Au moins deux civils ont été tués et 21 blessés vendredi dans des bombardements sur la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, où la capitale Kiev a subi une sixième vague de frappes en six jours. La région de Belgorod est visée depuis plusieurs jours par des frappes d'une intensité sans précédent en territoire russe depuis le début du conflit avec l'Ukraine l'an dernier. Vendredi, le gouverneur régional a affirmé que des obus tirés par les forces ukrainiennes s'étaient écrasés sur une route près de la ville de Chebekino, située à une dizaine de kilomètres de l'Ukraine et fréquemment bombardée. "Des éclats d'obus ont touché des voitures qui passaient. Dans l'une d'elles, deux femmes (...) sont décédées sur place de leurs blessures", a déclaré Viatcheslav Gladkov, ajoutant que deux hommes avaient également été grièvement blessés.
Signe de l'intensité des frappes ukrainiennes, il a fait état d'un total de 21 blessés dans 4 localités, dont la capitale régionale Belgorod, et indiqué que plusieurs autres villes et villages ont été bombardés.
Les informations principales :
- Une nouvelle attaque russe nocturne a visé la capitale ukrainienne dans la nuit de jeudi à vendredi.
- 15 missiles de croisière et 21 drones d'attaque auraient été détruits par la défense aérienne ukrainienne.
- Deux civils ont été tués et deux autres blessés dans la région russe de Belgorod, frontalière à l'Ukraine.
Habitants déplacés
Les frappes sur la région de Belgorod se sont intensifiées ces derniers jours, au moment où Kiev affirme s'apprêter à lancer une grande offensive contre les zones conquises par les forces russes en Ukraine. La zone la plus touchée est la ville proche de la frontière de Chebekino, qui compte 40.000 habitants, dont une partie a fui. ""Hier, plus de 850 obus sont tombés sur le district", a relevé Viatcheslav Gladkov. Jeudi, l'armée russe a affirmé avoir repoussé avec son artillerie et son aviation une tentative ukrainienne d'"envahir" la région de Belgorod, une semaine après une spectaculaire incursion d'hommes armés qui a suscité un choc en Russie. Ces attaques sur le sol russe ont été revendiquées par des groupes se disant russes et combattant pour Kiev et les autorités ukrainiennes ont nié toute implication. Face à cette pluie des tirs, près de 2.500 personnes ont fui pour la capitale régionale, Belgorod, où ils ont été pris en charge dans des centres d'hébergement temporaires, a expliqué à l'AFP le maire de la ville Valentin Demidov.
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Une journaliste de l'AFP s'est rendue vendredi dans un stade de Belgorod transformé, accueillant près de 1.000 personnes. La situation dans la ville était calme. Les autorités russes ont également rapporté vendredi la mort de trois civils lors de tirs ukrainiens sur les villes occupées de Donetsk et Makiïvka, dans l'est de l'Ukraine. Kiev a été visée par une nouvelle vague de drones explosifs et de missiles à l'aube, a indiqué son maire Vitali Klitschko, précisant qu'aucune victime n'était à signaler. C'est la sixième attaque contre la capitale ukrainienne en six jours. "Cette nuit, l'ennemi a utilisé 15 missiles de croisière et 18 drones d'attaque iraniens Shahed pour des frappes, toutes ces cibles aériennes ont été détruites par nos défenseurs", a déclaré l'armée ukrainienne.
Quelques heures plus tard, l'armée russe a assuré avoir bombardé et "touché" pendant la nuit des systèmes de défense antiaérienne ukrainiens couvrant "des infrastructures militaires clés".
"Echec stratégique" de Moscou
La Russie multiplie depuis début mai les attaques de drones et de missiles sur Kiev, souvent nocturnes, une tactique dénoncée par l'Ukraine comme visant à terroriser la population civile. Jeudi matin, au moins trois personnes, dont une enfant, ont été tuées à Kiev lors d'une de ces attaques. Sur le plan diplomatique, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est lui vendredi en Finlande, un pays nordique frontalier de la Russie ayant récemment rejoint l'Otan. A cette occasion, Antony Blinken a rejeté tout cessez-le-feu défavorable à Kiev, soulignant que continuer à armer et renforcer l'Ukraine était la seule voie pour atteindre une "vraie paix". Il a aussi estimé que l'attaque en Ukraine avait viré à l'"échec stratégique" pour Moscou.
La veille, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a plaidé à nouveau en faveur de l'adhésion de son pays à l'Otan et à l'UE, lors d'un sommet européen inédit en Moldavie, en appelant ses alliés à ne plus avoir de "doutes" à ce sujet. "De telles déclarations montrent que le régime de Kiev n'est pas prêt, ne souhaite pas et n'a pas les moyens de régler les problèmes existants à la table des négociations", a réagi vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, devant la presse. Il a affirmé que Moscou allait continuer à accomplir ses "objectifs" et défendre "sa sécurité". "Cela exclut un tel élargissement de l'Alliance (atlantique) et son rapprochement de notre frontière", a-t-il insisté. L'émissaire chinois pour l'Ukraine, de retour à Pékin après une tournée en Europe, a lui reconnu que de "nombreuses difficultés" empêchaient en l'état la Russie et l'Ukraine d'entamer des pourparlers de paix.