Des élèves d'un village amérindien de la région du Haut Maroni, en Guyane, ont demandé vendredi à François Hollande la création d'un collège dans leur village, a-t-on appris auprès de la députée de Guyane, Chantal Berthelot (DVG).
"Les enfants ne sont pas surveillés". Au cours de la cérémonie de remise des prix de l'Audace artistique et culturelle, à l'Elysée, des élèves du village de Taluen, dont le jeune Riddick, 10 ans, ont remis au président de la République deux courriers réclamant la création d'un collège. Le premier courrier émane du chef Aiku Alemin, porte-parole du peuple Wayana et conseiller municipal de Maripasoula, qui estime la construction d'un collège à Taluen "indispensable", pour aider les enfants qui souhaitent poursuivre leurs études, sans être obligés d'être envoyés dans des familles d'accueil sur le littoral guyanais où "les enfants ne sont pas surveillés, vont rarement en cours et sont donc livrés à eux-mêmes, s'adonnant à la drogue, l'alcool etc..."
Des conditions d'éducation "respectables". Il a rappelé que deux parlementaires, la sénatrice (EELV) de Seine-Saint-Denis Aline Archimbaud et la députée (PS) d'Ille-et-Vilaine Marie-Anne Chapdelaine, avaient remis en décembre un rapport consacré aux suicides des jeunes amérindiens de Guyane. Depuis, "de grands espoirs et de fortes attentes sont nés sur la rive française du Maroni", explique-t-il, demandant au chef de l'Etat de "permettre à nos enfants de bénéficier de conditions d'éducation respectables et dignes de notre République".
Une pression démographique "exponentielle". Dans l'autre courrier, la députée Chantal Berthelot souligne la "pression démographique exponentielle" que connaît la Guyane, avec, au cours de la période 2015-2020, une augmentation des effectifs de 5.000 élèves dans le 1er degré, de 10.000 élèves dans les collèges et de 7.000 élèves dans les lycées. Elle note que le rapport parlementaire sur les suicides préconisait "la création d'un lycée à Maripasoula et d'un +mini-collège+ en pays Wayana, à Taluen". "La création, a minima, d'une classe de 6e et d'une classe de 5e apparaît dans l'immédiat indispensable", ajoute la députée, mais ces classes n'étant prévues dans aucun cadre financier engagé ou à l'étude, j'ai aujourd'hui l'honneur de solliciter votre haute bienveillance pour accorder un financement extraordinaire permettant leur création à Taluen".