Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 400e jour de l'invasion russe

Zaporijjia
Le directeur de l'AIEA s'est rendu mercredi à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia. © Mustafa Ciftci / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP
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avec AFP , modifié à
Au 400ème jour de la guerre en Ukraine, l'Agence internationale de l'énergie atomique tente plus que jamais de sécuriser le site de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, au cœur du conflit. Pendant ce temps-là, les affrontements se poursuivent dans le Donetsk et Kiev attend de nouvelles munitions.
L'ESSENTIEL

Un compromis a minima face à un risque militaire croissant : le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique s'est rendu mercredi à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia en quête d'une solution acceptable pour Kiev et Moscou afin de sécuriser le site. L'idée d'une zone démilitarisée autour de ce site du sud-est de l'Ukraine occupé depuis mars par les Russes semble avoir vécu après des mois d'échanges infructueux.

Rafael Grossi, qui a passé quelques heures sur place avant de retourner dans les territoires sous contrôle ukrainien, veut donc désormais travailler sur des "principes" à même de minimiser le risque de "catastrophe" nucléaire. Kiev et Moscou, qui se font la guerre depuis plus d'un an, se sont accusés mutuellement d'avoir bombardé la centrale. Des soldats russes stationnés sur le site de la centrale lors de la visite de Rafael Grossi, mercredi, ont dit qu'ils se préparaient à une éventuelle attaque ukrainienne.

Les principales informations à retenir

  • L'Agence internationale de l'énergie atomique veut sécuriser la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia.
  • L'Ukraine réclame des munitions de plus longue portée que celles de 80 km dont elle disposait jusqu'ici.
  • Une adolescente de 13 ans a écrit une lettre à son père, emprisonné pour avoir critiqué l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Pour pouvoir infliger de nouvelles défaites à la Russiel'Ukraine réclame des munitions de plus longue portée que celles de 80 km dont elle disposait jusqu'ici pour les Himars afin de détruire les voies d'approvisionnement russes. Les Etats-Unis ont promis des munitions pouvant atteindre une cible à 150 km de distance et Moscou affirme que celles-ci ont déjà été livrées. Kiev ne l'a pas confirmé et assure avoir besoin de beaucoup plus d'armements occidentaux. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov juge à cet égard qu'Américains et Européens "combattent de facto" aux côtés de Kiev.

L'Ukraine qualifie la présidence russe du Conseil de sécurité de l'ONU de "mauvaise blague"

L'Ukraine a qualifié jeudi la future présidence russe du Conseil de sécurité de l'ONU, à partir de samedi et pour un mois, de "mauvaise blague".

"La présidence russe du Conseil de sécurité de l'ONU le 1er avril est une mauvaise blague. La Russie a usurpé son siège; elle mène une guerre coloniale ; son président est un criminel de guerre recherché par la CPI pour enlèvement d'enfants", a fustigé sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba.

Craintes autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia

Empêcher une "prise par les armes" : les troupes russes déployées à la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine assurent se préparer à une attaque de Kiev, qui dément et accuse en retour Moscou d'utiliser le site comme "bouclier". Des journalistes ont pu se rendre mercredi sur place à l'occasion de la présence du directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, dans le cadre d'une visite de presse strictement encadrée par l'armée russe.

Selon Rafael Grossi, l'AIEA cherche à obtenir un accord entre les deux belligérants sur plusieurs "principes" clés, notamment ceux de ne pas attaquer cette centrale nucléaire, la plus grande d'Europe, et de ne pas y déployer d'armements lourds. L'Ukraine accuse la Russie d'avoir déployé au moins 1.000 soldats et des équipements dans le complexe pour les protéger des bombardements, Kiev envisageant de mener une contre-offensive dans cette région méridionale.

La question de la consommation de munitions américaines en cas de guerre

Le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, a prévenu mercredi qu'une guerre entre les Etats-Unis et une autre puissance majeure entraînerait une consommation de munitions "extraordinaire", et que le pays devait s'assurer d'être prêt.

L'Ukraine et la Russie ont utilisé un très grand nombre de munitions d'artillerie depuis que Moscou a envahi son voisin en février 2022, ce qui provoque des inquiétudes sur le stock que possèdent les Etats-Unis, eux-mêmes ayant fourni beaucoup de munitions à Kiev. "L'incroyable niveau de consommation de munitions" est une "grande leçon" du conflit en Ukraine, qui reste une "guerre régionale limitée", a déclaré le général Mark Milley.

"S'il y avait une guerre dans la péninsule coréenne, ou une guerre de puissances entre les Etats-Unis et la Russie, cette consommation serait extraordinaire", a-t-il ajouté. "Nous avons encore du travail pour s'assurer que nos (...) stocks sont prêts" afin de faire face à toutes les situations, a affirmé Mark Milley.

La lettre d'une Russe de 13 ans à son père condamné pour avoir critiqué la guerre

"Papa, tu es mon héros" : une collégienne russe âgée de 13 ans a adressé une lettre de soutien à son père condamné à de la prison et en fuite pour avoir critiqué l'offensive en Ukraine. Emblématique de la répression contre ceux qui s'opposent à ce conflit, le cas d'Alexeï Moskaliov, 54 ans, séparé de sa fille Maria, 13 ans, suscite une vive émotion en Russie. L'affaire a pris un tour rocambolesque mardi lorsqu'un tribunal d'Efremov, à 300 km au sud de Moscou, a condamné Alexeï Moskaliov à deux ans de prison pour avoir "discrédité" l'armée, avant d'annoncer que celui-ci s'était volatilisé alors qu'il était en résidence surveillée.

Dans une lettre rendue publique mercredi et dont l'authenticité a été confirmée par l'avocat de la famille, Vladimir Bilienko, Maria Moskaliova exprime son soutien à son père. "Je t'aime beaucoup, tu n'es coupable de rien, je serai toujours de ton côté", écrit la jeune fille, qui a été placée dans un foyer et interdite de tout contact téléphonique avec son père. "Je suis sûre que tout ira bien et que nous serons de nouveau ensemble (...) Je sais que tu ne céderas pas, tu es fort, nous sommes forts (...) Je vais prier pour toi et pour nous", ajoute-t-elle. La situation d'Alexeï Moskaliov, considéré comme un fugitif par les autorités, n'est pas connue, pas plus que celle de sa fille Maria, que l'avocat de la famille n'a pas pu rencontrer.