Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 224e jour de l'invasion russe

La Russie s'est approprié la centrale nucléaire de Zaporijjia.
La Russie s'est approprié la centrale nucléaire de Zaporijjia. © Dmytro Smolyenko / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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avec AFP , modifié à
Le président russe Vladimir Poutine a assuré mercredi que la situation militaire se "stabilisera" dans les territoires ukrainiens dont il revendique l'annexion mais où ses forces subissent une série de revers face à l'armée ukrainienne. Europe 1 fait le point sur la situation au 224e jour de l'invasion russe.
L'ESSENTIEL

La situation militaire se "stabilisera" dans les territoires ukrainiens dont la Russie revendique l'annexion, a assuré Vladimir Poutine mercredi, alors que ses forces subissent une série de revers face à l'armée ukrainienne au 224e jour de l'invasion russe. Quelques heures plus tôt, l'Ukraine avait annoncé regagner du terrain dans la région de Lougansk (est), après ses succès dans celles de Kherson (sud) et Kharkiv (nord-est).

"Nous partons du principe que la situation va se stabiliser et que nous pourrons développer ces zones de manière pacifique", a estimé Vladimir Poutine, qui a décrété le 21 septembre la mobilisation de centaines de milliers de réservistes pour tenter d'inverser la tendance.

Les informations à retenir :

- Poutine signe un décret permettant à la Russie de s'approprier la centrale de Zaporijjia

- L'Ukraine revendique des gains dans l'est et le sud

- Nouvel envoi américain d'équipements militaires

L'OCDE ouvre timidement la porte à une adhésion future de l'Ukraine

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a reconnu mercredi l'Ukraine comme "pays membre potentiel", la toute première étape vers un très long processus d'adhésion.

"Suite à la demande reçue du Premier ministre Denys Shmyhal d'entamer le processus d'adhésion de l'Ukraine à l'OCDE, le Conseil de l'OCDE a décidé de reconnaître l'Ukraine comme un pays membre potentiel", a affirmé mercredi le secrétaire général de l'Organisation internationale Mathias Cormann, cité dans un communiqué. Il s'agit d'un stade très préliminaire à une potentielle adhésion future, à l'occasion duquel un dialogue va s'engager entre Kiev et le club international rassemblant les pays développés.

La Russie s'approprie la centrale de Zaporijjia

Le président russe a signé un décret pour que la Russie s'approprie formellement la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia. De son côté, le chef de l'AIEA Rafael Grossi a annoncé son départ pour Kiev pour discuter du "besoin d'une zone de protection autour de la centrale plus urgent que jamais".

Alors même qu'elle recule sur le terrain, la Russie a proclamé l'annexion de quatre régions d'Ukraine (Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia) qu'elle contrôle partiellement à l'issue de "référendums" dénoncés par Kiev et ses alliés occidentaux. Signe d'un désarroi en Russie, les revers de l'armée ont conduit un haut responsable parlementaire a appelé celle-ci à "arrêter de mentir" sur ses défaites.

"Notre peuple n'est pas stupide. Et il voit qu'on ne veut pas lui dire ne serait-ce qu'une partie de la vérité. Cela peut entraîner une perte de crédibilité", a déclaré Andreï Kartapolov, à la tête du Comité de Défense de la Douma, la chambre basse du Parlement, et ancien commandant militaire.

L'Ukraine revendique de nouveaux gains dans l'est et le sud

Les troupes de Kiev poursuivent, elles, leur contre-offensive, revendiquant de nouveaux gains dans l'Est et le Sud. Mercredi, le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, jusqu'ici sous le contrôle quasi-total de Moscou, a proclamé une percée. "Maintenant c'est officiel. La dé-occupation de la région de Lougansk a commencé. Plusieurs localités ont déjà été libérées", a déclaré Sergiï Gaïdaï dans une vidéo postée sur Telegram, sans plus de précisions.

La veille, l'Ukraine avait déjà revendiqué des avancées dans le nord de la région méridionale de Kherson, tandis que la quasi-totalité de la région de Kharkiv (nord-est) apparaît désormais sous contrôle ukrainien, ouvrant la voie vers celle de Lougansk, bastion des séparatistes installées par Moscou depuis 2014.

Des frappes massives russes près de Lyman

L'armée russe a de son côté assuré mercredi avoir mené, ces dernières 24 heures, des "frappes massives" près de Lyman (région de Donetsk), ville reprise récemment par les forces ukrainiennes, et leur infliger de lourdes pertes. Dans la région de Kherson, les troupes de Moscou "tiennent leurs positions en repoussant les attaques de forces ennemies supérieures en nombre", a-t-elle ajouté. Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov a assuré que les territoires perdus "seront repris".

Vladimir Poutine avait lui juré de défendre les zones annexées, quitte à utiliser des armes nucléaires, menace qui n'a arrêté ni la contre-offensive ukrainienne, ni les livraisons d'armes occidentales. L'armée russe avait reconnu à demi-mot des retraites mardi, en publiant des cartes montrant que Moscou a cédé toute une partie du nord de la région de Kherson et que sa présence dans celle de Kharkiv était désormais minimale.

Zelensky salue des avancées "puissantes"

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait salué des avancées "puissantes" mardi, affirmant que des "dizaines de localités ont été libérées rien que cette semaine" dans les quatre régions dont Moscou revendique l'annexion. Dans l'est, la retraite de Kharkiv permet aux forces ukrainiennes de porter le combat plus à l'est en direction de la ville de Svatové.

Près de Lyman, nœud ferroviaire stratégique repris dans la région de Donetsk (est) le weekend passé, un parachutiste ukrainien croisé mardi par l'AFP a reconnu que lui et ses camarades étaient à la fois "épuisés" et déterminés. Oleksandre, 31 ans, a expliqué que les combats avaient été "très durs", mais qu'il leur fallait "aller de l'avant".

Dans Lyman, où des journalistes de l'AFP se sont rendus mercredi, Tatiana Slavouta, une habitante de 62 ans, dit ne pas savoir "si la situation est meilleure ou pire" depuis la reconquête ukrainienne. "Tous les magasins sont fermés, nous n'avons pas d'argent, nous n'avons pas de lumière. Rien", explique-t-elle, mais "au moins maintenant, il y a le silence, pas de bombardements".

Nouvel envoi américain d'équipements militaires

Sur le front diplomatique, le président américain Joe Biden a annoncé mardi un nouvel envoi américain d'équipements militaires, pour une valeur de 625 millions de dollars. De leur côté, les États de l'Union européenne se sont mis d'accord sur une nouvelle série de sanctions contre des entités et personnalités russes.

La Russie a elle réclamé de participer à l'enquête sur les fuites des gazoducs Nord Stream, la Suède, en charge des investigations, ayant bloqué l'accès à la zone de ce sabotage présumé située en mer Baltique. Moscou a sous-entendu que les Etats-Unis ont pu saboter ces tuyaux clés pour l'approvisionnement énergétique de l'Europe, quand les Occidentaux suspectent eux la Russie.

Sur plan sportif, l'Espagne et le Portugal ont annoncé avoir intégré l'Ukraine à leur candidature commune pour l'organisation du Mondial-2030 de foot, la fédération portugaise saluant la "ténacité et de résilience dont fait preuve le peuple ukrainien". Dans la soirée, Volodymyr Zelensky a salué un "symbole de victoire". Cette candidature "est plus qu'un symbole de la foi dans notre victoire commune", a-t-il écrit sur Twitter.

"L'Ukraine perdurera, prévaudra et sera reconstruite grâce à la solidarité de ses partenaires", a-t-il ajouté.

Un cosmonaute russe en route vers l'ISS

Une cosmonaute russe a décollé mercredi vers la Station spatiale internationale depuis les Etats-Unis, à bord d'une fusée de l'entreprise américaine SpaceX, une mission qui revêt un caractère particulièrement symbolique en pleine guerre en Ukraine. Anna Kikina, seule femme cosmonaute russe actuellement en service actif, fait partie de l'équipage Crew-5, également composé d'un Japonais et de deux Américains, dont Nicole Mann, qui devient la première Amérindienne à se rendre dans l'espace.

Le décollage a eu lieu mercredi midi depuis le centre spatial Kennedy, en Floride. Il s'agit de la cinquième mission régulière vers la Station spatiale (ISS) assurée par SpaceX pour le compte de la Nasa. Il y a deux semaines, un Américain avait décollé pour l'ISS à bord d'une fusée russe Soyouz.