Des ONG anti-alcool ont dénoncé jeudi un partenariat en Afrique entre le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et le brasseur Heineken. Annoncé lors du Forum économique mondial de Davos, le partenariat doit permettre au groupe néerlandais de distribuer des médicaments et matériels de santé sur le continent, surtout dans des régions reculées. "Nous comprenons la nécessité de chercher de nouveaux mécanismes de financement pour la santé mondiale", ont écrit dans une lettre ouverte trois alliances d'organisations non gouvernementales.
L'alcool, facteur important pour le VIH. "Cependant, nous attirons respectueusement l'attention sur les dangers inhérents à des partenariats avec les producteurs et promoteurs de produits dangereux tels que l'alcool", ont-ils ajouté. Les directrices d'IOGT International (prévention contre l'alcool et les drogues), NCD Alliance (maladies non transmissibles) et Global Alcohol Policy Alliance (prévention contre l'alcool) appellent le Fonds à "mettre fin immédiatement" à ce partenariat. De nombreuses études médicales ont montré que l'alcool était un facteur de risque important pour la tuberculose et le VIH/sida. "Les partenariats avec l'industrie des boissons alcoolisés sont intrinsèquement chargés de conflits d'intérêt", d'après les ONG.
RDC, Nigeria, Afrique du Sud. Mais le Fonds mondial a estimé que ce partenariat bénéficierait aux pays visés. "Les spécialistes de la chaîne d'approvisionnement de Heineken travailleront avec les logisticiens du Fonds mondial pour améliorer l'acheminement et faire venir des médicaments et matériels médicaux à ceux qui en ont besoin", a déclaré son porte-parole, Seth Faison. Le partenariat a démarré en République démocratique du Congo, en Afrique du Sud et au Nigeria. Le Fonds, né en 2002, est lui-même un partenariat entre États, organisations de la société civile, secteur privé (dont Heineken) et malades. Il investit près de quatre milliards de dollars par an, venus à 95% du privé, pour soutenir des programmes de santé publique menés principalement par des experts locaux.