Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir du 108e jour de l'invasion russe

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Les forces ukrainiennes ont indiqué vendredi avoir bombardé des positions russes dans la région occupée de Kherson © Maxym Marusenko / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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avec AFP , modifié à
La France s'est dite vendredi prête à aider à lever le blocus du port ukrainien d'Odessa, afin de débloquer les céréales à l'origine d'une crise alimentaire mondiale, alors que des combats meurtriers se poursuivaient dans le sud et l'est de l'Ukraine. 
L'ESSENTIEL

La France s'est dite vendredi prête à aider à lever le blocus du port ukrainien d'Odessa, afin de débloquer les céréales à l'origine d'une crise alimentaire mondiale, alors que des combats meurtriers se poursuivaient dans le sud et l'est de l'Ukraine. "Nous sommes à disposition des parties pour, au fond, que se mette en place une opération qui permettrait d'accéder au port d'Odessa en toute sécurité, c'est-à-dire de pouvoir faire passer des bateaux en dépit du fait que la mer est minée", a déclaré un conseiller du président Emmanuel Macron.

Ces déclarations interviennent alors que M. Macron recevait vendredi le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l'Union africaine. M. Sall avait appelé jeudi au déminage du port d'Odessa, et indiqué avoir reçu des assurances du président Vladimir Poutine que les Russes n'en profiteraient pas pour attaquer, comme le redoutent les Ukrainiens.

L'invasion russe lancée le 24 février a paralysé les exportations de céréales de l'Ukraine et provoqué une flambée des prix des céréales et des engrais, menaçant de crise alimentaire de nombreux pays, surtout africains et moyen-orientaux. Le président français doit se rendre en Roumanie et en Moldavie mardi et mercredi, en attendant une visite en Ukraine, dont la date n'a pas encore été fixée, selon l'Elysée.

 

Les principales informations :

  • Les forces ukrainiennes à l'offensive à Kherson
  • Des frappes constantes à Severodonetsk 
  • Macron et Zelensky évoquent l'entrée de l'Ukraine dans l'UE
  • La France prête à lever le blocus du port ukrainien d'Odessa 
  • Ursula Von Der Leyen, la présidente de la commission européenne, a promis de livrer un avis "dès la semaine prochaine" quant à la demande de l'Ukraine d'intégrer l'Union européenne. 

 

Des bombardements ukrainiens sur Kherson

Sur le terrain, les forces ukrainiennes ont indiqué vendredi avoir bombardé des positions russes dans la région occupée de Kherson (sud), dont Kiev redoute une prochaine annexion par Moscou. Depuis plusieurs jours, les Ukrainiens font état de combats dans cette région, dont la quasi-totalité est occupée par les troupes russes depuis les premiers jours de l'invasion.

Les autorités locales mises en place par Moscou réclament haut et fort une annexion. Un négociateur russe a évoqué le 1er juin l'organisation prochaine --peut-être en juillet-- d'un référendum dans les territoires occupés sur cette question. Un projet qualifié d'"illégal" par Kiev et qui rappelle le référendum organisé par la Russie en Crimée en 2014, avant d'annexer la péninsule ukrainienne dans la foulée.

Les combats sont également intenses dans la région de Mykolaïv, voisine d'Odessa.

"Les Russes nous visent à l'artillerie lourde, que ce soit en ville ou dans les villages", a déclaré à l'AFP Vitali Kim, gouverneur de cette région, tout en se félicitant que les Russes aient reculé ces derniers jours. "Ils ne reviendront pas, nous ne les laisserons pas revenir", a-t-il assuré.

Des frappes constantes sur Severodonetsk

Dans le Donbass, la bataille pour la ville-clé de Severodonetsk et sa jumelle Lyssytchansk continue, de plus en plus meurtrière.

"Severodonetsk, Lyssytchansk et d'autres villes du Donbass, que les occupants considèrent maintenant comme leurs cibles, tiennent bon", a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans une allocution jeudi soir. Un peu plus tard, dans son habituel message quotidien du soir, il a fait état "de très violents combats" dans le Donbass. "La Russie veut dévaster chaque ville du Donbass, chacune, sans exagération. Comme Volnovakha, comme Marioupol", a-t-il relevé.

"Les militaires ukrainiens font tout pour arrêter les attaques des occupants", a-t-il lancé.

Mais les combats se poursuivent dans Severodonetsk et les bombardements sont constants, a indiqué vendredi Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région. Il a souligné notamment que le Palais des glaces, un des symboles de la ville, avait été détruit dans un incendie résultant d'un bombardement russe.

Après avoir affirmé il y a trois jours que Moscou s'était fixé pour objectif de prendre la ville d'ici le 10 juin, il s'est félicité qu'ils n'aient "pas réussi".

Prendre Severodonetsk ouvrirait à Moscou la route d'une autre grande ville du Donbass, Kramatorsk, étape importante pour conquérir l'intégralité du bassin du Donbass, région essentiellement russophone de l'est de l'Ukraine, en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.

La bataille est particulièrement meurtrière, avec "jusqu'à 100 soldats" ukrainiens tués et 500 blessés chaque jour, a indiqué jeudi le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov. Les Russes ne disent rien sur leurs pertes.

Les Ukrainiens réclament des armes plus puissantes

L'Ukraine pourrait toutefois reprendre Severodonetsk "en deux, trois jours", dès qu'elle disposera d'artillerie occidentale "de longue portée", avait assuré jeudi M. Gaïdaï. Les Ukrainiens ne cessent de réclamer à leurs alliés occidentaux de nouvelles armes plus puissantes.

La livraison de systèmes de lance-roquettes multiples, notamment des Himars d'une portée d'environ 80 km, soit légèrement supérieure aux systèmes russes, a été annoncée par Washington et Londres, mais on ignore quand les Ukrainiens pourront commencer à les utiliser.

L'armement occidental arrive au compte-goutte car les alliés veulent s'assurer que Kiev est capable de l'absorber en toute sécurité et de limiter les risques de bombardement de ses stocks de munitions, selon des sources militaires américaines. Dans ce contexte, le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a fait une visite non annoncée de deux jours à Kiev. Le président Zelensky l'a remercié pour le rôle moteur de Londres dans le soutien occidental à l'Ukraine.

"Les mots se transforment en actions. C'est ce qui fait la différence entre les relations entre l'Ukraine et le Royaume-Uni et celles entre l'Ukraine et d'autres pays", a déclaré en le recevant M. Zelensky, dans une apparente pique à l'encontre d'autres pays européens, qu'il n'a pas nommés.

"Les Britanniques font preuve d'un vrai leadership dans les questions de défense", a souligné le président ukrainien dans son message du soir. Un peu plus tôt, il avait déclaré: "Depuis 107 jours, l'Ukraine et notre peuple résistent héroïquement à l'agression russe. Notre résilience est un mystère et presque un miracle pour beaucoup. Nous passons un test de survie".

Renforcement du flan oriental de l'Otan

La visite de M. Wallace intervient au lendemain de l'annonce par les autorités de la "république" séparatiste prorusse de Donetsk de la condamnation à mort pour mercenariat de deux Britanniques et d'un Marocain ayant combattu coté ukrainien --Aiden Aslin, Shaun Pinner et Brahim Saadoun.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson est "consterné" par cette condamnation, a indiqué vendredi Downing Street, disant travailler avec Kiev à leur libération. "Clairement, ils servaient dans les forces armées ukrainiennes et sont des prisonniers de guerre" et non des mercenaires, a déclaré le porte-parole de M. Johnson.

Berlin a aussi qualifié de "choquante" cette condamnation tandis que le Haut commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme se disait préoccupé.

"Depuis 2015, nous avons observé que le soi-disant système judiciaire de ces républiques autoproclamées ne satisfait pas aux garanties essentielles d'un procès équitable", a déclaré une porte-parole depuis Genève.

Au 107e jour de la guerre, les chefs d'Etat de neuf pays d'Europe centrale et orientale (Roumanie, Pologne, Hongrie, Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, République tchèque, Slovaquie) se sont par ailleurs retrouvés vendredi à Bucarest, pour demander un renforcement du flanc oriental de l'Otan face à l'agression russe en Ukraine, à moins de trois semaines d'un sommet de l'Alliance à Madrid.

"Face aux risques accrus pour la sécurité en Roumanie et en mer Noire, consolider l'Otan sur son flanc Est (...) devient d'autant plus urgent et crucial", a déclaré le président roumain Klaus Iohannis en ouvrant la réunion, co-présidée par son homologue polonais Andrzej Duda.

Quid de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne ? 

C'est l'autre demande insistante de Kiev : intégrer sans délai l'Union européenne en bénéficiant d'une procédure simplifiée. La Commission européenne finalisera son avis "la semaine prochaine" sur les ambitions de l'Ukraine de se porter candidate à l'adhésion à l'UE, a annoncé samedi sa présidente, Ursula von der Leyen, en visite à Kiev. "Les discussions d'aujourd'hui vont nous permettre de finaliser notre évaluation d'ici la fin de la semaine prochaine", a déclaré Mme von der Leyen après une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

La cheffe de la Commission européenne doit encore s'entretenir avec le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal pour cette visite à Kiev, sa deuxième depuis le début de la guerre, la précédente ayant eu lieu le 8 avril." Nous ferons le point sur le travail commun nécessaire à la reconstruction et sur les progrès accomplis par l'Ukraine sur la voie de l'Europe", avait-elle indiqué plus tôt samedi aux journalistes, dont l'AFP, l'accompagnant dans sa visite. 

L'Ukraine réclame un "engagement juridique" concret d'ici fin juin de la part des Européens pour obtenir un statut de candidat officiel à l'entrée dans l'UE, mais les 27 restent à ce stade très divisés sur la question.