN, pourrait imposer certaines de ses conditions aux Européens. Parmi elles, revoir leurs budgets à la hausse en matière de défense, s'ils souhaitent espérer la garantie d'une protection américaine en cas d’attaque de la Russie. Concernant le conflit israélo-palestinien, sa position est bien plus claire, en faveur d’Israël. Outre le fait d’avoir par exemple œuvré pour les Accords d’Abraham lors de son premier mandat, il entretient de bonnes relations interpersonnelles avec Benjamin Netanyahu , Premier ministre de l'État hébreu.
Hausse des droits de douane
"Sur le plan commercial, il y a une constante sur les deux derniers mandats Trump puis Biden : celle de la valorisation du protectionnisme américain, qui n’est pas un très bon signe pour les Européens", avance Maud Quessard. Parmi les mesures illustrant le nationalisme revendiqué par le milliardaire, la hausse des droits de douanes , qu’il entend porter à au moins 10% sur toutes les importations.
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"La mise en place de ces droits de douane auraient un impact sur les exportations de pays comme la France", ajoute Ludivine Gilli, directrice de l’Observatoire d’Amérique du Nord de la Fondation Jean-Jaurès. Au-delà de toucher certains secteurs clés, comme l’automobile, le mécanisme pourrait servir la stratégie de dissuasion de Donald Trump, en cas de désaccord commerciaux avec d’autres partenaires. Emmanuel Macron a déjà pu l’expérimenter, comme l’homme de 78 ans s’était amusé à le rappeler lors d’un meeting en janvier dernier, menaçant d’augmenter les droits de douane de 100% sur tous les vins et champagnes expédiés aux États-Unis .
On n'a plus à s’inquiéter des enjeux financiers et commerciaux, qui sont à la main de l’exécutif, que de la Défense, où d’autres acteurs comme le Congrès et le Pentagone entrent en ligne de compte", assure Maud Quessard. La directrice de recherche rappelle cependant que l’administration Trump ne sera pas "une surprise totale" pour les Européens, qui connaissent sa ligne politique et ont pu s’y préparer, bien que certains points, comme sa conviction climato-sceptique, continuent d’entretenir la crainte.