L'Ukraine a estimé avoir ouvert la voie à son offensive vers le sud occupée par l'armée russe, grâce à la prise cette semaine de la localité "stratégique" de Robotyne, présentant cette victoire comme une importante avancée. Dans la capitale ukrainienne Kiev, deux personnes sont mortes mercredi matin à la suite d'une attaque russe "massive" de drones et de missiles, la plus importante "depuis le printemps" selon les autorités.
La Russie a elle été visée par de multiples attaques nocturnes de drones. L'une, chose rare dans le nord-ouest du pays, a détruit ou endommagé plusieurs avions militaires à l'aéroport de Pskov. L'armée russe a indiqué en outre avoir neutralisé de multiples engins au-dessus des régions occidentales de Moscou, Briansk, Orel, Kalouga et Riazan, ainsi qu'en Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014.
Les principales informations :
- Une attaque de drone a été commise contre l'aéroport de Pskov en Russie
- Des navires militaires ukrainiens ont été détruits en mer Noire selon Moscou
- Kiev a été victime d'une attaque de missiles, des explosions ont été entendues
- Deux personnes sont mortes aux suites de cette attaque de missile sur Kiev
- L'Ukraine dit avoir détruit 28 missiles et 15 drones explosifs
La prise de Robotyne ouvre la voie à l'offensive ukrainienne vers le sud
Sur le plan militaire, Kiev a estimé que la prise de la localité de Robotyne, revendiquée lundi, ouvrait la voie à l'offensive ukrainienne vers le sud occupé, jusqu'en Crimée. "En étant retranchés sur les flancs de Robotyne, nous ouvrons la voie vers (les villes du sud) de Tokmak, puis enfin vers Melitopol et la frontière (administrative) de la Crimée", a dit mardi le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, devant des diplomates français à Paris, lors d'un discours rendu public mercredi.
L'armée russe n'a jusqu'ici pas annoncé sa retraite de Robotyne, faisant en revanche état de violents combats dans le secteur et aux abords de la localité voisine de Verbove. "La zone grise Robotyne-Verbove va devenir une fosse commune pour les forces armées de l'Ukraine", a proclamé sur Telegram le responsable de l'occupation russe pour la région de Zaporijjia, Evguéni Balitski.
La contre-offensive ukrainienne lancée en juin dans l'est et le sud s'avère très difficile, avec des avancées réduites en termes de km2. Elle doit notamment faire face aux solides défenses russes, faites de tranchées, de pièges antichars et de champs de mines établis sur des centaines de kilomètres, particulièrement dans le sud.
Deux morts et trois blessés après des "chutes de débris" à Kiev
Loin de la ligne de front, les habitants de Kiev ont été réveillés vers 5 heures locales (2 heures GMT) par les tirs de défense antiaérienne visant des engins russes lancés contre la capitale. Des "chutes de débris" ont fait deux morts et trois blessés, a indiqué le chef de l'administration militaire de la ville, Serguiï Popko, sur Telegram.
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"Kiev n'a pas connu une attaque aussi forte depuis le printemps", a-t-il ajouté, expliquant que la Russie a d'abord visé la ville aux moyens de drones, puis avec des missiles lancés, selon lui, depuis des bombardiers Tu-95MS. "Au total, plus de 20 cibles ennemies ont été détruites" par la défense aérienne, a communiqué Serguiï Popko.
28 missiles de croisière
D'autres régions d'Ukraine, notamment Odessa et Mykolaïv dans le sud, ont également essuyé des attaques nocturnes. Selon l'armée de l'air ukrainienne, tous les 28 missiles de croisières et 15 des 16 drones explosifs Shahed ont pu être détruits. Un autre bombardement dans la région de Donetsk (est) a fait deux morts, selon le parquet régional.
L'armée russe a dit avoir visé des "centres de contrôle et de renseignement" ukrainiens avec des "armes de haute précision", et affirmé avoir détruit toutes les cibles. En mer Noire, Moscou a affirmé avoir coulé plusieurs bateaux militaires ukrainiens, alors que Kiev utilise ses vedettes et drones pour lancer des attaques en Crimée ou contre des navires russes.
L'armée russe avait déjà revendiqué la semaine dernière la destruction d'embarcations ukrainiennes, ce que Kiev avait démenti. Aucun des deux camps ne reconnait publiquement ses pertes militaires.
Pas de mention d'une attaque contre l'aéroport de Pskov
Les territoires russes ont également été visés par de multiples drones durant la nuit et en début de journée mercredi. Le ministère de la Défense a annoncé que les engins avaient été neutralisés ou détruits dans le ciel d'une multitude de régions : Sébastopol, en Crimée annexée, en banlieue de Moscou, Briansk, Orel, Kalouga et Riazan. Les autorités russes n'ont fait état d'aucun dégât.
Par contre, l'armée russe n'a fait aucune mention d'une attaque contre l'aéroport de Pskov, annoncée pourtant pendant la nuit par Mikhaïl Vedernikov, le gouverneur de cette région du nord-ouest de la Russie, frontalière de l'Estonie, de la Lettonie et du Bélarus, et située à quelque 800 km de l'Ukraine.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov s'est borné lui à dire que des "experts militaires travaillent à établir le parcours des drones pour prendre des mesures afin de ne pas permettre la répétition de telles situations". Si l'attaque ne semble pas avoir fait de victimes, une vidéo diffusée par le gouverneur montre un impressionnant incendie, alors que résonnent des explosions.
"La guerre se déplace toujours plus vers la Russie"
Selon le ministère des Situations d'urgence cité par les médias d'Etat, plusieurs "avions Il-76 de l'aviation cargo militaire" ont pris feu. Aucune indication n'a été donnée quant à leur état et leur nombre, les agences russes Tass et Ria évoquant de deux à quatre appareils détruits ou endommagés.
L'aéroport devrait néanmoins rouvir jeudi. Si les régions frontalières de l'Ukraine et Moscou sont visées presque quotidiennement par des drones, les attaques de ce type dans le nord-ouest de la Russie sont rares, soulevant la question de la perméabilité des défenses russes et du lieu dont les appareils sont lancés. "La guerre se déplace toujours plus vers la Russie, et ça ne peut être arrêté", a commenté sur X, l'ex-Twitter, Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne.