Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé mercredi la Russie d'avoir "délibérément ciblé" dans ses frappes tôt dans la matinée des sites utilisés pour l'exportation des céréales ukrainiennes, trois jours après l'expiration d'un accord crucial sur le sujet. "Les terroristes russes ont délibérément ciblé les infrastructures de l'accord sur les céréales", a dénoncé Volodymyr Zelensky sur Telegram, ajoutant vouloir "renforcer la protection des personnes et des infrastructures portuaires" du pays pour y faire face.
Dans son communiqué, Volodymyr Zelensky a notamment mentionné les régions d'Odessa (sud) et de Jytomyr (ouest) comme ayant été visées par les forces russes. Selon le ministère en charge de la Reconstruction de l'Ukraine, "les terminaux céréaliers et les infrastructures portuaires des ports d'Odessa et de Tchornomorsk ont été attaqués". "Les réservoirs et les quais du port d'Odessa ont été endommagés", a-t-il affirmé dans un communiqué publié sur Telegram.
Le Parquet général ukrainien a lui indiqué, également sur Telegram, qu'il s'agissait de "la plus grande attaque" russe sur la région et "des terminaux céréaliers et pétroliers ont été endommagés", ainsi que notamment "des maisons, des infrastructures agricoles et des voitures".
Plus tôt dans la matinée, l'armée de l'air ukrainienne avait affirmé avoir détruit 23 des 32 drones explosifs lancés par les forces russes, et 13 des 16 missiles de croisière Kalibr sur la région d'Odessa, qui abritent les trois ports par lesquels Kiev pouvait, dans le cadre de l'accord céréalier qui a expiré lundi soir, exporter ses produits agricoles. Au total, cette nouvelle salve d'attaques russes a fait au moins 12 blessés au cours de la nuit dans cette région, selon son gouverneur Oleg Kiper, le Parquet annonçant de son côté le chiffre de dix blessés.
Les informations à retenir :
- Zelensky accuse Moscou d'avoir «délibérément ciblé» des sites utilisés pour l'exportation des céréales
- Le président russe Vladimir Poutine ne participera pas au sommet des Brics prévu fin août à Johannesburg
- Un neveu du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, fidèle allié de Vladimir Poutine, a été nommé nouveau directeur général de la filiale russe de Danone
- La Russie vise la région ukrainienne d'Odessa pour la deuxième nuit consécutive
- Zelensky se félicite du "soutien indéfectible" de Washington après une nouvelle aide américaine
- La Russie met en garde tout cargo céréalier en mer Noire
Poutine ne participera pas au sommet des Brics à Johannesburg
Le président russe Vladimir Poutine ne participera pas au sommet des Brics prévu fin août à Johannesburg, a annoncé mercredi la présidence sud-africaine, mettant fin à plusieurs mois de spéculations sur le sujet. Cette annonce épargne un épineux dilemme à Pretoria, qui préside le groupe des Brics (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde et Russie) et a refusé de condamner l'invasion russe de l'Ukraine.
Vladimir Poutine était invité au sommet de ces cinq grandes puissances émergentes, prévu du 22 au 24 août à Johannesburg. Mais le président russe est visé depuis mars par un mandat de la Cour pénale internationale (CPI) pour le crime de guerre de "déportation" d'enfants ukrainiens depuis l'invasion de l'Ukraine, des accusations que Moscou rejette en bloc.
Or en tant que membre de la CPI, l'Afrique du Sud est théoriquement censée arrêter Vladimir Poutine s'il entrait sur son territoire. "D'un accord mutuel, le président de la fédération russe Vladimir Poutine ne participera pas au sommet, mais la fédération y sera représentée par le ministre des Affaires étrangères M. (Sergueï) Lavrov", a annoncé Vincent Magwenya, un porte-parole du président sud-africain Cyril Ramaphosa, dans un communiqué.
Cette décision a été prise après "un certain nombre de consultations" menées par Cyril Ramaphosa ces derniers mois, dont la dernière "la nuit dernière", a précisé Vincent Magwenya. Arrêter Vladimir Poutine serait une "déclaration de guerre" à la Russie et menacerait "la sécurité, la paix et l'ordre de l'Etat" sud-africain, avait estimé Cyril Ramaphosa dans des documents publiés mardi, en plein débat national sur le sujet. L'affaire a pris un tour judiciaire car le principal parti d'opposition sud-africain, l'Alliance démocratique (DA), a demandé à la justice de forcer le gouvernement à s'assurer que M. Poutine serait arrêté et livré à la CPI s'il mettait le pied dans le pays.
Un neveu de Kadyrov nommé directeur général de la filiale russe de Danone
Un neveu du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, fidèle allié de Vladimir Poutine, a été nommé nouveau directeur général de la filiale russe de Danone, quelques jours après la saisie des actifs du géant français en Russie. L'arrivée de Yakoub Zakriev, 32 ans, à la tête de la filiale russe de Danone a été notifiée dans la base de données Spark-Interfax, qui recense les principales informations juridiques des entreprises en Russie.
Sur Telegram, le ministre tchétchène de l'Information Akhmed Doudaïev a confirmé mardi soir que Yakoub Zakriev, jusque-là vice-Premier ministre et ministre de l'Agriculture tchétchène, était "nommé directeur général de Danone Russie". Diplômé de l'Université d'Etat de Moscou, Yakoub Zakriev a notamment été maire de Grozny, la capitale de cette république russe du Caucase, entre 2018 et début 2020. Entre février et novembre 2020, il a été le chef de l'administration de Ramzan Kadyrov, puis a été nommé ministre de l'Agriculture.
Il est le neveu de Ramzan Kadyrov, un soutien sans faille de Vladimir Poutine et de son offensive militaire en Ukraine, où sont engagés de nombreux combattants tchétchènes. Sa nomination comme directeur général de la filiale russe de Danone, mastodonte mondial de l'agroalimentaire, intervient trois jours après le publication d'un décret signé par Vladimir Poutine formalisant la saisie par l'Etat russe des actifs du groupe français, ainsi que ceux de la brasserie danoise Carlsberg.
La Russie vise la région ukrainienne d'Odessa pour la deuxième nuit consécutive
Moscou a ciblé la région ukrainienne d'Odessa (sud) tôt mercredi pour la deuxième nuit consécutive depuis l'expiration d'un accord céréalier crucial, a accusé le gouverneur local. "Fin d'alerte! Les détails sur les conséquences de l'attaque massive" de Moscou "seront fournis ultérieurement", a indiqué le gouverneur de la région, Oleg Kiper, sur Telegram. Plus tôt, les forces aériennes de Kiev avaient indiqué avoir détecté des lancements de missiles Kalibr depuis la mer Noire, sans fournir de précisions, selon une publication sur le même réseau social.
Oleg Kiper avait prié les "habitants de toute la région d'Odessa" de rester dans les abris. Sur une vidéo diffusée sur Telegram affirmant montrer les conséquences de l'attaque mais que l'AFP n'a pu vérifier, les fenêtres d'un bâtiment de plusieurs étages apparaissent endommagées et des éclats de verre sont éparpillés sur le sol, à l'extérieur.
Au cours de la nuit, des alertes aériennes ont également retenti dans une dizaine de régions ukrainiennes. Odessa et sa région abritent les trois ports par lesquels l'Ukraine pouvait, dans le cadre de l'Initiative céréalière de la mer Noire qui a expiré lundi soir, exporter ses produits agricoles malgré la guerre et le blocus imposé par les Russes.
Zelensky se félicite du "soutien indéfectible" de Washington après une nouvelle aide américaine
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié mercredi les Etats-Unis pour une nouvelle aide militaire de 1,3 milliards de dollars, se félicitant du "soutien indéfectible" de Washington. Cette aide "permettra de sauver des vies ukrainiennes et de se rapprocher de notre victoire commune", a écrit M. Zelensky sur Twitter. "Nous apprécions le soutien indéfectible du peuple ami américain", a-t-il ajouté.
La Russie met en garde tout cargo céréalier en mer Noire
La Russie a annoncé mercredi qu'elle considèrerait comme une cible militaire tout navire se dirigeant vers les ports céréaliers ukrainiens de la mer Noire, au moment où Kiev, qui accuse Moscou de bombarder ses terminaux céréaliers, réclame des escortes internationales pour ces cargos après l'expiration d'un accord crucial pour l'alimentation mondiale. L'Ukraine, dont la contre-offensive peine pour l'instant à briser les lignes de défense construites par les Russes, a dans le même temps répété qu'il ne pouvait y avoir aucune négociation avec Moscou, et réclamé à ses alliés occidentaux des centaines de blindés supplémentaires et des avions de combat américains F-16 pour reprendre ses territoires.
"Pour ce qui est du moral, nous tenons bon. Nous voulons simplement que la victoire arrive le plus vite possible", a dit à l'AFP un jeune militaire ukrainien de 23 ans, sans donner son nom et en un lieu tenu secret sur le front près de Lyman (est). Conséquence du blocage depuis lundi par la Russie du "corridor" sécurisé en mer Noire qui avait été négocié avec Moscou par l'intermédiaire de l'ONU et de la Turquie pour exporter par cargos les millions de tonnes de céréales ukrainiennes, le blé a clôturé à 253,75 euros la tonne sur le marché européen, en hausse de plus de 8%. Compte-tenu des risques, "il n'y a plus aucun armateur prêt à aller là-bas", a relevé Frédéric Denefle, directeur général du groupement Garex, spécialiste de l'assurance des risques de guerre.
Le ministère russe de la Défense a en effet annoncé mercredi que dorénavant "tous les navires naviguant dans les eaux de la mer Noire à destination des ports ukrainiens seront considérés comme des bateaux transportant potentiellement des cargaisons militaires". Kiev de son côté demande désormais la mise en place de "patrouilles militaires" navales sous mandat de l'ONU et avec la participation notamment de la Turquie, a indiqué à l'AFP Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne. Il a exclu toute négociation avec Moscou, dont l'objectif est selon lui de "détruire" l'Ukraine.