L'armée ukrainienne a fait état mardi d'une situation "extrêmement tendue" autour de Bakhmout, à l'épicentre des combats dans l'est de l'Ukraine où les troupes russes tentent encercler cette cité. En Russie, l'armée a de son côté rapporté avoir abattu plusieurs drones ukrainiens qui visaient des infrastructures civiles, sans faire de dégâts. Pour la première fois, l'un d'entre eux s'est écrasé dans la région de la capitale, Moscou.
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a lui affirmé que les pays membres de l'Alliance étaient "d'accord" pour que l'Ukraine en devienne membre, comme elle le réclame, mais que cet objectif serait atteint "à long terme".
Les principales informations :
- Situation extrêmement tendue à Bakhmout, estime Zelensky
- Plusieurs drone ukrainiens abattus près de Moscou, selon la Russie
- L'entrée de l'Ukraine dans l'Otan se ferait à long terme", dit Stoltenberg
Bakhmout, symbole de la lutte dans le Donbass
Malgré une importance stratégique contestée par les experts, Bakhmout est devenue un symbole de la lutte pour le contrôle de la région industrielle du Donbass. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s'était rendu sur place en décembre, avait juré de défendre cette ville-forteresse "aussi longtemps que possible". "La situation aux alentours de Bakhmout est extrêmement tendue", a constaté mardi le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, cité par le centre de presse officiel de l'armée. Selon lui, le groupe paramilitaire russe Wagner, en première ligne dans cette bataille, tente de "percer la défense de nos troupes et d'encercler la ville".
Le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, a revendiqué tour à tour ces dernières semaines la prise de localités autour de Bakhmout. Soledar est tombée en janvier, puis Krasna Gora en février, et samedi Iaguidné, situé aux portes de la ville. Conséquence de cette lente poussée russe, trois des quatre routes permettant aux Ukrainiens d'approvisionner Bakhmout ont été coupées, ne laissant plus comme voie de sortie que celle menant à l'ouest vers Tchassiv Iar, au sud de laquelle les Russes essaient également de progresser.
Les militaires ukrainiens sur place disent garder le moral
Bakhmout, qui comptait 70.000 habitants avant la guerre, a été en grande partie détruite par les combats qui ont provoqué de lourdes pertes dans les deux camps. Quelque 5.000 civils, dont environ 140 enfants, y demeurent malgré le danger, selon les autorités. Volodymyr Zelensky avait reconnu lundi soir que la situation aux alentours de Bakhmout devenait "de plus en plus compliquée" pour les soldats ukrainiens, qui ont décrit des scènes rappelant celles de la Première Guerre mondiale.
Les militaires ukrainiens interrogés par l'AFP à Bakhmout lundi ont affirmé garder le moral. "Nous ne pouvons pas connaître toute la situation opérationnelle mais nous sommes ici, nous ne nous sommes pas enfuis", a déclaré un soldat de 44 ans dont le nom de guerre est "Kaï". "Non seulement Bakhmout mais la Crimée et tout le reste : nous allons tout récupérer", a renchéri "Died", 45 ans, en tirant sur une cigarette.
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"Fox", 40 ans, est plus pessimiste : "Je comprends contre quel pays nous nous battons (...) Ils ont des gens intelligents là-bas, des gens qui savent comment se battre. Ils pensent, ils apprennent, de la même façon que nous". "Je pense que Bakhmout va probablement tomber", a-t-il lâché, évoquant un manque de munitions et d'effectifs côté ukrainien.
La Russie a abattu des drones ukrainiens près de Moscou
La Russie a de son côté affirmé mardi qu'un drone ukrainien s'était écrasé mardi à une centaine de kilomètres de Moscou, non loin d'une station de compression de gaz. Trois autres ont été abattus ailleurs dans le pays, sans faire de dégâts. Plusieurs incidents ayant impliqué des drones se sont produits ces derniers mois sur le territoire russe, parfois très loin du front en Ukraine, mais c'est la première fois qu'un drone est signalé près de la capitale. Ces affrontements se déroulent après que la guerre en Ukraine est entrée la semaine dernière dans sa deuxième année.
Le président de Biélorussie se rend en Chine
Sur le front diplomatique, le président bélarusse Alexandre Loukachenko, allié de Moscou qui s'est refusé jusqu'à présent à un engagement direct dans le conflit autrement qu'en laissant les forces russes opérer depuis son territoire, est arrivé mardi à Pékin. La Chine, partenaire de Moscou sur la scène internationale, a proposé la semaine dernière un document en 12 points dans lequel elle exhorte Russes et Ukrainiens au dialogue, mais aussi insiste sur le respect de l'intégrité territoriale et s'oppose à tout recours à l'arme nucléaire.
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Si les Occidentaux ont globalement accueilli cette intervention diplomatique chinoise avec scepticisme - le président français Emmanuel Macron a lui annoncé ce weekend se rendre à Pékin en avril - le président Zelensky s'est dit prêt à "travailler" avec Pékin et a annoncé son intention de rencontrer lui aussi son homologue Xi Jinping.