Le préfet de Guyane a annoncé vendredi une suspension provisoire des guichets d'accueil des demandeurs d'asile à la préfecture et à la Croix rouge, invoquant un "service saturé", "un stock" de demandes à traiter, "des structures pas calibrées" et un "usage abusif" de ce type de procédures.
Une explosion des demandes. Le préfet Martin Jaeger a évoqué, au cours d'un point presse à l'hôtel préfectoral à Cayenne, une explosion des demandes d'asile faisant état de "4.500 demandes d'asile enregistrées en Guyane mi-août", contre "2.700 en 2015" et "1.000 en 2014". Le préfet a en particulier fustigé de "faux demandeurs d'asile haïtiens" qui font selon lui "un usage opportuniste et abusif de la demande d'asile" après être passés notamment par le Brésil avec "un visa humanitaire" ou par le Surinam "avec un visa touristique".
Des demandes "abusives". Ce "flux" provoque un goulot d'étranglement aux guichets en Guyane préjudiciable "à l'organisation" des services préfectoraux et à ceux qui ont véritablement "besoin de protection" a-t-il poursuivi. Le préfet a ajouté que ces demandes selon lui "abusives" sont "presque systématiquement rejetées" par l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et des apatrides) "car ces personnes viennent en Guyane pour des raisons économiques (...) ce qui n'est pas un critère de la demande d'asile".
Plus simple pour les réfugiés du Moyen-Orient. A l'inverse, le préfet fait état d'un "flux faible - 150 personnes - de demandeurs d'asile en provenance du Moyen-Orient", transitant par le Brésil, lesquels obtiendraient, selon lui, "quasiment tous le statut de réfugiés" via "une procédure rapide de trois mois". Interrogé sur l'absence - régulièrement déplorée par la Cimade - de centre d'accueil des demandeurs d'asile (Cada) en Guyane, le préfet a assuré qu'il "milite" auprès du ministère de l'Intérieur "pour l'ouverture d'un Cada de 150 places en Guyane". En l'état en Guyane, 80 places sont proposées par la Croix Rouge, saturées. Selon Martin Jaeger "70 (autres) demandeurs d'asile" seraient pris en charge par la préfecture, dans des "hôtels" et d'autres "structures" d'hébergement.