Les frappes ukrainiennes contre la Russie visent essentiellement des entreprises militaro-industrielles de ce pays, a affirmé samedi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov. Les attaques visent "avant tout des entreprises du complexe militaro-industriel russe", a-t-il déclaré lors d'une rare apparition publique pendant la conférence internationale Yalta European Strategy (YES) à Kiev.
Kyrylo Boudanov a notamment dit qu'une usine russe fabriquant des puces électroniques pour des missiles Iskander, souvent utilisés par Moscou pour bombarder l'Ukraine, avait "récemment" été attaquée.
Les principales informations :
- "Pas de quoi être fier", dénonce Kiev à propos de la déclaration du G20
- Les frappes de Kiev en Russie visent le complexe militaro-industriel, affirme le chef du renseignement militaire ukrainien
- La Russie a déployé 420.000 soldats en zones occupées
- Le nouveau ministre ukrainien de la Défense réclame "davantage d'armes lourdes" à l'Occident, et dénonce une impasse sur les sujets de la création d'un tribunal international pour Vladimir Poutine et des actifs russes
Multiplication des attaques de drones en Russie
Des attaques de drones et actes de sabotage se sont multipliées en Russie ces derniers mois touchant Moscou et divers régions russes, parfois en profondeur du pays, Kiev revendiquant de plus en plus souvent la responsabilité. "Des explosions dans le pays agresseur dégrisent un peu la société, mais cela n'a pas encore d'effet massif, malheureusement pour nous", a-t-il estimé, tout en prédisant que ces attaques allaient à terme créer des "problèmes considérables" pour les Russes.
"C'est une question de temps", a relevé Kyrylo Boudanov. "C'est important et c'est ce qui constitue la différence entre nous et les Russes: aucune personne civile n'a souffert, quoi qu'ils (les Russes) en disent", a-t-il par ailleurs affirmé. Il a assuré que la contre-offensive ukrainienne, qui avance lentement après avoir début en juin, allait se poursuivre après la fin de l'été, plus propice aux mouvements de troupes.
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"L'opération offensive va se poursuivre dans toutes les directions", a déclaré Kyrylo Boudanov. "Nous ne sommes pas en Afrique et nous n'avons pas vraiment de saison des pluies". Il a admis toutefois que le changement de saison pourrait avoir un impact "négatif" sur l'avancée de troupes ukrainiennes car "c'est plus difficile de faire la guerre dans le froid, dans l'humidité et dans la boue".
La Russie a déployé 420.000 soldats en zones occupées
La Russie a déployé plus de 420.000 soldats dans les zones occupées dans l'est et le sud de l'Ukraine, a affirmé samedi un général du renseignement militaire ukrainien. "La Fédération russe a concentré plus de 420.000 militaires dans nos territoires temporairement occupés dont la Crimée", a déclaré Vadym Skibitsky, chef adjoint du renseignement au sein du ministère ukrainien de la Défense lors d'une conférence. Ce chiffre "n'inclut pas la Garde nationale russe et d'autres structures spéciales chargées de maintenir le pouvoir d'occupation sur nos territoires", a ajouté Vadym Skibitsky.
Depuis un mois, la Russie utilise la péninsule ukrainienne de Crimée, qu'elle a annexée en 2014, pour "attaquer des infrastructures portuaires" dans le sud de l'Ukraine, a-t-il affirmé. "Des drones déployés en Crimée sont utilisés contre nos ports d'Izmaïl, de Reni" par lesquels des céréales ukrainiennes étaient acheminés par la mer Noire jusqu'à la sortie de Moscou d'un accord international en juillet, a détaillé le responsable.
La vice-ministre de la Défense Ganna Maliar a de son côté déclaré que les Russes aspiraient à recapturer les zones dans la région de Kharkiv (nord-est) libérées il y a un an par l'armée ukrainienne. "Ils veulent prendre une revanche", a-t-elle dit. "Leur tâche dans l'est est aussi de déconcentrer nos forces pour qu'on ne puisse pas les centraliser dans la zone de Bakhmout où nous avançons avec succès".
L'armée russe continue d'avoir l'avantage sur l'ukrainienne en terme d'armement, sur fond de la lente contre-offensive ukrainienne, en cours depuis juin, a-t-elle admis. "Nous devons reconnaître que l'ennemi est fort, qu'il a davantage d'hommes et d'armement", a indiqué Ganna Maliar. Rien que la semaine dernière, l'armée russe a tiré "près de 400.000 obus" sur les positions ukrainiennes sur le front est, alors que "nous pouvons utiliser huit fois moins" de munitions, a-t-elle affirmé.
Le nouveau ministre de la Défense réclame "davantage d'armes lourdes" à l'Occident
Le nouveau ministre ukrainien de la Défense Roustem Oumerov a réclamé aux Occidentaux de fournir "davantage d'armes lourdes" à l'Ukraine, en pleine contre-offensive contre l'armée russe. "Nous sommes reconnaissants pour tout le soutien fourni (...) mais nous avons besoin de davantage d'armes lourdes. D'armes lourdes. Et encore une fois, d'armes lourdes", a déclaré Roustem Oumerov lors d'une conférence internationale à Kiev vendredi, des propos sous embargo jusqu'à samedi. "Nous en avons besoin aujourd'hui. Nous en avons besoin maintenant", a-t-il ajouté.
"Les guerriers ukrainiens sacrifient aujourd'hui leurs vies pour les valeurs fondamentales de démocratie et de liberté. Ils ont besoin d'un soutien de votre part, chers partenaires. Et ce soutien, ce sont des armes", a souligné le ministre deux jours après sa nomination.
L'Ukraine dénonce une "impasse" avec l'Occident
Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a dénoncé une "impasse" dans les négociations avec l'Occident concernant la création d'un tribunal international pour juger Vladimir Poutine et le transfert à l'Ukraine de centaines de milliards d'euros d'actifs russes gelés à l'étranger. "Malheureusement, nous sommes dans une sorte d'impasse sur ces deux questions car nous avons des divisions sur la première et il y a clairement un manque de volonté sur la deuxième", a-t-il déclaré vendredi à Kiev, de propos sous embargo jusqu'à samedi soir.
Les pays du "G7 sont fermement en faveur d'un tribunal (...) hybride" basé sur la législation ukrainienne et qui ne permet pas selon Kiev de lever l'immunité des dirigeants russes dont le président Poutine, son Premier ministre Mikhaïl Michoustine et le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, a assuré le ministre. "Un tribunal hybride ne répond pas à la question de comment poursuivre la troïka que je viens de mentionner", a-t-il déclaré lors de la conférence annuelle Yalta European Strategy rassemblant les soutiens de l'Ukraine.
"Il est impossible d'expliquer aux Ukrainiens qu'un tel tribunal pourrait avoir lieu sans Poutine sur le banc des accusés", a renchéri le procureur général ukrainien Andriï Kostine. "Chaque Ukrainien veut un tribunal où Poutine sera poursuivi en justice et jugé. Et c'est notre obligation avec le monde civilisé de créer un tel tribunal".
Déclaration du G20 sur l'Ukraine : "Pas de quoi être fier", dénonce Kiev
Kiev a critiqué samedi la déclaration des dirigeants du G20 sur la guerre en Ukraine, dans laquelle ils ont dénoncé l'emploi de la force, mais sans mentionner la Russie. "L'Ukraine est reconnaissante envers les partenaires qui ont essayé d'inclure une formulation forte dans le texte. En même temps, en ce qui concerne l'agression de la Russie contre l'Ukraine, le G20 n'a pas de quoi être fier", a déclaré un porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko.
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Oleg Nikolenko a posté sur son compte Facebook une version modifiée du communiqué officiel du sommet du G20 à New Delhi, avec des mots ou expressions rayés et remplacés par d'autres en rouge, dans le sens qu'auraient souhaité les autorités ukrainiennes. Ainsi, "concernant la guerre en Ukraine" devient "concernant la guerre contre l'Ukraine", et "tous les Etats doivent s'abstenir de recourir à la menace ou à l'emploi de la force" est remplacé par "La Russie doit s'abstenir...".
Le texte adopté par le G20 ne mentionne explicitement pas une "agression" russe en Ukraine, terme pourtant utilisé en 2022 lors du précédent sommet du G20 à Bali dans une référence à une résolution du Conseil de sécurité qui avait déploré "dans les termes les plus vifs l'agression commise par la Fédération de Russie contre l'Ukraine".
La Roumanie découvre de nouveaux débris de drone près de sa frontière avec l'Ukraine
Des soldats roumains ont découvert samedi des débris de drone "similaire à ceux utilisés par l'armée russe", autour du village de Plauru (est) près de la frontière ukrainienne, a annoncé le ministère roumain de la Défense. "Rien n'indique qu'il y a eu intention de frapper l'Otan, mais les attaques sont déstabilisantes", a réagi le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg sur le réseau X (anciennement Twitter). Il a précisé s'être entretenu à ce sujet avec le président roumain Klaus Iohannis.
L'Otan est "solidaire" de la Roumanie, un des pays alliés, et "je me réjouis de la décision américaine de déployer davantage de (chasseurs) F-16 dans le cadre de la protection et de la surveillance de l'espace aérien de l'Otan", a ajouté Jens Stoltenberg. "Je condamne fortement cette violation de notre espace aérien souverain qui constitue une menace pour les citoyens roumains du secteur", a déclaré de son côté Klaus Iohannis, également sur le réseau social X.