Vendredi, le parquet antiterroriste allemand a révélé que l'auteur présumé de l'attaque contre une synagogue et un restaurant turc de Halle, en Allemagne, a avoué la motivation antisémite de son acte. Stephan Balliet, un Allemand de 27 ans, a "passé des aveux complets, il a confirmé ses motivations antisémites et d'extrême droite lors d'un 'très long' interrogatoire par un juge", selon un porte-parole du parquet fédéral.
Après avoir tenté en vain mercredi de pénétrer dans la synagogue, en plein Yom Kippour, le tireur, muni de quatre armes et d'explosifs, a abattu une passante puis, quelques minutes plus tard, un jeune homme dans un restaurant de kebabs. Il a finalement été arrêté par la police à la suite d'une course-poursuite en voiture.
Un extrémiste de droite "marqué par un antisémitisme effrayant"
Le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd si la porte fermée à double tour de la synagogue n'avait pas résisté aux coups de fusil de l'assaillant. L'assaut, filmé et diffusé en direct pendant 35 minutes sur une plateforme de streaming, a été mené par un extrémiste de droite "marqué par un antisémitisme effrayant, une haine de l'étranger" et "lourdement armé", selon le procureur antiterroriste, Peter Frank.
L'hebdomadaire Der Spiegel à paraître samedi révèle que Stephan Balliet, alors âgé de 18 ans, avait été formé en 2010 et 2011 à utiliser un fusil d'assaut lors d'un service militaire de six mois dans l'armée allemande. "Rétrospectivement, nous pouvons nous réjouir qu'il n'ait pas beaucoup appris dans la Bundeswehr, sinon il aurait pu tuer beaucoup plus de gens à Halle", a affirmé une source militaire allemande au journal.
"Dans sa vision du monde, il blâme les autres pour sa propre misère"
Dans la vidéo de ses actes, postée sur une plateforme de streaming, il a nié l'existence de la Shoah et s'en prenait aux juifs. Il a aussi publié sur Internet un "manifeste" dans lequel il exprime ses vues antisémites. Son avocat, Hans-Dieter Weber, a expliqué vendredi dans une interview à la chaîne publique ARD que son client était intelligent, éloquent, mais socialement isolé.
Selon lui, l'élément déclencheur de son acte serait qu'il tenait d'autres personnes responsables de ses propres problèmes : "Dans sa vision du monde, il blâme les autres pour sa propre misère."
Sécurité renforcée
Lors de perquisitions au domicile de son père, les enquêteurs ont découvert une imprimante 3D qui lui aurait permis de fabriquer ses propres armes, avance le magazine Spiegel. Dans sa chambre au domicile de sa mère, situé dans le village voisin, les policiers ont également récupéré un disque dur. Cette dernière a précisé au Spiegel que la porte de la chambre de son fils était toujours fermée à clé de sorte que personne ne pouvait y pénétrer.
La communauté juive a elle critiqué l'insuffisance des mesures de protection des synagogues et lieux de culte. Le gouvernement d'Angela Merkel a promis jeudi de "considérablement" renforcer cette protection alors que cette tentative de "massacre" antisémite et raciste a provoqué une onde de choc dans un pays toujours hanté par son passé nazi.
Le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer a ainsi promis que les synagogues et lieux de culte juifs seraient "mieux protégés" à l'avenir. Ce qui s'est produit mercredi à Halle constitue une "honte pour le pays tout entier". "Avec notre histoire, une telle chose ne doit pas arriver", a-t-il fait valoir. La communauté juive allemande, en plein essor en Allemagne 75 ans après l'Holocauste, commence vendredi soir à commémorer Shabbat dans un climat pesant et dans des synagogues où les mesures de sécurité ont été partout renforcées.