La vice-présidente des États-Unis Kamala Harris a accusé pour la première fois la Russie d'avoir perpétré des "crimes contre l'humanité" depuis le début de son invasion de l'Ukraine il y a près d'un an. Intervenant à la Conférence de Munich sur la sécurité, Kamala Harris, une ancienne procureure, a fait une glaçante énumération des exactions attribuées à la Russie, citant les bombardements systématiques visant les civils et les infrastructures critiques, les tortures et les viols attribués aux soldats russes, les déportations d'Ukrainiens en Russie, y compris de milliers d'enfants séparés de leur famille.
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"Nous avons examiné les preuves, nous connaissons les normes juridiques et il n'y a pas de doute : ce sont des crimes contre l'humanité", a-t-elle déclaré lors d'un discours. "Et je dis à tous ceux qui ont perpétré ces crimes et à leurs supérieurs ou complices dans ces crimes : vous en rendrez compte", a-t-elle prévenu.
Les principales informations :
- Emmanuel Macron dit vouloir "la défaite" de la Russie, sans l'"écraser"
- Kamala Harris accuse la Russie d'avoir perpétré des crimes contre l'humanité
- Kiev appelle à la création d'un tribunal spécial pour juger les plus hauts responsables russes
- Le secrétaire général de l'Otan met en garde contre une défaite de l'Ukraine
- Prochaine conférence internationale sur la reconstruction de l'Ukraine en juin
Macron dit vouloir "la défaite" de la Russie, mais sans l'"écraser"
Emmanuel Macron a affirmé vouloir "la défaite" de Moscou face à l'Ukraine, tout en mettant en garde ceux qui veulent "avant tout écraser la Russie", ce qui ne sera "jamais" la "position de la France". "Je suis convaincu qu'à la fin, ça ne se conclura pas militairement", a-t-il dit dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, au Figaro et à France Inter, publié samedi soir. Il estime aussi que "toutes les options autres que Vladimir Poutine au sein du système actuel" lui "paraissent pires" que le président russe.
Pays-Bas : expulsion de diplomates russes, fermeture de la section commerciale à Amsterdam
Le ministère néerlandais des Affaires étrangères a annoncé samedi la fermeture de la section commerciale de l'ambassade de Russie à Amsterdam ainsi que l'expulsion de diplomates russes, accusant notamment Moscou de continuer de tenter d'envoyer des espions aux Pays-Bas. La Russie refuse également de délivrer des visas qui permettraient à des diplomates néerlandais de travailler à Moscou, a-t-on aouté de même source, précisant que le consulat général des Pays-Bas à Saint-Pétersbourg allait fermer faute de personnel.
Les États-Unis ont répertorié 30.600 cas de crimes de guerre
Depuis le début de l'invasion, les Etats-Unis ont documenté ou répertorié plus de 30.600 cas de crimes de guerre commis par les forces russes en Ukraine, précise le département d'Etat américain. "Il ne peut y avoir d'impunité pour ces crimes", a insisté le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communique séparé.
Kiev a appelé à la mise en place d'un tribunal spécial pour juger les plus hauts responsables russes mais sa forme exacte soulève des questions juridiques complexes. Au diapason de ses alliés, la vice-présidente américaine a aussi réaffirmé que les Etats-Unis - de loin le principal fournisseur en armes à Kiev - soutiendraient ce pays "aussi longtemps qu'il le faudra" et elle a redit la solidité du lien transatlantique et de l'Otan face à la Russie.
L'Otan met en garde contre une défaite de l'Ukraine
Plus tôt, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg avait mis en garde contre une défaite de l'Ukraine. "Le plus grand risque de tous est que Poutine gagne. Si Poutine gagne en Ukraine, le message pour lui et d'autres dirigeants autoritaires sera qu'ils peuvent utiliser la force pour obtenir ce qu'ils veulent", a-t-il averti. Le Kremlin mobilise "des centaines de milliers de troupes" et se procure "plus d'armes auprès de pays autoritaires tels que l'Iran et la Corée du Nord", a-t-il dit.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a lancé un appel à "redoubler d'effort" dans l'aide militaire à l'Ukraine, afin de "faire échouer les plans impérialistes de (Vladimir) Poutine". Près d'un an après le lancement, le 24 février 2022, de l'invasion russe, aucun signe d'apaisement n'est en vue. Les troupes russes se sont emparées de près d'un cinquième du territoire ukrainien, les combats ont fait des dizaines de milliers de victimes dans les deux camps, et l'Otan redoute une nouvelle offensive de grande envergure de Moscou prochainement.
Crainte d'une guerre longue
"Notre priorité est de garantir la force de l'Ukraine sur le terrain", a plaidé Kamala Harris. La veille, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz avaient dit craindre une guerre longue lors de la première journée de la Conférence. La présidente de la Commission a particulièrement insisté sur une accélération de la production d'armements standard, comme les munitions, dont Kiev "a désespérément besoin". "Il n'est pas possible qu'il faille attendre des mois, des années avant que nous soyons en mesure de nous réapprovisionner" pour livrer ce matériel à l'Ukraine, a-t-elle martelé.
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Les membres de l'UE étudient actuellement les moyens de procéder à des achats communs de munitions pour l'Ukraine, selon des sources diplomatiques à Bruxelles. L'armée américaine a annoncé vendredi un contrat de près d'un milliard de dollars pour augmenter la production de munitions d'artillerie de calibre 155 mm, utilisées en grande quantité par l'Ukraine.
Les alliés soutiennent l'Ukraine via des aides financières et militaires, y compris des chars lourds de fabrication occidentale même s'ils tardent à arriver sur le terrain, et via des sanctions économiques drastiques envers la Russie. À Munich, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a indiqué que la prochaine conférence internationale sur la reconstruction de l'Ukraine se déroulera en juin, à Londres. L'Ukraine réclame aussi à cor et à cri des avions de combat aux alliés qui restent réticents à ce stade.