Moscou a accusé dimanche, lors d'entretiens téléphoniques avec des pays de l'Otan, l'Ukraine de se préparer à utiliser une "bombe sale", des allégations rejetées par Kiev et Washington qui disent craindre un prétexte pour une escalade. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s'est entretenu dimanche au téléphone avec ses homologues américain, français, britannique et turc du conflit en Ukraine, a annoncé le ministère russe de la Défense.
Les informations à retenir :
- Moscou accuse Kiev de se préparer à utiliser une "bombe sale".
- L'Ukraine accuse la Russie de provoquer des retards pour 165 navires céréaliers
- Kiev annonce également avoir repoussé les Russes de quatre villages dans le nord-est du pays
- "Une paix est possible" quand les Ukrainiens "le décideront", dit Emmanuel Macron.
Au cours de ces échanges d'une intensité inédite en un seul jour pour M. Choïgou depuis le début de l'offensive russe en Ukraine le 24 février, il a fait part à la plupart de ses interlocuteurs de "ses préoccupations liées à d'éventuelles provocations de la part de l'Ukraine avec recours à une bombe sale", selon son ministère. "Les affabulations russes à propos de l'Ukraine qui se préparerait à utiliser une bombe sale sont aussi absurdes qu'elles sont dangereuses", a réagi dimanche en début de soirée le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba sur les réseaux sociaux.
"Si la Russie appelle et dit que l'Ukraine serait en train de préparer quelque chose, cela signifie une seule chose : la Russie a déjà préparé tout cela. Je crois que désormais le monde doit réagir aussi durement que possible", a pour sa part fustigé le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Si la Russie a préparé "une nouvelle étape dans l'escalade, elle doit voir maintenant, de façon préventive et avant une de ses nouvelles saletés, que le monde ne l'acceptera pas", a-t-il ajouté.
L'Ukraine annonce avoir repoussé les Russes de quatre villages dans le nord-est
L'armée ukrainienne a annoncé lundi avoir chassé les forces russes de quatre villages dans le nord-est du pays, où une contre-offensive lui avait déjà permis de reprendre des milliers de kilomètres carrés de territoire en septembre.
"Grâce à des opération réussies, nos troupes ont repoussé l'ennemi hors des localités de Karmazynivka, Myasojarivka et Nevské dans la région de Lougansk et de Novosadové dans la région de Donetsk", des localités situées à proximité les unes des autres, a indiqué sur Facebook l'état-major ukrainien.
Washington n'a "toujours aucune indication" que la Russie ait décidé d'user de l'arme nucléaire en Ukraine
Les États-Unis n'ont "toujours aucune indication" que la Russie ait décidé de faire usage d'armes nucléaires, chimiques ou biologiques, a déclaré lundi un haut responsable militaire américain, au moment où l'Ukraine et ses alliés craignent une escalade de Moscou.
"Nous n'avons toujours aucune indication que les Russes aient pris la décision de faire usage d'armes nucléaires", a déclaré ce haut responsable ayant requis l'anonymat. "Aucune information qui indique qu'ils aient pris la décision d'employer des armes nucléaires, biologiques, chimiques sur le champ de bataille", a-t-il ajouté.
L'Ukraine accuse la Russie de provoquer des retards pour 165 navires
'Ukraine a accusé lundi la Russie de retarder délibérément plus de 165 navires destinés au transport de céréales en prolongeant les inspections menées conformément à un accord conclu sur ces livraisons cruciales pour de nombreux pays d'Afrique et d'Asie. "Depuis le 14 octobre 2022, les inspecteurs russes assignés au Centre de coordination conjoint d'Istanbul prolongent significativement l'inspection des navires se dirigeant vers les ports ukrainiens pour recevoir des céréales ou qui ont déjà été chargés et qui sont en route pour leur destination finale", a déploré le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.
"En conséquence, plus de 165 navires sont bloqués dans une file d'attente près du détroit du Bosphore, et ce nombre continue d'augmenter chaque jour", a-t-il ajouté, dénonçant des retards "politiquement motivés". Selon le ministère ukrainien, les retards concernent trois millions de tonnes de céréales destinées à approvisionner 10 millions de personnes.
L'Iran ne restera pas "indifférent" si Moscou utilise ses drones en Ukraine
Le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a affirmé lundi que son pays ne resterait pas "indifférent" s'il était prouvé que la Russie utilise des drones de fabrication iranienne en Ukraine. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré lundi que la Russie avait commandé "environ 2.000 Shaheds iraniens", des drones kamikazes, pour appuyer son invasion de l'Ukraine.
"Dans la guerre en Ukraine (...) nous sommes contre armer aussi bien la Russie que l'Ukraine", a indiqué M. Amir-Abdollahian dans des déclarations vidéo publiées par les médias locaux. "Nous n'avons fourni à la Russie ni armes ni drones à utiliser dans la guerre contre l'Ukraine", a-t-il ajouté répétant de précédents démentis, tout en reconnaissant une coopération de défense entre Téhéran et Moscou.
Zelensky blâme la neutralité d'Israël face à "l'alliance" Moscou-Téhéran en Ukraine
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a critiqué lundi la neutralité observée par Israël depuis l'invasion de son pays par la Russie, qui a permis selon lui une "alliance" entre Moscou et Téhéran avec notamment la livraison de drones iraniens à l'armée russe. "Cette alliance n'aurait tout simplement pas existé si vos politiciens avaient pris une décision à l'époque. La décision que nous demandions", a déclaré M. Zelensky dans une intervention lors d'une conférence organisée par le quotidien israélien Haaretz, en référence au soutien d'Israël face à la Russie, que Kiev a demandé à plusieurs reprises.
Selon lui, ce rapprochement entre Moscou et Téhéran a été possible suite à "la décision (israélienne) de (ne pas déranger) le Kremlin" dès 2014 après l'annexion de la Crimée par la Russie, de façon selon lui à préserver les bonnes relations diplomatiques entre les deux pays. Son discours intervenait quelques jours avant des élections législatives à l'issue incertaine en Israël, prévues le 1er novembre.
Une paix est "possible", selon Macron
"Une paix est possible" en Ukraine quand les Ukrainiens "le décideront", a déclaré dimanche le président françaisEmmanuel Macron à l'ouverture d'un sommet pour la paix à Rome, organisé par la communauté catholique italienne Sant'Egidio. "A un moment, en fonction de l'évolution des choses et quand le peuple ukrainien et ses dirigeants l'auront décidé, dans les termes qu'ils auront décidé, la paix se bâtira avec l'autre, qui est l'ennemi d'aujourd'hui, autour d'une table", a estimé le président français lors d'un discours.
Tout en soutenant diplomatiquement et militairement l'Ukraine, le chef de l'Etat français assume depuis le début du conflit ukrainien de continuer à parler à son homologue russe Vladimir Poutine, à la différence d'autres dirigeants occidentaux et notamment du président américain Joe Biden. Il a encore plaidé, vendredi à Bruxelles, pour que Kiev et Moscou reviennent "autour de la table" lorsque ce sera "acceptable" pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Les Ukrainiens ont une nouvelle fois subi dimanche des coupures d'électricité, conséquence des frappes russes répétées visant les infrastructures du pays. L'opérateur national Ukrenergo a procédé à des coupures électriques à Kiev pour "stabiliser" la fourniture en électricité, selon le fournisseur privé d'électricité ukrainien DTEK. Plus d'un million de foyers ukrainiens ont été privés d'électricité à la suite d'attaques russes contre les infrastructures électriques, avait précisé samedi la présidence d'Ukraine.
Depuis une dizaine de jours, la Russie multiplie les frappes sur le réseau ukrainien, entraînant la destruction d'au moins un tiers de ses capacités, juste avant l'hiver. Les frappes de l'armée russe ont aussi ciblé et détruit dimanche dans le centre de l'Ukraine un dépôt avec 100.000 tonnes de carburant destiné à l'aviation ukrainienne, ainsi que plusieurs dépôts de munitions et un réservoir de pétrole avec du carburant diesel destiné aux véhicules militaires ukrainiens, a affirmé le ministère russe de la Défense.