Le président russe Vladimir Poutine a menacé vendredi l'Occident de "réduire la production" de pétrole russe "si nécessaire", quelques jours après l'introduction par l'UE, le G7 et l'Australie d'un plafonnement du prix de l'or noir russe à 60 dollars. "On réfléchira à une éventuelle réduction de la production si nécessaire", a déclaré M. Poutine lors d'une conférence de presse à Bichkek, en marge d'un sommet régional.
Le mécanisme voulu depuis plusieurs mois par l'Occident et mis en place en début de semaine par l'Occident est "une décision stupide", a-t-il jugé. "Le plafond proposé (à 60 dollars) correspond aux prix auxquels nous vendons aujourd'hui. En ce sens, cela ne nous affecte en rien", a-t-il relevé face aux journalistes.
Le cours du baril de pétrole russe (brut de l'Oural) évolue en effet autour de 65 dollars, soit à peine plus que le plafond européen, impliquant un impact limité à court terme. Pour les pays importateurs de pétrole russe, "suivre cette solution nocive +non-marchande+ serait stupide pour tout le monde", a encore jugé vendredi le président russe face à la presse.
Les infrastructures énergétiques "pratiquement détruites" à Kherson, assure l'opérateur du réseau
Les infrastructures énergétiques ukrainiennes autour de Kherson ont été "pratiquement détruites" lors du retrait des forces russes et la situation est "compliquée" à Odessa, ciblée par des frappes, a indiqué vendredi l'opérateur national Ukrenergo.
"Lundi, l'ennemi a encore frappé. Ce fut encore les installations d'Ukrenergo, les sous-stations de la ligne principale, en particulier dans le sud de l'Ukraine, et les centrales électriques qui ont été endommagées", a déploré son chef, Volodymyr Koudritskiï lors d'une conférence de presse.
Selon lui, "le travail réussi" de la défense antiaérienne ukrainienne a évité que plus de frappes russes ne touchent leurs cibles et endommagent encore plus le réseau énergétique national. "Plus d'un millier de missiles et de drones" ont été tirés par la Russie "depuis le 10 octobre", date des premières attaques russes d'ampleur sur les sites énergétiques ukrainiens, a-t-il précisé aux journalistes.
Selon lui, la situation la plus difficile, "c'est à Odessa (sud-ouest) et dans la région de Kherson où le réseau électrique a été pratiquement détruit".
Kiev accuse la Russie de détenir deux employés de la centrale nucléaire de Zaporijia
L'Ukraine a accusé vendredi la Russie de détenir deux employés de la centrale nucléaire de Zaporijjia (sud), occupée militairement par Moscou, après les avoir "violemment passés à tabac". Jeudi, "l'armée russe a fait irruption dans les locaux où se trouve le Département des programmes sociaux de la centrale et, en présence d'autres employés, a violemment frappé le chef du département, Oleksiï Troubenkov, et son adjoint, Iouriï Androsov", a déploré l'opérateur nucléaire Energoatom dans un communiqué.
Les informations à retenir :
- L'Ukraine a accusé vendredi la Russie de détenir deux employés de la centrale nucléaire de Zaporijjia.
- L'opposant Ilia Iachine condamné pour avoir dénoncé l'offensive en Ukraine.
"Après ce violent passage à tabac", les Russes "les ont fait sortir et les ont emmenés dans une direction inconnue", a dénoncé Energoatom. Le responsable de la sûreté nucléaire de la centrale, Konstantin Beiner, a également été "jeté au sous-sol", selon Energoatom, mais n'est pas détenu par les forces russes. L'opérateur nucléaire ukrainien Energoatom a accusé les soldats de Moscou, qui occupent le site depuis début mars, de "se déchaîner et se transformer en véritables policiers et geôliers", "intensifiant la répression" des employés.
Ce n'est pas la première fois que Kiev accuse Moscou de malmener le personnel ukrainien sur le site de la plus grande centrale nucléaire d'Europe. Fin septembre, son directeur général avait été arrêté par les forces russes, avant d'être libéré quelques jours plus tard.
Les deux pays s'accusent mutuellement de bombardements
Depuis plusieurs mois, l'Ukraine et la Russie s'accusent mutuellement de bombardements autour de la centrale de Zaporijjia, située non loin de la ligne de front, faisant craindre la survenue d'un accident d'ampleur. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Russie a positionné 500 soldats russes sur le site.
Les appels à démilitariser les lieux se sont multipliés par l'Agence internationale de l'énergie atomique et la communauté internationale (AIEA), sans succès jusqu'ici.
L'opposant Ilia Iachine condamné pour avoir dénoncé l'offensive en Ukraine
Un tribunal de Moscou a condamné vendredi à huit ans et demi de prison l'opposant Ilia Iachine pour avoir critiqué l'offensive militaire contre l'Ukraine, a constaté l'AFP, au terme d'un procès illustrant le climat de répression en Russie. M. Iachine, 39 ans, a accueilli le verdict en riant. Le charismatique opposant a été reconnu coupable d'avoir diffusé de "fausses informations" sur l'armée pour avoir dénoncé "le meurtre de civils" dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kiev, où la Russie est accusée d'exactions, ce qu'elle nie.
Ilia Iachine, âgé de 39 ans et arrêté en juin, était jugé pour avoir dénoncé lors d'une intervention en direct sur YouTube "le meurtre de civils" dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kiev, où l'armée russe a été accusée d'exactions, ce que nie Moscou. Son arrestation ne l'a pas empêché de continuer à critiquer les autorités de façon acerbe et à dénoncer l'intervention militaire en Ukraine.
Après le lancement de l'opération militaire en Ukraine, les autorités russes ont renforcé leur arsenal législatif pour museler les voix critiques. Plusieurs personnes ont déjà été condamnées à plusieurs années de prison après avoir été reconnues coupables d'avoir publié de "fausses informations" ou d'avoir "discrédité" l'armée.