Le groupe paramilitaire russe Wagner a revendiqué lundi la prise de la mairie de Bakhmout, affirmant que cette conquête signifiait qu'il contrôlait désormais la ville "au sens légal", l'Ukraine assurant pour sa part qu'elle tenait encore cette localité de l'est du pays où des combats acharnés font rage depuis des mois. "Au sens légal, Bakhmout a été capturée. L'ennemi est concentré dans les zones ouest", a déclaré sur Telegram le chef de Wagner, Evguéni Prigojine.
Une vidéo accompagnant son message montre Evguéni Prigojine brandissant un drapeau russe avec une inscription en l'honneur de Vladlen Tatarskiï, blogueur militaire russe fervent défenseur de l'offensive en Ukraine tué dimanche par l'explosion d'une bombe. Cet attentat dans un café du centre historique de Saint-Pétersbourg a également fait 25 blessés, selon les autorités.
Les informations à retenir :
- Le groupe paramilitaire russe Wagner a revendiqué lundi la prise de la mairie de Bakhmout.
- À environ 27 km de Bakhmout, à Kostiantynivka, un bombardement russe a fait six morts et 11 blessés.
- Le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rendra en visite officielle à Varsovie le 5 avril.
- La Pologne a livré les premiers chasseurs MiG-29 qu'elle avait promis à l'Ukraine.
- L'armée russe n'a fait état d'aucune avancée à Bakhmout dans son dernier point quotidien lundi.
- Selon l'Unesco, la guerre en Ukraine a causé pour 2,4 milliards d'euros de destruction au patrimoine et au secteur culturel de ce pays.
- Le journaliste américain arrêté en Russie fait appel de sa détention.
"Les commandants des unités qui ont pris la mairie et tout le centre iront hisser ce drapeau", a déclaré Evguéni Prigojine. "Voici l'entreprise militaire privée Wagner, voici les gars qui ont pris Bakhmout. D'un point de vue juridique, elle est à nous", clame-t-il.
L'état-major ukrainien a affirmé le contraire. "L'ennemi n'a pas arrêté son assaut sur Bakhmout. Cependant, les défenseurs ukrainiens tiennent courageusement la ville en repoussant de nombreuses attaques ennemies", a indiqué dimanche soir l'état-major ukrainien sur sa page Facebook. "Bakhmout, Avdiivka et Maryinka restent au centre des hostilités", a-t-il ajouté dans son point de situation de lundi à l'aube. "L'ennemi n'arrête pas ses assauts sur Bakhmout, essayant d'en prendre complètement le contrôle. Nos soldats ont repoussé plus de 20 attaques ennemies", a-t-il poursuivi.
Le journaliste américain arrêté fait appel de sa détention
La défense du journaliste américain Evan Gershkovich, arrêté en Russie la semaine dernière pour des accusations d'"espionnage" qu'il rejette, a fait appel lundi de son placement en détention, a indiqué un tribunal de Moscou. "C'est le même avocat (commis d'office) ayant représenté Gershkovich lors de son arrestation qui a fait appel", a indiqué une porte-parole du tribunal moscovite de Lefortovo. "La date de l'audience concernant l'appel du placement en détention sera annoncée cette semaine", a-t-elle ajouté, précisant que la requête serait examinée par une autre cour, de plus haute instance.
Alexeï Melnikov, secrétaire général de la commission publique de Moscou de surveillance des lieux de détention, a lui indiqué avoir rendu visite au journaliste, détenu dans la prison de Lefortovo. Il a affirmé sur Telegram que Evan Gershkovich n'avait formulé "aucune plainte" sur ses conditions de détention. "Au moment de la visite, il était joyeux et plaisantait beaucoup pendant la conversation", a-t-il ajouté.
Le journaliste américain, correspondant en Russie du prestigieux quotidien américain Wall Street Journal et ancien journaliste de l'AFP à Moscou, a été placé jeudi dernier en détention provisoire au moins jusqu'au 29 mai. Il a été arrêté à Ekaterinbourg (Oural) par le service fédéral de sécurité (FSB), qui l'accuse d'"espionnage". Le Wall Street Journal et le reporter, respecté par ses collègues pour sa rigueur, démentent ces accusations. Le président américain Joe Biden a réclamé vendredi la libération du journaliste, la Maison Blanche qualifiant de "ridicules" les accusations d'espionnage.
Les Tchèques et la Slovaquie appellent à une application effective des sanctions contre la Russie
Les Premiers ministres tchèque et slovaque ont appelé lundi l'Union européenne à exercer "des pressions ciblées" sur Moscou en appliquant pleinement les sanctions décrétées contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine. "Il est important que l'UE et ses partenaires continuent à exercer des pressions ciblées sur la Fédération de Russie et appliquent vraiment les sanctions", ont déclaré dans un communiqué le Premier ministre tchèque Petr Fiala et son homologue slovaque Eduard Heger qui se sont rencontrés à Trencin dans l'ouest de la Slovaquie. L'UE et ses partenaires doivent "empêcher le contournement des sanctions et créer des mécanismes pour châtier les responsables des crimes liés à cette agression, ont-ils ajouté.
La semaine dernière, le président russe Vladimir Poutine a reconnu que les sanctions pourraient avoir des conséquences négatives pour l'économie du pays. Il s'agissait de la huitième réunion conjointe des gouvernements des deux pays membres de l'UE et de l'Otan qui n'ont formé qu'un seul pays, la Tchécoslovaquie, jusqu'à leur séparation pacifique en 1993. Petr Fiala et Eduard Heger ont appelé l'UE et l'Otan à rester unis et à continuer à fournir de l'aide à l'Ukraine.
La Russie va renforcer ses capacités militaires près de la Finlande, nouveau membre de l'OTAN
La Russie a annoncé lundi son intention de renforcer ses capacités militaires près de la Finlande, pays frontalier qui deviendra mardi membre de l'Otan, un élargissement que Moscou perçoit comme une menace. "Nous renforcerons nos capacités militaires à l'ouest et au nord-ouest", soit aux frontières avec l'Europe orientale et la Finlande, a indiqué le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Grouchko.
"En cas de déploiement de forces et de moyens d'autres membres de l'Otan sur le territoire finlandais, nous prendrons des mesures supplémentaires pour assurer de manière fiable la sécurité militaire de la Russie", a-t-il ajouté, cité par l'agence de presse russe Ria Novosti. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a annoncé lundi que la Finlande deviendra mardi le 31e membre de l'Alliance atlantique, au grand dam de Moscou.
La guerre a causé 2,4 milliards d'euros de destruction du patrimoine et de la culture
La guerre en Ukraine a causé pour 2,4 milliards d'euros de destruction au patrimoine et au secteur culturel de ce pays et généré 13,9 milliards d'euros de pertes de revenus dans le divertissement, l'art et le tourisme, a estimé l'Unesco lundi. Quelque 248 monuments ont notamment été endommagés, dont certains ont été totalement détruits, particulièrement dans l'Est, a-t-on appris auprès de cet organisme onusien basé à Paris, dont la directrice générale Audrey Azoulay était lundi en Ukraine. L'invasion russe a aussi provoqué un effondrement de pans de l'économie ukrainienne liés à la culture, notamment "le tourisme, les arts, le sport, le divertissement, l'industrie culturelle, l'éducation culturelle", évalué à 15,1 milliards de dollars (13,9 Mds euros) de pertes, selon un cadre de l'Unesco.
"Nous allons soutenir les autorités ukrainiennes dans l'élaboration d'un plan national de reconstruction du secteur culturel", a annoncé Audrey Azoulay, qui a estimé le besoin total de financement pour reconstruire et relancer ce secteur à 6,4 milliards d'euros. Sept sites culturels et un site naturel ukrainiens font partie de la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco, dont le centre historique d'Odessa (Sud-Ouest), relativement épargné par un an de conflit, qui l'a rejointe cette année. Seize autres sites, dont le centre-ville de Tchernihiv, endommagé durant les premiers mois de la guerre, apparaissent eux dans une liste "indicative" de l'Unesco. Kiev doit à terme présenter leur candidature afin qu'ils intègrent le Patrimoine mondial onusien.
La Pologne a livré des chasseurs MiG-29 à l'Ukraine
La Pologne a livré les premiers chasseurs MiG-29 qu'elle avait promis à l'Ukraine, a déclaré lundi un responsable de présidence polonaise, après une annonce similaire de la Slovaquie fin mars. "Quelques MiG ont déjà été envoyés, ils sont en effet utiles à l'Ukraine pour défendre notre sécurité à nous tous", a déclaré Marcin Przydacz, un conseiller de la présidence polonaise, à la radio privée RMF FM. Le président polonais Andrzej Duda avait annoncé à la mi-mars une livraison de quatre appareils, une première de la part d'un membre de l'Otan, précisant que la Pologne disposait d'une quinzaine de MiG, hérités dans les années 1990 des forces armées de la République démocratique allemande (RDA).
Depuis, la Slovaquie avait annoncé avoir remis les quatre premiers appareils de ce type à l'Ukraine le 23 mars. Au total, Bratislava avait promis à Kiev 13 MiG-29, de conception soviétique. L'Ukraine a récemment refusé de confirmer à l'AFP le nombre de ses MiG-29 en service, mais selon un rapport World Air Forces 2023 de Flight Global publié à la fin de l'année dernière, ce pays exploitait 43 appareils. Kiev a demandé à plusieurs reprises à ses alliés occidentaux de lui envoyer des chasseur-bombardiers modernes, dans l'espoir d'obtenir des F-16 américains.
L'armée russe ne confirme aucune avancée à Bakhmout
L'armée russe n'a fait état d'aucune avancée à Bakhmout dans son dernier point quotidien lundi, malgré la revendication par le patron du groupe Wagner de la prise d'un bâtiment clé de cette ville à l'épicentre des combats dans l'est de l'Ukraine. Dans un message diffusé dans la nuit de dimanche à lundi sur Telegram, le dirigeant de Wagner, l'homme d'affaires Evguéni Prigojine, a déclaré que ses hommes avaient hissé le drapeau russe et la bannière de son groupe paramilitaire sur la mairie de Bakhmout. "Au sens légal, Bakhmout a été prise", a-t-il assuré, ajoutant que les forces ukrainiennes étaient désormais "concentrées dans les zones ouest".
Mais, au cours de son point de presse quotidien lundi, le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, n'a fait état d'aucune progression des troupes russes à Bakhmout, ne citant même pas le nom de cette cité. L'état-major de l'armée ukrainienne, de son côté, a affirmé que les assauts russes étaient repoussés. A plusieurs reprises, ces derniers mois, le groupe Wagner a revendiqué des avancées militaires qui n'ont pas été confirmées par le ministère russe de la Défense. Certains analystes y voient le signe d'une rivalité.
Bakhmout, le théâtre de combats particulièrement violents depuis des mois
Ville de quelque 70.000 habitants avant le conflit, Bakhmout est le théâtre de combats particulièrement violents depuis des mois. Du fait de la longueur de la bataille et des lourdes pertes subies par les deux camps, la ville est devenue le symbole de la lutte entre Russes et Ukrainiens pour le contrôle de la région industrielle du Donbass.
Les troupes russes ont progressé ces derniers mois au nord et au sud de la ville, coupant plusieurs routes d'approvisionnement ukrainiennes et s'emparant de sa partie orientale. Le 20 mars, Evguéni Prigojine avait affirmé que Wagner contrôlait 70% de Bakhmout.
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L'Ukraine estime que la bataille pour Bakhmout est essentielle pour contenir les forces russes sur l'ensemble du front oriental, même si les analystes jugent l'importance stratégique de la ville limitée. Dans son adresse de dimanche soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reconnu que la situation à Bakhmout était difficile pour ses troupes. "Je suis reconnaissant envers nos guerriers qui se battent près d'Avdiivka, de Maryinka et de Bakhmout. Surtout Bakhmout! C'est particulièrement chaud là-bas aujourd'hui!", a déclaré Volodymyr Zelensky.
Six morts et 11 blessés dans une frappe russe
La situation dans la région "est toujours très tendue", a souligné pour sa part dimanche la vice-ministre ukrainienne de la Défense Ganna Maliar, avant l'annonce du chef de Wagner. "L'ennemi essaie d'engager non seulement les combattants de Wagner mais aussi des unités de parachutistes professionnels. Des pertes en hommes excessivement élevées n'arrêtent pas l'ennemi", a-t-elle ajouté.
A environ 27 km de Bakhmout, à Kostiantynivka, un bombardement russe dimanche a fait six morts et 11 blessés, selon les autorités ukrainiennes. Ce sont "juste des quartiers d'habitation", "des civils ordinaires d'une ville ordinaire du Donbass" qui ont été visés, a réagi le président Zelensky.
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Des journalistes de l'AFP y ont vu un vaste cratère dans une cour et des fenêtres brisées du rez-de-chaussée aux étages supérieurs dans deux bâtiments de 14 étages. Les toits de maisons voisines étaient fracassés. La police a affirmé que la Russie avait procédé dans la matinée à une "attaque massive", soit six frappes de missiles S-300 et Ouragan. "Seize immeubles d'habitation, huit résidences privées, un jardin d'enfants, un bâtiment administratif, trois voitures et un gazoduc", ont au total été touchés, a-t-elle souligné.
Lilia, une étudiante en psychologie de 19 ans rencontrée devant son immeuble fortement endommagé, des éclats de verre tombant encore des fenêtres pendant qu'elle parlait, s'est dite "choquée". "J'ai eu beaucoup de chance de ne pas avoir été à la maison à ce moment-là", a-t-elle confié.
Nina, une retraitée, constatait les dégâts causés à son appartement au rez-de-chaussée d'un bâtiment datant de l'ère soviétique. Elle n'était pas non plus chez elle lorsque les explosions se sont produites. "Les portes intérieures et la porte d'entrée ont été soufflées. Un mur de séparation interne s'est brisé. Il ne reste plus une seule fenêtre", a-t-elle expliqué.
Le président ukrainien Zelensky à Varsovie le 5 avril
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rendra en visite officielle à Varsovie le 5 avril, a annoncé lundi un responsable de la présidence polonaise. "Il s'agit d'une visite officielle", mais le président ukrainien "veut rencontrer les Polonais et les Ukrainiens vivant en Pologne" également, a déclaré le chef du bureau de la politique internationale, Marcin Przydacz, à la radio polonaise privée RMF FM.
Lors de la visite, Volodymyr Zelensky rencontrera son homologue polonais Andrzej Duda pour discuter de questions liées à la sécurité, à la coopération économique et agricole, dont celles touchant au transport des céréales ukrainiennes par la Pologne, ainsi qu'aux questions liées à l'histoire entre les deux pays, a indiqué Marcin Przydacz. "Nous voulons que cet agenda soit le plus complet possible", a déclaré Marcin Przydacz.
Un fonds de soutien aux soldats russes engagés en Ukraine créé par Poutine
Vladimir Poutine a signé lundi un décret officialisant la création d'un fonds spécial d'assistance aux soldats engagés en Ukraine et à leurs familles. L'armée russe a connu de lourdes pertes depuis le début de l'offensive contre son voisin ukrainien et suite à une série de revers militaires, Le président russe a mobilisé à partir de septembre 300.000 réservistes, des civils donc.
Le décret pour soutenir les "Défenseurs de la patrie", selon l'intitulé officiel, a été publié lundi sur le portail d'information du gouvernement. Selon ce décret, en plus des militaires engagés, l'épouse ou conjointe et les enfants seront également soutenus par ce fonds spécial, dont le montant global n'a pas été communiqué. Le dirigeant russe avait annoncé le 21 février la création de ce fonds dans un discours à l'Assemblée fédérale, quasiment un an jour pour jour après le début de l'intervention militaire en Ukraine.
"Notre devoir est de soutenir les familles qui ont perdu des êtres chers et de les aider à élever leurs enfants et à leur donner une éducation et un travail", avait-il déclaré. Ce fonds devra "apporter une aide ciblée et personnalisée aux familles des combattants tombés au combat, ainsi qu'aux vétérans" de l'intervention militaire en Ukraine, avait ajouté le président russe.