Guerre en Ukraine : l’aviation russe longue portée à la rescousse, sous la menace de Kiev

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Les Russes font appel à une aviation longue portée, comme ces Mig 31, dans la guerre en Ukraine. © SEFA KARACAN / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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Nicolas Tonev
Au début de l’offensive russe en Ukraine, les chasseurs bombardiers russes s’aventuraient au-dessus du territoire ukrainien au prix de lourdes pertes. L’aviation longue portée a pris le relais, mais ses bases en pleine Russie de l’ouest sont maintenant attaquées. Un nouveau problème pour les tacticiens russes.
ANALYSE

Première semaine de guerre en Ukraine, entre le 26 février et le 5 mars 2022. Jitomir, 150 kilomètres à l’ouest de Kiev. Chaque soir à la nuit tombée, les réacteurs se font entendre dans l’obscurité. Altitude moyenne, stress maximum pour les populations. Les vitres tremblent. Ce sont les chasseurs-bombardiers russes. De temps à autre des explosions, les lueurs orangées, les avions ont largué leurs charges destructrices et mortelles.

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Des bombardements issus de l'aviation russe sur la ville de Jitomir, en Ukraine.
Crédits : Nicolas Tonev/Europe 1

Kiev, quelques jours plus tard : sirènes d’alerte en permanence, fracas des tirs de missiles anti-aériens, passage là encore des avions... C’est le début de l’offensive, les chasseurs-bombardiers russes ont encore l’audace de s’aventurer au cœur de l’Ukraine. Les pertes sont nombreuses : selon les décomptes, au moins 60 bombardiers et chasseurs-bombardiers comme les Soukhoi 25, 30 et très récents 34 sont abattus. Les aviateurs prennent beaucoup de risques au dessus d’un territoire richement équipé de missiles pour les contrer.

Bombarder l'Ukraine à distance de sécurité

Les généraux russes en tirent les conclusions et changent de tactique. Ils font également appel à la "Dalnaya Aviatsia", l’aviation longue portée et à l’aviation à long rayon d’action. L’idée est simple : bombarder l’Ukraine à distance de sécurité avec des appareils qui vont tirer leurs missiles depuis les territoires russes ou biélorusses.

Seul le plus gros bombardier supersonique du monde, le Tupolev 160, n’est semble t-il pas encore convoqué pour ces actions, mais tous les autres appareils les plus performants fabriqués à l’époque soviétique sont utilisés : le gigantesque et spectaculaire Tupolev 95 à hélices souvent lanceur des missiles de croisière KH 101, le Tupolev 22, lanceur des KH22, utilisé sur les fronts afghans et syriens également, et encore l’avion le plus rapide du monde en service, le Mig 31, pour le très moderne et rare missile hypersonique Kindjal. Le meilleur, ou le plus terrible de l’arsenal aérien russe actuel.

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Un missile air-sol tombé en plein centre-ville qui a causé de gros dégâts.
Crédits : Nicolas Tonev/Europe 1

Les généraux russes pris de vitesse par les stratèges de Kiev

Celui-ci a le mérite, aux yeux des stratèges du Kremlin, de pouvoir tirer tous les types de missiles air-sol en possession des forces russes : les plus anciens, les plus lourds, les plus rapides, pour ainsi saturer les défenses ukrainiennes. Le plan était donc parfait jusqu’aux frappes attribuées à Kiev sur les bases aériennes très importantes de Riazan et Engels, plus de 500 kilomètres à l’intérieur du territoire russe.

Le coût militaire n’est pas énorme pour l’aviation russe, avec peut-être deux avions endommagés et trois militaires tués. Mais une nouvelle fois, les généraux de Vladimir Poutine semblent surpris, pris de vitesse par les stratèges de Kiev. Comme si quoi qu’il arrive, ils devaient toujours finir par avoir une idée, une bataille de retard. L’aviation longue portée n’est plus vraiment à l’abri, pas vraiment non plus en dangereuse posture.

Mais l’état-major russe se retrouve avec un petit caillou supplémentaire dans ses chaussures : cette arme, combinée aux navires et à l’artillerie, est indispensable pour maintenir une pression maximum sur Kiev. Elle sert beaucoup plus que prévu au début de l’offensive. Pour la garder parfaitement opérationnelle, les Russes doivent donc renforcer la protection de ces bases et mobiliser sur place hommes et matériels. C'est peut-être l'un des effets recherchés par les forces ukrainiennes.