Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 571e jour de l'invasion russe

La guerre se poursuit en Ukraine (Archives). © Polina MELNYK / AFP
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avec AFP / Crédits photo : Polina MELNYK / AFP , modifié à

Un premier rapport commandé par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU estime que la situation des droits de l'Homme "s'est significativement dégradée" en Russie depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022. En parallèle, l'armée ukrainienne dit avoir percé la ligne de défense russe près de Bakhmout.

Les troupes ukrainiennes ont percé la ligne de défense russe près de Bakhmout (est), a affirmé lundi le commandant des troupes terrestres de Kiev, le général Oleksandre Syrsky. Après la reprise ces derniers jours des villages d'Andriïvka et de Klichtchiïvka "la ligne de la défense de l'ennemi a été percée", a déclaré Oleksandre Syrsky, cité par le centre de presse de l'armée. Ces petites localités "étaient un élément important de la ligne de défense russe qui se prolonge de Bakhmout à Gorlivka", a-t-il ajouté.

Les principales informations :

- Kiev affirme avoir fait une avancée près de Bakhmout

- En Russie, les droits humains "dégradés significativement" depuis la guerre en Ukraine, selon une experte de l'ONU

- La Russie fustige l'Ukraine devant la Cour internationale de justice

- L'Ukraine affirme avoir repris Klichtchiïvka, près de Bakhmout

Une situation générale dans l'est qui reste "compliquée"

Les 72e, 31e et 83 brigades russes "ont été détruites et ont complètement perdu (leur) capacité de combattre" dans les batailles près de Bakhmout, a affirmé le général Syrsky. "La situation générale dans la zone Est demeure compliquée" et "des combats acharnés près de Bakhmout se poursuivent", a toutefois admis le militaire. Après la perte des deux localités près de Bakhmout, l'armée russe "mène de nombreuses contre-attaques" en espérant de "reprendre les positions perdues" et se prépare à renouveler ses attaques plus au nord, dans la zone de Koupiansk et Lyman, a souligné Oleksandre Syrsky.

L'Ukraine a annoncé vendredi la reprise d'Andriïvka et dimanche de Klichtchiïvka situées toutes les deux au sud de la ville de Bakhmout. Ville de 70.000 habitants avant l'invasion lancée par la Russie en février 2022, Bakhmout a été conquise en mai dernier par les forces russes après une des batailles les plus longues et sanglantes de cette guerre.

L'Ukraine a lancé une contre-offensive en juin pour reprendre les territoires occupés par la Russie, après avoir reçu des armements occidentaux et formé de nouveaux bataillons. Les forces ukrainiennes ont presque aussitôt commencé à reprendre du terrain sur les flancs nord et sud de cette ville.

Les droits humains «dégradés significativement» en Russie depuis la guerre

La situation des droits de l'Homme "s'est significativement dégradée" en Russie  depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, a souligné lundi le premier rapport de l'experte mandatée par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. "La situation était déjà en déclin constant au cours des deux dernières décennies, en partie à cause des deux guerres en Tchétchénie qui ont pris fin en 2009", précise la rapporteure Mariana Katzarova, chargée de suivre la situation des droits de l'Homme en Russie.

Ce document, qui doit être présenté au Conseil des droits de l'Homme cette semaine, ne contient pas de surprises ou de révélations fracassantes, mais l'adoption du mandat de la rapporteure par ce Conseil avait marqué une défaite pour Moscou, dans le combat diplomatique que se livrent la Russie et les alliés de Kiev dans toutes les enceintes de l'ONU depuis l'invasion de l'Ukraine. C'est la première fois qu'un rapporteur est ainsi désigné pour enquêter sur un des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité.

L'experte a souligné les tentatives de Moscou d'"entraver" son travail et déploré n'avoir eu aucun accès à la Russie. "La Russie ne reconnaît pas ce mandat et a officiellement déclaré son rejet de toute forme d'interaction avec cette procédure spéciale illégitime", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères russe, publié à l'occasion de la session du Conseil.

"Les autorités russes ont porté atteinte à l'indépendance du pouvoir judiciaire"

Le rapport fait valoir que "les autorités russes ont sévèrement restreint les libertés d'association, de réunion pacifique et d'expression, tant en ligne que hors ligne, et ont fondamentalement porté atteinte à l'indépendance du pouvoir judiciaire et aux garanties d'un procès équitable." La rapporteure dénonce également l'appareil législatif mis en place récemment "pour museler la société civile et punir les défenseurs des droits."

"L'application souvent violente de ces lois et réglementations a entraîné une répression systématique contre les organisations de la société civile, qui a fermé l'espace civique et les médias indépendants", regrette-t-elle.

Un gouvernement ukrainien "russophobe et néo-nazi"

Dans le même temps, Moscou a fustigé Kiev lundi, qualifiant le gouvernement ukrainien de "russophobe et néo-nazi" devant la Cour internationale de justice (CIJ) où les deux pays s'affrontent dans une procédure lancée par l'Ukraine qui accuse la Russie d'avoir utilisé à tort des allégations de génocide pour justifier son invasion en 2022. Le président russe Vladimir Poutine avait en partie justifié cette opération militaire déclenchée le 24 février 2022 par des accusations de "génocide" orchestré par Kiev dans l'Est russophone de l'Ukraine.

Deux jours plus tard, le 26 février 2022, Kiev avait saisi la CIJ, "niant catégoriquement" cette affirmation et arguant que l'utilisation comme prétexte par la Russie d'un "génocide" allait à l'encontre de la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.

La prison juridique de l'Ukraine est "intenable"

L'un des représentants de Moscou, Gennady Kuzmin, premier diplomate russe à s'adresser au tribunal dans cette affaire, a reproché à Kiev de ne pas pouvoir être "plus éloigné de la vérité" en prétendant que la Russie a invoqué la Convention des Nations unies sur le génocide comme raison pour lancer sa guerre contre son voisin.

De simples "déclarations" sur le génocide ne peuvent être retenues en vertu du droit international, y compris de la Convention sur le génocide, a soutenu Gennady Kuzmin. "Quant aux préoccupations exprimées à l'égard de la menace de génocide, comme je l'ai indiqué, elles ne sauraient surprendre compte tenu des politiques menées par le régime de Kiev, fermement ancrées dans l'Histoire, les doctrines et les pratiques nazies", a déclaré Gennady Kuzmin, devant les juges et séparé de seulement quelques mètres de hauts responsables ukrainiens.

La position juridique de l'Ukraine est "intenable" et "va à l'encontre de la jurisprudence bien établie" de la Cour, a conclu Gennady Kuzmin.