Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 244e jour de l'invasion russe

L'Otan et les Occidentaux ont prévenu lundi la Russie qu'elle ne devait pas créer une "escalade" dans le conflit en Ukraine sous le "prétexte" d'une "bombe sale" que Moscou accuse Kiev de préparer (Illustration) © CELESTINO ARCE / NURPHOTO / NURPHOTO VIA AFP
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avec AFP , modifié à

Au 244e jour de l'invasion russe, l'Otan et les Occidentaux ont prévenu lundi la Russie qu'elle ne devait pas créer une "escalade" dans le conflit en Ukraine sous le "prétexte" d'une "bombe sale" que Moscou accuse Kiev de préparer. Moscou avait avancé pour la première fois ces accusations dimanche lors de conversations téléphoniques entre le ministre russe de la Défense et ses homologues américain, français, britannique et turc.

L'Otan et les Occidentaux ont prévenu lundi la Russie qu'elle ne devait pas créer une "escalade" dans le conflit en Ukraine  sous le "prétexte" d'une "bombe sale" que Moscou accuse de nouveau Kiev de préparer. Moscou avait avancé pour la première fois ces accusations dimanche lors de conversations téléphoniques entre le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou et ses homologues américain, français, britannique et turc.

Les informations à retenir :

  • L'Otan et les Occidentaux ont prévenu lundi la Russie qu'elle ne devait pas créer une "escalade" dans le conflit.
  • Moscou a mené ces dernières semaines plusieurs séries de frappes massives, notamment avec des drones-suicides de fabrication iranienne.
  • Sept civils ont été tués à Bakhmout à l'est du pays, théâtre d'intenses combats.
  • Volodymyr Zelensky a réclamé mardi à la communauté internationale un effort financier pour couvrir un déficit budgétaire de 38 milliards de dollars prévu l'an prochain.
  • Plus d'un million de foyers ukrainiens ont été privés d'électricité à la suite d'attaques russes contre les infrastructures électriques.

"Les Alliés de l'Otan rejettent cette allégation. La Russie ne doit pas utiliser cela comme un prétexte à une escalade" du conflit en Ukraine, a tweeté lundi soir le patron de l'Otan, Jens Stoltenberg, après s'être entretenu avec le chef du Pentagone Lloyd Austin et le ministre britannique de la Défense Ben Wallace. Paris, Londres et Washington avaient auparavant fustigé ensemble lundi des déclarations "fausses" de Moscou : "Personne ne serait dupe d'une tentative d'utiliser cette allégation comme prétexte à une escalade".

Une bombe radiologique ou "bombe sale" est constituée d'explosifs conventionnels entourés de matériaux radioactifs destinés à être disséminés lors de l'explosion. Plus tôt lundi, le général Igor Kirillov, en charge au sein de l'armée russe des substances radioactives, des produits chimiques et biologiques, avait réitéré ces accusations, affirmant que la fabrication d'une "bombe sale" par les Ukrainiens, qui accuseraient ensuite la Russie de l'avoir utilisée, était "entrée dans sa phase finale".

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a assuré lundi qu'"il y a de sérieux soupçons indiquant que de telles choses puissent être planifiées". "Bien sûr, nous voyons la réaction des médias occidentaux. Elle ne nous surprend pas. Elle va dans le sens d'un soutien inconsidéré à son protégé Zelensky, lui fournissant son indulgence pour toute action russophobe, non seulement en paroles, mais dans le bombardement de cibles civiles, de populations civiles", a ajouté le chef de la diplomatie russe lors d'une conférence de presse à Moscou.

Le chef de l'état-major de l'armée russe Valéri Guerassimov s'est également entretenu lundi avec ses homologues américain, le général Mark Milley, et britannique, l'amiral Tony Radakin, au sujet de la "bombe sale", selon le ministère russe de la Défense. Le ministère britannique de la Défense a indiqué que Tony Radakin "a rejeté les allégations de la Russie".

Le président ukrainien Volodymr Zelensky a encore raillé lundi soir, lors de son allocution quotidienne, les "diverses idioties sur l'Ukraine" proférées par Moscou: "L'Ukraine est en train de briser la soi-disant deuxième armée au monde, et désormais la Russie ne fera plus que supplier".

Biden prévient qu'une attaque nucléaire russe serait une "erreur immensément grave"

Joe Biden a prévenu mardi que l'utilisation d'une arme nucléaire par la Russie constituerait une "erreur immensément grave", au moment où Moscou avance que l'Ukraine prépare une "bombe sale", une affirmation démentie par Kiev et les pays occidentaux. "La Russie ferait une erreur immensément grave si elle utilisait une arme nucléaire tactique", a dit le président américain.

Une bombe radiologique ou "bombe sale" est constituée d'explosifs conventionnels entourés de matériaux radioactifs destinés à être disséminés en poussière au moment de l'explosion.

L'AIEA viendra sur place

Dmytro Kouleba a demandé à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), d'"envoyer d'urgence des experts" dans les deux structures où la Russie "prétend trompeusement" que l'Ukraine développe une "bombe sale". Le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, a confirmé une visite "dans les prochains jours" dans un communiqué lundi soir, précisant qu'un des deux lieux avait été inspecté "il y a un mois" et qu'"aucune activité nucléaire non déclarée n'y avait été trouvée".

Les Ukrainiens et les Occidentaux y voient la menace des préparatifs d'une attaque menée sous un faux drapeau, suspectant la Russie d'être prête à faire exploser elle-même une "bombe sale" pour justifier une escalade militaire, par exemple en employant une arme nucléaire tactique en représailles. "Il y a un schéma récurrent dans ce conflit (...) Les Russes ont accusé les Ukrainiens et d'autres pays de ce qu'ils planifiaient eux-mêmes. C'est ce qui nous inquiète", a réagi le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price.

Néanmoins, "nous n'avons vu aucune raison de changer notre posture nucléaire" et "aucune indication que les Russes préparaient le déploiement d'une arme nucléaire", a-t-il précisé. Au début de son offensive, Moscou avait déjà accusé l'Ukraine de préparer des armes bactériologiques dans des laboratoires secrets financés par les Etats-Unis, allégations démenties par Kiev.

Les allégations de "bombe sale" interviennent alors que les forces russes sont en difficulté sur plusieurs fronts en Ukraine, ayant perdu en septembre des milliers de kilomètres carrés dans le nord-est et désormais en recul dans la région de Kherson (sud), où les autorités d'occupation russe organisent des évacuations de la population. Le commandement ukrainien a annoncé lundi avoir repris 90 localités au total dans la région de Kherson, l'un des quatre territoires d'Ukraine dont Moscou a revendiqué l'annexion en septembre, et quatre villages dans les régions de Donetsk et Lougansk (est).

Sept civils tués à Bakhmout dans l'est du pays

Sept civils ont été tués et trois autres blessés lundi à Bakhmout, ville de la région de Donetsk dans l'est de l'Ukraine qui est depuis des mois le théâtre d'intenses combats avec l'armée russe, a indiqué mardi le gouverneur régional. Trois corps de civils tués plus tôt ont par ailleurs été découverts dans deux localités de la région, a précisé le gouverneur Pavlo Kyrylenko sur Telegram. L'armée ukrainienne a de son côté fait état d'offensives russes en direction de Bakhmout, située dans le nord de la région, et de la ville Avdiïvka, une cinquantaine de kilomètres plus au sud.

Explosion à Melitopol dans le sud-est, cinq blessés

Une forte explosion s'est produite mardi à Melitopol, dans le Sud-Est de l'Ukraine, faisant cinq blessés, ont indiqué les autorités d'occupation prorusses dans un communiqué. "Une voiture a explosé à Melitopol près du bâtiment de la holding de médias 'ZaMedia'", précise le communiqué publié sur Telegram. "Cinq personnes ont été légèrement blessées" dans cette explosion qui a fait voler en éclats les vitres et les portes sur plusieurs étages du bâtiment, selon la même source.

L'un des blessés a été hospitalisé, ajoute le communiqué. La télévision publique russe Rossia 24 a diffusé des images du bâtiment, aux murs intérieurs partiellement brûlés, avec les fenêtres et portes brisées et les escaliers encombrés par des débris. Le bâtiment abritait une chaîne de télévision et une radio prorusses qui "poursuivent leurs activités", ont assuré les autorités.

Selon le journaliste russe Alexandre Malkevitch, qui supervise le travail de la chaîne de télévision ZaMedia, une voiture piégée a explosé au moment où ses employés se dirigeaient vers leurs bureaux dans la matinée. "La puissance (des explosifs) a été de 1,5-2 kilos d'équivalent TNT", a-t-il affirmé, cité par les agences de presse russes. La ville de Melitopol est située dans la région de Zaporijjia, qui a été annexée en septembre par la Russie avec trois autres régions ukrainiennes -- celles de Donetsk, de Lougansk et de Kherson.

Volodymyr Zelensky réclame à la communauté internationale un effort financier

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé mardi à la communauté internationale un effort financier pour couvrir un déficit budgétaire de 38 milliards de dollars prévu l'an prochain en raison de l'invasion russe de l'Ukraine, où les combats font toujours rage à Bakhmout (est). S'adressant par vidéo à des responsables politiques et des experts réunis à Berlin pour une conférence internationale consacrée à la reconstruction de l'Ukraine, M. Zelensky a exhorté les participants à "prendre une décision pour boucher le trou du déficit du budget ukrainien" de 2023.

"C'est une somme très importante de 38 milliards de dollars (...) ce sont les salaires des enseignants, des médecins, ce sont les prestations sociales, les retraites", a-t-il insisté. A l'ouverture de la réunion, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé à "commencer maintenant" cette reconstruction, estimant qu'il s'agissait de "rien de moins que de créer un nouveau plan Marshall pour le XXIe siècle".

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, également présente à cette conférence, a de son côté jugé "stupéfiante" l'ampleur des destructions en Ukraine. "La Banque mondiale estime le coût des dégâts à 350 milliards d'euros (345 milliards de dollars )- c'est assurément plus que ce qu'un pays ou une union peut fournir seul. Nous avons besoin de tout le monde sur le pont", a-t-elle dit.

A Londres, lors de sa première intervention à Downing Street, le nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak a dénoncé "la guerre terrible" menée par la Russie en Ukraine, apportant son soutien à Kiev pour la gagner. Volodymyr Zelensky lui a rapidement répondu sur Twitter, le félicitant pour son arrivée au 10 Downing Street et se disant "prêt" à "continuer à renforcer" les liens entre Kiev et Londres.

Moscou a mené plusieurs séries de frappes massives

Moscou a mené ces dernières semaines plusieurs séries de frappes massives, notamment avec des drones-suicides de fabrication iranienne, contre des infrastructures critiques ukrainiennes.  Le président ukrainien a assuré lundi que la Russie avait commandé "environ 2.000 drones Shahed iraniens" pour appuyer sa campagne de bombardements en Ukraine. Il a critiqué la neutralité observée par Israël depuis l'invasion de son pays par la Russie, qui a permis selon lui une "alliance" entre Moscou et Téhéran et la livraison des drones iraniens à l'armée russe.

"Nous n'avons fourni à la Russie ni armes ni drones à utiliser dans la guerre contre l'Ukraine", a réaffirmé lundi le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian, répétant de précédents démentis. "S'il devenait clair pour nous que la Russie a utilisé des drones iraniens contre l'Ukraine, nous ne serons certainement pas indifférents à cette question".

Un million de foyers ukrainiens ont été privés d'électricité

Les bombardements russes ont provoqué dimanche de nouvelles coupures d'électricité à travers l'Ukraine, entraînant des restrictions et des appels au rationnement. Plus d'un million de foyers ukrainiens ont été privés d'électricité à la suite d'attaques russes contre les infrastructures électriques, avait précisé samedi la présidence ukrainienne. Des coupures de courant tournantes avaient lieu lundi dans différents quartiers de Kiev. La Russie dénonce de son côté une "augmentation considérable" des tirs ukrainiens visant ses régions frontalières, notamment celles de Belgorod et Koursk où des lignes de défense sont en train d'être construites en cas d'attaque.

Le président allemand à Kiev pour une visite surprise

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier est arrivé à Kiev mardi, a indiqué à l'AFP sa porte-parole, confirmant sa visite surprise en Ukraine. "Je me réjouis de ma rencontre avec le président Volodymyr Zelensky à Kiev et avec la population dans le nord du pays, où je veux me faire une idée de leur vie en pleine guerre", a-t-il dit, selon un texte envoyé par la porte-parole.

Avant de rencontrer Volodymyr Zelensky, Frank-Walter Steinmeier va se rendre dans la petite ville de Korjukiwa (au nord du pays, près de la frontière bélarusse), qui avait été occupée par les troupes russes. Cette ville qui est maintenant libérée doit faire face au froid, alors que ses infrastructures sont détruites. Le président allemand va fournir de l'aide à la commune pour ses infrastructures énergétiques. "Mon message aux Ukrainiens: vous pouvez compter sur l'Allemagne! Nous allons continuer à soutenir l'Ukraine: militairement, politiquement, financièrement et sur le plan humanitaire", a-t-il dit.

Frank-Walter Steinmeier va prendre la direction du parrainage avec le président ukrainien du réseau de jumelages de villes allemandes et ukrainiennes. "Plus il y aura de parrainages, plus ce sera facile de passer l'hiver et de construire ensemble un avenir européen", a-t-il dit.

Zelensky réclame une décision pour couvrir un déficit de 38 milliards de dollars

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé mardi les participants à une conférence sur la reconstruction de l'Ukraine à s'engager sur la couverture du déficit budgétaire de 38 millards de dollars prévu l'an prochain en raison par l'invasion russe. "Pour l'Ukraine, il s'agit d'une somme d'argent considérable", a souligné le chef de l'Etat lors d'une intervention par vidéo à cette conférence internationale qui se déroule mardi à Berlin.