L'hymne ukrainien retentit dans les rafales de vent qui balayent le cimetière Nove, à Rivne, une ville moyenne de moins de 250.000 habitants, à 320 km à l’ouest de Kiev en Ukraine, et où les enterrements de soldats se succèdent quasiment au jour le jour. Dans ce contexte de guerre avec la Russie, les deux pays tentent de dissimuler du mieux possible le nombre de soldats morts au combat. Si en Russie, l’immensité du territoire permet de répartir les pertes et de les rendre moins visibles, en Ukraine, sur un territoire 15 fois moins étendu, le carnage du front s’affiche aux yeux de tous dans les cimetières des moindres villes et villages.
>> LIRE AUSSI - DOCUMENT EUROPE 1 - Ukraine : «On n'a pas d'obus», l'inquiétude de cet officier ukrainien face au manque d'armes
C'est le cas à Rivne, où cette fois-ci, une salve de kalachnikov est tirée en l'honneur d'Olexander Morgun (infanterie), 33 ans. Antonia, sa veuve aux yeux fixes comme sidérés, accepte mécaniquement de raconter au micro d'Europe 1. "Il est mort le 27 janvier dernier dans la région de Donetsk. Il a été tué par un drone et des éclats d’explosion. J’ai perdu mon homme et nos deux fils ont perdu leur père", déplore-t-elle.
"Ici, ce sont tous des proches"
Le prêtre bénit la tombe, les pelletés de terre s’écrasent sur le cercueil. C'est la routine mortifère du père Olere. "À l’entrée du cimetière, il y avait un carré nouveau pour nos héros, mais il est déjà plein avec presque 300 morts, et ici on va arriver à 50 tombes de nos héros", explique-t-il. "Hier j’ai eu un enterrement, celui là aujourd’hui... Et vous savez, ici, c’est petit, ce sont tous des proches."
Ce carré 75, secteur 7, est déjà presque plein. Devant lui, un sinistre terrain vague boueux attend de se nourrir des prochains morts au combat, à l'approche des deux ans d'invasion russe de l'Ukraine.