Washington a donné l'autorisation à l'Ukraine de frapper le territoire russe avec des missiles à longue portée fournis par ses soins. L'arrivée de ces ogives balistiques, capables d’atteindre des cibles à une portée de 300 kilomètres, dans l'arsenal de Kiev marque une nouvelle étape dans le conflit qui dure depuis bientôt 1.000 jours.
Un tournant dans la guerre ? À quelques mois de l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’administration Biden continue de soutenir l’Ukraine dans son conflit avec une Russie plus que jamais sur l'offensive . Pour aider Kiev, Washington a donné l'autorisation à l'armée de Volodymyr Zelensky d’utiliser des missiles à longue portée ATACMS (Army Tactical Missile System) pour frapper le territoire de Vladimir Poutine.
Ces engins explosifs de haute technologie, fournis à l’Ukraine par les États-Unis, sont un nouvel atout pour Kiev qui peut maintenant ajouter à son arsenal une arme d’une grande précision. "Ces missiles sont souvent tirés depuis le sol et ils peuvent couvrir une distance généralement de 300 kilomètres", indique à Europe 1, Jean-Vincent Brisset, général de brigade aérienne et chercheur associé à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). "Ils ont une précision de 10 à 50 mètres et ils peuvent transporter une charge explosive de 250 kilos", précise-t-il.
"La Russie va devoir réfléchir à se défendre autrement"
Le droit d’utiliser ces missiles est une demande de longue date faite par l’Ukraine aux États-Unis, avec le soutien de l’Union européenne, afin de frapper des cibles situées au plus profond du territoire russe. Un temps réfractaire, pour éviter une escalade, le pays de l’Oncle Sam offre désormais à Kiev l’occasion d’attaquer directement des cibles stratégiques du Kremlin. "La Russie va devoir réfléchir à se défendre autrement. Elle va être obligée de protéger des bases aériennes ou des points de regroupement présents sur ses positions arrière", développe Jean-Vincent Brisset.
De plus, ces missiles sont compliqués à intercepter pour les systèmes de défense aérienne. "Ils se déplacent en peu en dessous de la vitesse de son. Pour faire 300 kilomètres, il faut 20 minutes au missile", précise l’expert. Pour rappel, la Russie avait montré des failles dans sa capacité à intercepter des engins aériens. En mai 2023, un drone ukrainien avait explosé tout proche du Kremlin , le centre névralgique du pouvoir Russe.
Pourtant, ces engins sont bien moins avancés que les missiles de longue portée. "Un drone kamikaze est beaucoup plus lent donc plus facile à intercepter pour les défenses. Pour faire 300 kilomètres, il met environ 1 heure", explique Jean-Vincent Brisset. "Le missile longue portée a lui une très bonne capacité de pénétration et il adapte sa navigation avec précision grâce à des GPS et des systèmes basés sur l’inertie", ajoute-t-il.
Vers une escalade du conflit ?
En cas d'utilisation de ces missiles américains par l’Ukraine, Vladimir Poutine avait annoncé que cet acte signifierait que "les pays de l'Otan sont en guerre contre la Russie". Pour l’heure, la quantité d’ATACMS n’est pas encore totalement connue, mais leur utilisation requiert un ciblage très précis. "Pour la désignation des cibles, les Ukrainiens ont besoin de données très précises qu’ils obtiendront que grâce aux moyens (satellites NDLR) de l’Otan", souffle Jean-Vincent Brisset. Une participation logistique de l’organisation transatlantique qui marquerait une nouvelle étape dans la guerre qui attendra les 1.000 jours ce mardi.
De son côté la Russie a promis une réponse "appropriée" sur le champ de bataille en cas de tir par l'Ukraine de missiles de longue portée américains contre son territoire.