Deux ans et demi de guerre en Ukraine, au moins 600.000 morts et blessés depuis le début du conflit. Malgré un réservoir de population de plus de 140 millions d’habitants, l’armée russe peine à remplacer les soldats mis hors de combat.
Faute de nouvelle mobilisation trop risquée politiquement et en manque de volontaires "gratuits", une seule solution : l’argent. Le Kremlin met des milliards d’euros sur la table pour recruter et met la pression sur les régions pour qu’elles abondent les primes d’engagement, à tel point que cette chair à canon vive ou morte vaut dorénavant beaucoup plus que la vie d’un russe ordinaire.
La prime payée à l’engagement payée peut maintenant atteindre plus de 15.000 euros, toute personne, même un étranger signant, peut la recevoir. C'est 60 fois le salaire minimum, et le très respecté grand mufti, plus haute autorité religieuse de la république à majorité musulmane, en rajoute en musique : "Il vaut mieux une vie courte de lion fière que celle longue d'un chien battu."
20.000 euros à la signature
L’armée a besoin d’au moins 200.000 volontaires par an alors le loto de la tranchée se répand. 20.000 euros à la signature d’un contrat à Moscou, pas d’impôts et en prime une mutuelle payée. À Touva, région pauvre et lointaine frontalière de la Mongolie, une famille d’engagé reçoit 50 kilos de farine, deux sacs de pommes de terre et trois tonnes de charbon. Des surenchères qui créent une invraisemblable situation, calcule le journal Novaya Gazeta.
Pour gagner dans le civil en Karaivo-Tcherkessie l’équivalent de ce que donne l’armée à la signature, il faut quatre ans de travail, la guerre, pour beaucoup, est devenue le seul moyen de s’enrichir. Et s’il meurt au combat, l’engagé rapporte encore : plus de 100.000 euros de prime à la famille dans certaines régions, mais à condition que le corps soit retrouvé et ramené au pays.