L'attaque présumée de drones ukrainiens contre le Kremlin cette semaine n'aurait pu avoir lieu sans que les Etats-Unis soient au courant, a affirmé vendredi le chef de la diplomatie russe, alors que Washington et Kiev ont nié toute implication. "Il s'agit d'un acte hostile. Il est clair que les terroristes de Kiev n'auraient pu le commettre sans que leurs patrons soient au courant", a lancé Sergueï Lavrov lors d'un déplacement en Inde, en affirmant que Moscou allait prendre des "actions concrètes" pour riposter à cette attaque présumée.
Les informations à retenir :
- La Russie accuse les États-Unis d'avoir commandité une attaque présumée de drones ukrainiens contre le Kremlin.
- Washington dénonce un mensonge et nie toute implication.
- Le groupe Wagner dit qu'il quittera Bakhmout le 10 mai, faute de munitions.
- L'état-major russe est responsable de "dizaines de milliers de tués et blessés" russes en Ukraine, a accusé vendredi le chef du groupe paramilitaire Wagner.
- La Russie a annoncé une évacuation partielle de 18 localités sous occupation russe dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine.
Washington dénonce un mensonge et nie toute implication
Mercredi, Moscou a affirmé avoir intercepté deux drones ukrainiens qui visaient le Kremlin, dénonçant une tentative d'assassiner le président Vladimir Poutine. Kiev a nié toute implication et Washington a mis en doute les accusations russes.
Jeudi, la Russie -- par la voix du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, -- a accusé les Etats-Unis d'avoir commandité cette attaque présumée. Washington a aussitôt réagi en dénonçant un "mensonge" et en niant toute implication. "Si vous croyez que dès que les Etats-Unis et l'Ukraine ont rejeté les accusations, nous devons arrêter de penser ce que nous savons là-dessus, ce n'est pas le cas", a pour sa part insisté vendredi M. Lavrov, s'adressant à la presse. "La capacité de nos amis ukrainiens et occidentaux de mentir est très bien connue", a-t-il affirmé.
La Russie annonce l'évacuation partielle de localités occupées près de la ligne de front dans le sud
La Russie a annoncé vendredi une évacuation partielle de 18 localités sous occupation russe dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, au moment où Kiev affirme préparer une offensive imminente.
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"Ces derniers jours, l'ennemi a accentué les bombardements sur les localités situées à proximité directe de la ligne de contact", a indiqué sur Telegram Evguéni Balitski, le responsable régional installé par Moscou, précisant avoir demandé l'évacuation "temporaire" en priorité des "enfants avec leurs parents", des personnes âgées et handicapées et des patients des hôpitaux.
"Pour cette raison, il a été décidé d'éloigner en premier lieu les enfants avec leurs parents, les personnes âgées et handicapées, les patients des hôpitaux, des tirs de l'ennemi et de les déplacer à l'intérieur de la région", a-t-il poursuivi, assurant que les évacuations seraient "temporaires".
Parmi les 18 localités concernées se trouve notamment Energodar, la ville où se trouve la centrale nucléaire de Zaporijjia, contrôlée par l'armée russe depuis mars 2022 et visée à plusieurs reprises par des tirs, faisant craindre une catastrophe.
A l'automne dernier, les autorités d'occupation russes avaient annoncé des évacuations similaires dans la région de Kherson, peu avant une offensive qui a permis à l'armée ukrainienne de reprendre la capitale régionale qui était occupée par les Russes.
L'état-major russe responsable de "dizaines de milliers de tués et blessés" russes en Ukraine, selon Wagner
L'état-major russe est responsable de "dizaines de milliers de tués et blessés" russes en Ukraine, a accusé vendredi le chef du groupe paramilitaire Wagner, dans un message visant directement le ministre russe de la Défense.
"Ils porteront la responsabilité de dizaines de milliers de tués et de blessés devant leurs mères et leurs enfants", a cinglé Evguéni Prigojine dans une nouvelle vidéo, quelques heures après avoir menacé de retirer ses hommes le 10 mai de Bakhmout, où ils sont en première ligne, faute de munitions fournies par l'armée.
Le groupe Wagner menace dit qu'il quittera Bakhmout le 10 mai, faute de munitions
Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner a affirmé vendredi qu'il serait contraint de se retirer le 10 mai de la ville de Bakhmout, épicentre des combats dans l'est de l'Ukraine, à cause d'un manque de munitions imputé à l'armée. Si le groupe Wagner se retire de Bakhmout où il est en première ligne, cela placerait l'armée russe dans une position délicate, au moment où les forces de Kiev disent achever leurs préparatifs avant une grande offensive présentée comme imminente. Son patron, l'homme d'affaires Evguéni Prigojine, accuse depuis des mois l'état-major russe de ne pas fournir suffisamment de munitions à Wagner pour le priver d'une victoire à Bakhmout qui ferait de l'ombre à l'armée régulière.
Mais dans deux vidéos publiées vendredi par son service de presse, les attaques de Evguéni Prigojine atteignent un niveau sans précédent, exposant les vives tensions qui existent au sein des forces de Moscou. "Nous allions prendre la ville de Bakhmout avant le 9 mai. Lorsqu'ils ont vu cela, les bureaucrates militaires ont stoppé les livraisons" de munitions, accuse l'homme d'affaires Evguéni Prigojine dans une vidéo publiée par son service de presse. "Par conséquent, à partir du 10 mai 2023, nous nous retirerons de Bakhmout", ajoute-t-il, disant refuser que "(ses) gars, sans munitions, subissent des pertes inutiles et injustifiées". "Nous attendons un ordre pour quitter Bakhmout. Nous serons à Bakhmout jusqu'au 9 mai (...) Après, nous irons vers les camps à l'arrière", ajoute-t-il.
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Cet ultimatum arrive après des semaines de tensions croissantes entre le groupe Wagner et l'armée. Evguéni Prigojine accuse régulièrement l'état-major de ne pas fournir suffisamment de munitions à son groupe Wagner, en première ligne dans la bataille de Bakhmout, pour le priver d'une victoire qui ferait de l'ombre à l'armée régulière.
Dans une autre vidéo particulièrement virulente publiée dans la nuit de jeudi à vendredi, Evguéni Prigojine accuse nommément le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef de l'état-major russe Valéri Guérassimov d'être responsables des pertes de Wagner.
Déambulant au milieu de dizaines de corps présentés comme ceux de membres de Wagner tués au combat, il lance : "Ils sont morts pour que vous puissiez vous engraisser dans vos bureaux !" "Choïgou ! Guérassimov ! Où sont mes putains d'obus ?!", crie Evguéni Prigojine, le visage déformé par la rage et en lâchant une pluie d'insultes.
Wagner a subi ces derniers mois de lourdes pertes
Wagner a subi ces derniers mois de lourdes pertes en essayant de prendre la ville de Bakhmout dans l'est de l'Ukraine. Le groupe paramilitaire a conquis une grande partie de la ville, mais n'arrive pas à prendre les dernières positions ukrainiennes.
Si le Kremlin dément toute tension au sein des forces russes, les dernières déclarations de Evguéni Prigojine prouvent le contraire. Evguéni Prigojine accuse le commandement de l'armée russe de ne pas lui fournir les munitions dont il a besoin pour prolonger la bataille de Bakhmout afin d'affaiblir Wagner et de l'empêcher de remporter une victoire qui contrasterait avec les humiliants revers essuyés ces derniers mois par les forces régulières.