L'Assemblée générale de l'ONU se réunit à partir de mercredi à l'occasion de l'anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Kiev et ses alliés espérant recueillir le soutien le plus large à une résolution appelant à une paix "juste et durable". Le projet de résolution sponsorisé par quelque 60 pays "souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine conformément aux principes de la Charte des Nations unies". Il doit être soumis au vote à l'issue des débats qui commenceront à 15 heures (20 heures GMT) et dureront au moins jusqu'à jeudi.
Les informations à retenir :
- L'Assemblée générale de l'ONU se réunit à partir de mercredi à l'occasion de l'anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
- La Chine veut prochainement présenter une proposition pour trouver une "solution politique" à la guerre.
- Joe Biden rencontre mercredi à Varsovie le groupe de neuf dirigeants des pays de l'Otan d'Europe centrale et de l'Est.
- Vladimir Poutine a marqué les esprits en annonçant la suspension du traité New Start sur le désarmement nucléaire.
- Les forces russes ont bombardé des immeubles à Kherson, causant la mort d'au moins cinq civils, selon les autorités.
Joe Biden estime que la suspension du traité New Start par Moscou est une "grave erreur"
Le président américain Joe Biden a qualifié mercredi à Varsovie de "grave erreur" la suspension par la Russie de sa participation au traité de désarmement nucléaire New Start.
Interrogé par un journaliste sur cette annonce de Moscou, il a brièvement répondu : "grave erreur". M. Biden s'exprimait avant de rencontrer dans la capitale polonaise les dirigeants de pays de l'Otan d'Europe centrale et de l'Est, en présence du secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg.
La Russie combat pour ses "terres historiques", proclame Poutine
La Russie combat actuellement en Ukraine pour ses "terres historiques", a proclamé mercredi le président russe Vladimir Poutine, pendant un grand concert patriotique au stade Loujniki à Moscou. "Aujourd'hui, la hiérarchie (militaire) m'a dit que des combats étaient en cours au sein de nos terres historiques pour notre peuple", a lancé le président russe, sur scène, devant des dizaines de milliers de ses compatriotes. Au cours de son apparition qui n'aura duré que quelques minutes, le chef de l'Etat a aussi rendu hommage aux militaires russes déployés en Ukraine qui "se battent avec héroïsme, courage et valeur : nous sommes fiers d'eux".
Il a affirmé que tous ceux qui soutenaient l'armée russe étaient "eux aussi des défenseurs de la patrie, d'une certaine façon". Il s'agit "des travailleurs médicaux, des employés du secteur de la défense, des transports (...) Vous tous, qui êtes venus aujourd'hui soutenir nos combattants". Le concert patriotique auquel M. Poutine a brièvement participé était organisé par les autorités en soutien à l'offensive en Ukraine. Par -15°C, le public y a agité des centaines de drapeaux russes, tandis que sur les scènes se succédaient des chants patriotiques et des discours de Russes combattant sur le front ukrainien.
Ce concert baptisé "Gloire aux défenseurs de la patrie" intervient à la veille de la journée du même nom et à l'avant-veille du premier anniversaire de l'offensive de la Russie contre son voisin. Des enfants du Donbass ukrainien, notamment de la ville martyre de Marioupol (sud-est), sont montés sur scène, se serrant contre un militaire russe qui s'exclamait face à la foule : "Nous gagnerons !". La Russie est accusée d'avoir kidnappé des milliers d'enfants ukrainiens des territoires qu'elle occupe, ce qu'elle dément : elle considère ces régions comme étant russes et dit avoir organisé des adoptions parfaitement légales.
Le groupe Wagner appelle les Russes à faire pression sur l'armée pour lui fournir des munitions
Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner a exhorté mercredi les Russes à faire pression sur l'armée pour fournir des munitions à ses hommes, un appel inédit qui illustre l'ampleur des tensions entre les mercenaires et l'état-major russe.
"Si chaque Russe à son niveau - pour ne pas appeler qui que ce soit à manifester - disait simplement 'Donnez des obus à Wagner', ce qui est déjà en cours sur les réseaux sociaux, alors ce serait déjà important", a déclaré l'homme d'affaires Evguéni Prigojine dans un enregistrement sonore diffusé par son service de presse.
Un message envoyé à la Russie
Comme de précédentes résolutions, le texte réaffirme l'"attachement" à "l'intégrité territoriale de l'Ukraine", "exige" le retrait immédiat des forces russes, et appelle à une "cessation des hostilités". Il ne fait pas référence en revanche au plan de paix en dix points présenté en novembre par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. L'Ukraine, qui l'avait envisagé un moment, y a renoncé pour tenter d'obtenir le plus de voix possibles, selon des sources diplomatiques. Au moins autant qu'en octobre où 143 pays avaient voté pour la résolution condamnant les annexions de plusieurs territoires ukrainiens par la Russie. "Nous sommes parvenus à un texte qui essaie vraiment de rassembler la communauté internationale, d'être aussi cohérent et positif que possible", a commenté un diplomate européen.
Un an après l'invasion de l'Ukraine, ce sera également un message disant à la Russie qu'"elle ne peut pas parvenir à ses objectifs par la force", a-t-il ajouté, espérant que si Moscou "se sent vraiment isolé, à un moment, la pression sera trop forte pour résister".
La Chine se dit très inquiète du conflit qui "devient hors de contrôle"
Soutenir la paix en Ukraine "ne veut pas dire choisir entre les Etats-Unis et la Russie", mais "défendre la Charte" de l'ONU, a répondu l'ambassadrice américaine à l'ONU Linda Thomas-Greenfield, alors que certains pays du Sud expriment une certaine lassitude vis-à-vis du fait que le Nord reste focalisé sur cette guerre.
Dans ce contexte, la Chine, "très inquiète" du conflit qui "devient hors de contrôle", a indiqué vouloir prochainement présenter une proposition pour trouver une "solution politique" à la guerre. La Chine, comme l'Inde notamment, s'est abstenue lors des votes à l'ONU sur l'Ukraine. Et si Kiev "n'est pas d'humeur à discuter pour l'instant", des pays comme la Chine, le Brésil ou l'Afrique du Sud "pourraient "commencer à dire que l'Ukraine est un obstacle à la paix", commente Richard Gowan, analyste à International Crisis Group. "C'est pour ça que les Etats-Unis et l'UE voulaient une référence à la cessation des hostilités dans le texte de cette semaine", indique-t-il à l'AFP.
Les trois résolutions liées à l'agression russe votée par l'Assemblée générale depuis un an ont recueilli entre 140 et 143 voix pour, avec cinq pays votant systématiquement contre (Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord et Erythrée) et moins de 40 s'abstenant. Une quatrième un peu différente en avril, qui a suspendu la Russie du Conseil des droits de l'Homme, avait été moins consensuelle, avec 93 voix pour, 24 contre et 58 abstentions.
Face à Poutine, Biden rassure à Varsovie les dirigeants d'Europe de l'Est
Le président américain Joe Biden rencontre mercredi à Varsovie le groupe de neuf dirigeants des pays de l'Otan d'Europe centrale et de l'Est, en présence du secrétaire général de l'Alliance atlantique, pour les assurer du soutien "indéfectible" de Washington face à Moscou au lendemain d'un discours belliqueux de Vladimir Poutine.
Joe Biden "rencontrera les dirigeants des Neuf de Bucarest (B9), un groupe d'alliés de l'Otan de notre flanc oriental, en présence du secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg afin de réaffirmer le soutien indéfectible des Etats-Unis envers la sécurité de l'Alliance", a déclaré dans un communiqué la Maison Blanche.
Cette démonstration de soutien, prévue au palais présidentiel de Varsovie, a pour but de rassurer ces neuf pays (la Bulgarie, la Tchéquie, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie) dont le point commun est d'être d'anciens membres de l'Union soviétique ou du Pacte de Varsovie et de se trouver sur le flanc oriental de l'Otan. Elle intervient au lendemain d'un virulent discours du président russe, qui a juré de poursuivre "méthodiquement" son offensive lancée il y a presque un an en Ukraine et a annoncé le retrait de la Russie du traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire, rappelant les pires heures de la Guerre froide.
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Le soutien des Etats-Unis à l'Ukraine "ne faiblira pas"
Les Occidentaux veulent "en finir avec nous une bonne fois pour toutes", a tonné M. Poutine, accusant Washington et ses alliés européens de porter "la responsabilité de l'attisement du conflit ukrainien et de ses victimes". M. Biden lui a répondu, dans une adresse le même jour à Varsovie, que "l'Occident ne complote pas pour attaquer la Russie comme Poutine l'a dit". "Les millions de citoyens russes qui veulent seulement vivre en paix avec leurs voisins ne sont pas l'ennemi", a-t-il ajouté.
Mais il a prévenu, au lendemain d'une visite surprise à Kiev lundi à l'occasion de laquelle il a encore promis des armes aux Ukrainiens, que le soutien des Etats-Unis à l'Ukraine "ne faiblira pas". "L'Ukraine ne sera jamais une victoire pour la Russie, jamais" et "reste libre", a martelé le président américain, parlant de "la volonté de fer de l'Amérique".
Vladimir Poutine "pensait que les autocrates comme lui étaient durs et que les dirigeants de la démocratie étaient mous, puis il s'est heurté à la volonté de fer de l'Amérique et des nations du monde entier qui refusent d'accepter un monde gouverné par la peur", a-t-il déclaré. "L'Otan ne sera pas divisée et nous ne lâcherons pas", a assuré M. Biden, qui doit rentrer mercredi soir à Washington. Le même jour, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a annoncé que les pays membres de l'UE allaient puiser dans leurs stocks pour accélérer les fournitures d'armes et de munitions à l'Ukraine.
Le discours de Vladimir Poutine à la nation a marqué les esprits
Vladimir Poutine a marqué les esprits en annonçant la suspension du traité New Start sur le désarmement nucléaire, se disant en outre prêt à renouer avec les essais nucléaires. Une annonce peu après atténuée par son ministère des Affaires étrangères assurant dans un communiqué que "la Russie entend conserver une approche responsable et continuera, pendant la durée de vie du traité, à respecter strictement les limites quantitatives des armes stratégiques offensives".
Signé en 2010, ce traité est le dernier accord bilatéral du genre liant Russes et Américains et vise à limiter leurs arsenaux nucléaires. Moscou avait déjà annoncé début août suspendre les inspections prévues sur ses sites militaires. M. Poutine a aussi appelé les forces russes à se tenir "prêtes à réaliser des essais d'armes nucléaires", au cas où les Etats-Unis seraient les premiers à en faire.
Un monde sans contrôle des armements nucléaires est "bien plus dangereux", a souligné Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Pendant le discours de M. Poutine, les forces russes ont bombardé des immeubles à Kherson, dans le sud de l'Ukraine, causant la mort d'au moins cinq civils, selon les autorités ukrainiennes.