Le Kremlin a dénoncé jeudi une "attaque terroriste" après que les autorités russes ont affirmé combattre un groupe de "saboteurs" ukrainiens infiltrés dans la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine, une affirmation démentie par Kiev. "Nous parlons d'une attaque terroriste. Des mesures sont prises pour détruire les terroristes", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
De son côté, la présidence ukrainienne a qualifié ces informations de "provocation délibérée" de Moscou. "L'histoire sur le groupe de sabotage ukrainien en Russie est une provocation délibérée classique. La Russie veut effrayer sa population pour justifier" son offensive contre l'Ukraine, a déclaré sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne.
The story about sabotage group in RF is a classic deliberate provocation. RF wants to scare its people to justify the attack on another country & the growing poverty after the year of war. The partisan movement in RF is getting stronger & more aggressive. Fear your partisans...
— Михайло Подоляк (@Podolyak_M) March 2, 2023
"Le mouvement partisan en Russie se renforce et devient plus agressif. Craignez vos partisans...", a assuré Mykhaïlo Podoliak. Le terme de "partisans" évoque des militants opérant selon des méthodes de guérilla. Selon le porte-parole du Kremlin, le président russe Vladimir Poutine a annulé un déplacement prévu dans le Caucase russe et reçoit "constamment des rapports" sur l'évolution de la situation.
Les informations à retenir :
- Au moins trois personnes ont été tuées et six autres blessées lors d'une frappe nocturne sur un immeuble d'habitation à Zaporijjia.
- Antony Blinken demande à la Russie de prolonger l'accord céréalier.
- Moscou et Pékin dénoncent "le chantage et les menaces" des pays occidentaux.
Pour Washington, une livraison d'armes chinoises à la Russie "reste sur la table"
Les Etats-Unis n'ont "pas d'indication que (la Chine) ait pris la décision" de fournir des armes à la Russie, mais cette éventualité "reste sur la table", a dit jeudi un porte-parole de la Maison Blanche.
"Nous pensons que cette décision ne serait pas dans l'intérêt de la Chine et de sa réputation internationale, à laquelle elle attache beaucoup de prix", a dit John Kirby, porte-parole de l'exécutif américain pour les questions de sécurité nationale, lors d'un point presse à la Maison Blanche. "Nous avons fait part aux Chinois de notre préoccupation", a-t-il ajouté. Les Etats-Unis sont engagés dans une vaste offensive diplomatique, mettant en garde la Chine contre tout soutien militaire létal à la Russie, ce qui, selon des experts, changerait la donne dans ce conflit entré dans sa deuxième année et sans règlement en vue.
L'Ukraine ordonne aux personnes vulnérables d'évacuer la ville de Koupiansk, sur le front nord-est
L'Ukraine a ordonné jeudi aux personnes vulnérables d'évacuer la ville de Koupiansk, sur le front nord-est, qui risque d'être prise par les forces russes, a annoncé l'administration militaire. "L'évacuation obligatoire des familles avec enfants et des résidents dont la mobilité est réduite a commencé dans la communauté de Koupiansk en raison du bombardement permanent du territoire par les forces russes", a déclaré l'administration militaire de la région de Kharkiv.
Le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov, a affirmé que plusieurs localités, dont Koupiansk, avaient été bombardées au lance-roquettes multiple par les forces russes.
Poutine qualifie de "terroriste" une "infiltration" ukrainienne en Russie
Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé jeudi une attaque "terroriste" après que Moscou a fait état d'une incursion de "saboteurs" ukrainiens dans une région du sud-ouest de la Russie frontalière de l'Ukraine, ce que Kiev a démenti. Selon les autorités russes, deux civils ont été tués et un enfant de 11 ans blessé après que des "saboteurs" ont ouvert le feu sur une voiture dans le village de Lioubetchané dans la région de Briansk, situé juste à la frontière avec l'Ukraine.
Les agences de presse russes, citant des témoins et responsables anonymes, ont en outre rapporté que les assaillants présumés pourraient avoir pris des otages. L'AFP n'était pas en mesure de vérifier ces affirmations dans l'immédiat. La présidence ukrainienne a démenti ces allégations, y voyant une "provocation délibérée" qui vise, selon elle, à justifier l'offensive militaire que mène Moscou en Ukraine depuis plus d'un an. Depuis le début du conflit en Ukraine, plusieurs régions russes ont été visées par des bombardements. Mais les incursions de "saboteurs" sont rares.
Blinken dit avoir demandé à Lavrov de "mettre fin à cette guerre d'agression"
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré avoir demandé à son homologue russe Sergueï Lavrov de "mettre fin" à la "guerre d'agression" de la Russie en Ukraine, lors de leur échange en marge d'une réunion du G20 en Inde. "J'ai dit au ministre des Affaires étrangères (russe) ce que j'ai dit, comme tant d'autres, la semaine dernière aux Nations unies et ce que tant de ministres des Affaires étrangères du G20 ont dit aujourd'hui : mettez fin à cette guerre d'agression, engagez-vous dans une diplomatie significative qui peut produire une paix juste et durable", a déclaré Antony Blinken à la presse jeudi.
Sanctions renforcées contre les critiques de l'armée et des groupes paramilitaires en Russie
Les députés russes ont adopté jeudi des amendements punissant encore plus sévèrement, jusqu'à 15 ans de prison, les propos jugés hostiles aux forces russes combattant en Ukraine y compris, désormais, les "volontaires" de groupes paramilitaires. "Discréditer" des militaires russes participant au conflit est maintenant passible au pénal de 15 ans de prison, contre cinq ans auparavant, a indiqué la Douma d'Etat (chambre basse du Parlement russe), sur Telegram.
Le texte introduit aussi des sanctions pour les critiques visant les "volontaires" russes, un terme employé par les autorités pour qualifier notamment les mercenaires du groupe paramilitaire Wagner, très actifs sur le front dans l'est de l'Ukraine. Après avoir nié pendant des années son existence, les autorités russes reconnaissent désormais pleinement les combattants de Wagner.
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Ces amendements ont été adoptés en deuxième lecture, la plus importante du cycle législatif russe. Ils devront par la suite être définitivement approuvés en troisième lecture, puis validés par la Chambre haute du Parlement et signés par le président russe Vladimir Poutine, généralement une formalité.
Au moins trois morts dans une frappe russe sur un immeuble d'habitation à Zaporijjia
Au moins trois personnes ont été tuées et six autres blessées lors d'une frappe nocturne sur un immeuble d'habitation à Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, ont indiqué jeudi les autorités locales. Dans un communiqué, la police ukrainienne a indiqué qu'un missile russe, "selon des informations préliminaires venant d'une batterie de S-300", avait détruit plus de 10 appartements de cet immeuble "où des gens dormaient paisiblement". "Lors des opérations de recherche, six personnes blessées ont été sorties des décombres, ainsi que les corps de trois personnes", a précisé cette source.
Les habitants évacués après une frappe nocturne à Zaporijjia
Des images, publiées par les services de secours ukrainiens, montrent des habitants être évacués au milieu des décombres, aidés par des pompiers. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé un acte d'un "Etat terroriste qui veut faire de chacune de nos journées une journée de terreur". "Mais le mal ne l'emportera pas sur notre terre. Nous chasserons tous les occupants et ils répondront de tout", a-t-il ajouté, sur Telegram.
Cette frappe rappelle un bombardement russe mi-janvier contre un immeuble d'habitation de Dnipro, une grande ville du centre-est de l'Ukraine, qui avait fait 46 morts.
Blinken demande à la Russie de prolonger l'accord céréalier
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a demandé jeudi lors d'une réunion au G20 que la Russie renouvelle l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui expire ce mois-ci. L'Initiative des céréales en mer Noire (appellation officielle de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes depuis les ports d'Ukraine) découle d'un accord scellé le 22 juillet et a permis de soulager la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre. Il a été reconduit mi-novembre pour les quatre mois d'hiver et expire le 18 mars.
"Il est impératif que le G20 s'exprime au nom de l'extension et de l'élargissement de l'Initiative des céréales afin de renforcer la sécurité alimentaire des plus vulnérables", a déclaré à New Delhi Antony Blinken aux ministres des Affaires étrangères du G20. "La Russie a délibérément et systématiquement ralenti son rythme d'inspections, créant un arriéré de navires qui pourraient livrer de la nourriture au monde aujourd'hui", a par ailleurs accusé Antony Blinken, selon un compte rendu de ses propos. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participe à la réunion du G20.
L'accord a permis l'exportation de quelque 20 millions de tonnes de céréales. L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 avait bloqué les navires en provenance du principal grenier à blé, Moscou s'inquiétant des actions navales ukrainiennes.
Moscou et Pékin dénoncent "le chantage et les menaces" des pays occidentaux
Les ministres des Affaires étrangères de la Russie et de la Chine ont dénoncé jeudi les pays occidentaux qui utilisent selon eux "le chantage et les menaces" pour imposer leurs vues, selon la diplomatie russe.
Lors d'un entretien en marge d'une réunion du G20 à New Delhi, le ministre russe Sergueï Lavrov et le ministre chinois Qin Gang ont "unanimement rejeté les tentatives d'ingérence dans les affaires internes d'autres pays, d'imposer des approches unilatérales par le chantage et les menaces", a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué.