L'Ukraine a assuré jeudi que son armée avançait sur le front malgré une "puissante résistance" des Russes, notamment dans le Sud, et la poursuite de la campagne de bombardements sur les villes ukrainiennes. Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est lui arrivé à la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par la Russie, pour déterminer notamment si cette gigantesque installation a été mise en danger par la destruction du barrage de Kakhovka sur le fleuve Dniepr, dont l'eau est utilisée pour refroidir les six réacteurs.
Les informations à retenir :
- L'armée ukrainienne "avance" sur le front malgré une "puissante résistance" des troupes russes, notamment dans le Sud du pays
- L'Ukraine a annoncé jeudi avoir abattu un missile de croisière et 20 drones explosifs russes pendant la nuit
- Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est lui arrivé à la centrale nucléaire de Zaporijjia
- Les alliés de Kiev vont lui livrer des "centaines" de nouveaux missiles de défense aérienne, Zelensky en appelle à la solidarité suisse sur l'armement
Ce déplacement dans cette zone occupée du sud, intervient en pleine contre-offensive ukrainienne pour libérer les territoires méridionaux et orientaux sous contrôle russe. Dans le sud, la vice-ministre de la Défense, Ganna Maliar a revendiqué "une avancée graduelle mais certaine" des soldats ukrainiens, malgré une "puissante résistance" des troupes russes. "Les forces armées ukrainiennes sont confrontées au minage total des champs", a-t-elle noté, évoquant aussi "l'utilisation de drones explosifs" et "des bombardements intenses".
L'armée russe pratiquerait la torture "systématique et intentionnelle" en Ukraine
Une experte de l'ONU s'est inquiétée jeudi de multiples témoignages montrant que les troupes russes en Ukraine torturent "systématiquement et intentionnellement" civils et prisonniers de guerre, avec l'approbation de l'Etat. "Les pratiques dénoncées comprennent des décharges électriques, des passages à tabac, des cagoules, des simulacres d'exécution et autres menaces de mort", écrit Alice Jill Edwards, rapporteure spéciale de l'ONU sur la torture et autre traitements cruels, inhumains et dégradants, dans une lettre aux autorités russes.
Cela pourrait signifier que "ces méthodes de torture ou d'autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants sont approuvés par l'Etat", écrit l'experte, dans cette lettre signée avec d'autres experts indépendants. Ces experts sont mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU mais ne parlent pas au nom de l'organisation. "La torture est un crime de guerre et la pratique systématique ou généralisée de la torture constitue un crime contre l'Humanité", rappelle Alice Jill Edwards, qui a l'intention de se rendre en Ukraine encore cette année pour y mener sa propre enquête.
Les alliés de Kiev vont lui livrer des "centaines" de nouveaux missiles de défense aérienne
Les alliés de l'Ukraine vont livrer à Kiev des "centaines" de missiles de défense aérienne afin de protéger ses infrastructures essentielles en soutien à la contre-offensive lancée contre les forces russes, ont annoncé jeudi le Royaume-Uni, les Etats-Unis, les Pays-Bas et le Danemark. Ces équipements doivent permettre de "répondre aux besoins urgents (de l'Ukraine) en matière de défense aérienne alors que la Russie poursuit ses attaques éhontées de missiles et de drones contre des villes ukrainiennes", ont écrit les ministères de la Défense de ses quatre pays dans une déclaration commune.
Kiev recevra "des centaines de missiles de défense aérienne à courte et moyenne portée et les systèmes associés nécessaires pour protéger les infrastructures critiques de l'Ukraine et assurer le succès des opérations de contre-offensive dans les mois à venir", ont-ils ajouté.
Zelensky en appelle à la solidarité suisse sur l'armement
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé jeudi la Suisse à autoriser les alliés de Kiev à transférer à l'Ukraine des armes fabriquées dans le pays alpin. "Je sais qu'il y a une discussion en Suisse sur la réexportation de matériel de guerre. Ce serait vital pour protéger et défendre l'Ukraine", a lancé Volodymyr Zelensky, dans une allocution vidéo devant le Parlement suisse. "Nous avons besoin d'armes pour rétablir la paix en Ukraine et sur le sol ukrainien", a ajouté le président, s'exprimant en ukrainien.
Il a été applaudi, debout, à la fin de son discours, qui a duré une quinzaine de minutes, mais le premier parti suisse, l'UDC, de la droite radicale, avait décidé de ne pas participer à l'événement au nom de la neutralité suisse. Certains des membres du parti vont jusqu'à l'accuser de vouloir entraîner la Suisse dans la guerre. Historiquement, la Suisse, pays de 8,9 millions d'habitants, entretient une position de neutralité. Ce riche pays - qui ne fait pas partie de l'Union européenne - a toutefois adopté toutes les sanctions prises par Bruxelles contre Moscou, estimant qu'elles sont compatibles avec sa neutralité.
Les forces ukrainiennes progressent près de Bakhmout
A l'est, les forces ukrainiennes ont progressé de "plus de trois kilomètres" au cours des dix derniers jours dans la zone de Bakhmout, a ajouté Ganna Maliar en conférence de presse, affirmant que "l'ennemi mobilise actuellement des réserves supplémentaires".
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Au total, l'armée ukrainienne a repris "plus de 100 kilomètres carrés" en une semaine de combats, a affirmé un responsable de l'état-major de l'armée ukrainienne, Oleksiï Gromov, pendant la conférence de presse. Selon lui, les Ukrainiens ont avancé d'environ trois kilomètres en profondeur près de la localité de Mala Tokmatchka (région de Zaporijjia) et de "jusqu'à sept kilomètres" au sud de Velyka Novossilka (sud de la région de Donetsk), a-t-il précisé.
De nouvelles frappes de missiles dans la ville natale de Zelensky
Aux abords de Bakhmout, les Ukrainiens poursuivaient leur opération pour tenter de prendre en tenaille les forces russes à l'intérieur de cette ville en ruines après près d'un an de combats. Les journalistes de l'AFP ont vu jeudi dans la région de Donetsk une unité d'artillerie pilonner les forces russes de Bakhmout. Des militaires ukrainiens ont indiqué avancer lentement sur les flancs nord et sud de la ville.
A l'inverse, le président russe Vladimir Poutine a affirmé lui cette semaine que les attaques ukrainiennes étaient repoussées les unes après les autres et que les pertes de l'adversaire étaient quasi "catastrophiques". La Russie a aussi poursuivi sa campagne de bombardements, essentiellement nocturne, des centres urbains ukrainiens.
La ville natale du président Volodymyr Zelensky, Krivyï Rig, a essuyé ainsi des frappes de missiles pour la deuxième fois en trois jours. Trois missiles ont touché "deux entreprises industrielles qui n'ont rien à voir avec l'armée", a indiqué sur Telegram le chef de l'administration militaire locale Oleksandre Vilkoul, faisant état d'un blessé. La veille, 12 personnes ont été tuées dans le bombardement d'un immeuble d'habitation et d'un entrepôt. Selon l'armée de l'air ukrainienne, un quatrième missile et 20 drones lancés depuis le Nord et le Sud ont été interceptés par la défense antiaérienne à travers le pays.
Le patron de l'AIEA arrivé à la centrale nucléaire de Zaporijjia
De son côté, le patron de l'AIEA est arrivé à la centrale nucléaire de Zaporijjia pour établir si ce site, sous occupation russe, risque de manquer d'eau pour le refroidir, à la suite de la destruction d'un barrage dans le sud qui a provoqué d'importantes inondations en aval et un risque de pénurie en amont. Initialement prévue mercredi, la visite de M. Grossi a été reportée à jeudi sans explication. Selon le responsable qui s'exprimait mardi à Kiev, il n'y a pas de "danger immédiat" pour la centrale, mais le niveau d'eau dans le bassin de refroidissement l'inquiète: "Il y a un risque sérieux, car l'eau qui est là-bas est limitée".
Dans un autre territoire sous occupation russe, le gouverneur installé par Moscou dans la péninsule de Crimée, annexée en 2014, a déclaré que les forces russes avaient abattu neuf drones ukrainiens. Un drone a cependant frappé un village dans le centre de la péninsule, brisant les vitres de plusieurs habitations. Aucune victime n'a été recensée.
Enfin, la commission électorale russe a annoncé jeudi la tenue d'"élections" locales le 10 septembre dans les territoires que la Russie occupe en Ukraine et dont elle a revendiqué l'annexion en septembre 2022. Ces scrutins visent, selon l'instance, à élire des assemblées régionales et des conseils municipaux, alors même que les combats y font rages et que Moscou ne contrôle qu'une partie des régions de Lougansk et Donetsk dans l'est, Zaporijjia et Kherson dans le sud.