La Russie a lancé dimanche à l'aube de nouvelles attaques contre l'Ukraine, au lendemain de la frappe imputée à Kiev qui a fait 22 morts dans la ville russe de Belgorod et à laquelle Moscou a promis une riposte. Quatre drones "Shahed" de fabrication iranienne ont visé dans la nuit la ville de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, selon le porte-parole du procureur régional, Dmytro Tchoubenko.
Les informations à retenir :
- Au lendemain de la frappe qui a fait 22 morts dans la ville russe de Belgorod, Moscou impute la responsabilité à Kiev et dit avoir visé des cibles "militaires" en Ukraine
- La frappe contre Belgorod est la plus meurtrière pour des civils en Russie depuis le début du conflit
- Kiev assure avoir abattu 21 drones, sur les 49 lancés par la Russie sur son territoire dans la nuit
- Vendredi, des bombardements russes ont fait 40 morts, dont 17 à Kiev. Il s'agit des bombardements les plus intenses depuis plusieurs mois
"A la suite de l'attaque nocturne des drones russes sur Kharkiv, des bâtiments du centre-ville ont été endommagés. Il ne s'agit pas d'installations militaires, mais de cafés, d'immeubles résidentiels et de bureaux", a écrit sur Telegram le maire de la ville, Ihor Terekhov, sans faire état de victimes. "À la veille du Nouvel An, les Russes veulent intimider notre ville, mais nous n'avons pas peur", a-t-il ajouté.
Cette attaque survient au lendemain de la frappe imputée à l'armée ukrainienne qui a fait, selon le gouverneur local, 22 morts et 109 blessés samedi à Belgorod, ville russe située à environ 80 km au nord de Kharkiv et à 30 km de la frontière avec l'Ukraine. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière pour les civils en Russie depuis le début du conflit en février 2022, et le ministère russe de la Défense a assuré qu'elle ne resterait pas "impunie". L'Ukraine mène régulièrement des frappes en Russie, notamment dans les régions les plus proches de son territoire, mais leur bilan est généralement bien moins élevé.
Moscou dit avoir visé des cibles "militaires" en Ukraine, en représailles de la frappe à Belgorod
Moscou a déclaré dimanche avoir frappé des cibles "militaires" dans la ville ukrainienne de Kharkiv, les autorités locales assurant au contraire qu'il s'agissait de bâtiments civils, des représailles à l'attaque sans précédent qui a fait 24 morts la veille à Belgorod, en Russie.
Samedi, la Russie avait assuré qu'elle ne laisserait pas "impunie" l'attaque de missiles et de roquettes contre cette ville située à une trentaine de kilomètres de la frontière ukrainienne. Moscou affirme que Kiev en est responsable, mais l'Ukraine est pour l'instant restée muette.
"En réponse à cet acte terroriste, les forces armées russes ont frappé des centres de décision et des installations militaires", a déclaré le ministère sur Telegram, Kiev ayant au contraire assuré que des bâtiments résidentiels, un hôtel ou encore des cafés avaient été touchés. Depuis le début du conflit, la Russie nie toujours viser des cibles civiles.
L'Ukraine dit avoir abattu 21 des 49 drones lancés vers son territoire dans la nuit
L'Ukraine a affirmé dimanche avoir abattu 21 des 49 drones lancés vers son territoire dans la nuit, ajoutant que six missiles guidés avaient aussi visé la ville de Kharkiv, dans le nord-est, après une frappe sans précédent sur la ville russe de Belgorod la veille.
L'armée de l'air a dit avoir enregistré 49 drones Shahed, de fabrication iranienne, ciblant particulièrement les régions de Kharkiv, Kherson, Mykolaïv et Zaporijjia, dont 21 ont été "détruits". Elle n'a pas indiqué si les six missiles avaient atteint leur cible.
"Acte de terrorisme"
Lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU à New York, Moscou a accusé Kiev d'avoir commis "un acte de terrorisme délibéré" et d'avoir "utilisé des armes à sous-munitions". C'est "une attaque aveugle et délibérée contre une cible civile", a dit l'ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, accusant Kiev d'avoir visé un centre sportif, une patinoire et une université.
Les alliés de l'Ukraine ont répliqué que la responsabilité de la guerre revenait au président russe Vladimir Poutine. "Il y a des centaines de milliers de soldats russes en Ukraine. Il n'y a pas un seul soldat ukrainien en Russie", a dit le représentant britannique Thomas Phipps. "Si la Russie veut blâmer quelqu'un pour les morts de Russes dans cette guerre, elle devrait commencer avec le président Poutine", a-t-il ajouté.
L'attaque de Belgorod est elle-même survenue au lendemain de bombardements particulièrement intenses en Ukraine, qui ont tué 40 personnes, dont 17 dans la capitale Kiev, selon les autorités.
Dans la journée de samedi, de nouvelles frappes russes ont ciblé le territoire ukrainien, tuant trois personnes dans les régions de Kherson, Zaporijjia et Tcherniguiv, selon les différentes autorités locales. À Kharkiv, 26 personnes ont été blessées samedi.
Dimanche, Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky doivent tous deux prononcer des discours attendus pour le Nouvel an, après une année 2023 marquée par l'échec de la contre-offensive estivale de l'Ukraine et le gel quasi-total de la ligne de front.
Des nouvelles d'autant plus inquiétantes vu de Kiev que l'aide occidentale commence à s'essouffler, en Europe comme aux États-Unis, faisant entrevoir le risque d'un assèchement du flot de munitions et de fonds.
Samedi, Volodymyr Zelensky a lancé un nouvel appel à ses alliés, assurant qu'armer l'Ukraine est "un moyen de protéger des vies". "Chaque manifestation de la terreur russe prouve qu'on ne peut pas attendre pour apporter de l'assistance à ceux qui combattent", a-t-il plaidé.