Après les violences contre des supporters israéliens à Amsterdam jeudi, en marge de la rencontre entre l'Ajax et le Maccabi Tel-Aviv, quatre vols spéciaux d'évacuation étaient prévus vendredi, à destination d'Israël. Deux autres sont également prévus ce samedi 9 novembre. Les heurts ont été qualifiés d'"explosion d'antisémitisme" par la maire d'Amsterdam.
Un premier avion transportant des supporters israéliens évacués d'Amsterdam a atterri à Tel-Aviv ce vendredi, sur fond de violences en marge d'un match de football entre l'Ajax et le Maccabi Tel-Aviv, qui ont suscité l'indignation dans le monde. La police néerlandaise a fait état de cinq personnes essentiellement hospitalisées et de 62 arrestations après les violences de la nuit, qualifiées d'"explosion d'antisémitisme" par le maire de la ville, vers laquelle Israël a dépêché des avions pour rapatrier les supporters.
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Ces violences représentent une "explosion d'antisémitisme" qui "n'avait pas été vue depuis longtemps", a déclaré la maire d'Amsterdam Femke Halsema, faisant état de personnes qui ont frappé des supporters de l'équipe Maccabi Tel-Aviv avant d'allumer le feu, avec les "voyous sur des scooters" à la recherche des supporters israéliens. Elle a également annoncé un renforcement des mesures de sécurité ainsi qu'une interdiction temporaire des manifestations dans la capitale. Le Premier ministre néerlandais Dick Schoof a qualifié les "attaques antisémites" de cette nuit d'"inacceptables".
Le choc en Israël
En plus des vols réguliers, quatre vols spéciaux d'évacuation étaient prévus vendredi et deux autres samedi, selon une porte-parole de la compagnie aérienne israélienne El Al. "Cela signifie que 1.850 Israéliens sont revenus d'Amsterdam à Tel-Aviv", a-t-elle précisé. De leur témoignage, il ressort que les agressions dont ils ont été victimes avaient été planifiées, organisées en amont.
En Israël, l'incompréhension règne. Plusieurs heures avant le match, le Mossad et le département de surveillance de l'antisémitisme au ministère israélien des Affaires étrangères avait repéré des signaux alarmants sur certains réseaux sociaux néerlandais. Des avertissements avaient par la suite été transmis aux autorités locales sans qu'ils soient véritablement suivis d'effets. La police d'Amsterdam n'ayant pas été capable d'empêcher le déchaînement de violence, les médias en Israël s'interrogent également sur le fait que les supporters du Maccabi n'aient pas été avertis des risques qu'ils encouraient.
Au-delà des défaillances sécuritaires, les événements d'Amsterdam ravivent une mémoire douloureuse en Israël. Les responsables politiques, notamment le président de l'État israélien, les ont qualifiés de véritable pogrom. De nombreux politiciens et éditorialistes en arrivent à s'interroger sur l'avenir même des communautés juives dans certains pays d'Europe.
Réactions scandaleuses
Plusieurs chefs d'Etat ont exprimé leur indignation. Le président américain Joe Biden a qualifié d'"abjectes" ces "attaques antisémites" qui rappellent "les moments sombres de l'Histoire, quand les juifs étaient persécutés".
"Choqué" par ces violences, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a lui condamné "toute forme d'antisémitisme et d'islamophobie", tout comme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré des "attaques" ignobles". Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, se divertit avec son homologue néerlandais, Caspar Veldkamp, qui exige "d'assurer la sécurité immédiate de toutes les personnes en danger".
"Incident effroyable"
En Israël, les scènes de violence ont suscité une vive émotion, dans un contexte marqué par la montée des actes antisémites dans le monde après la guerre entre Israël et le Hamas, ont déploré en septembre les représentants de l'UE et des États-Unis. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dit considérer "l'effroyable incident avec la grande gravité" et "exiger (les autorités des Pays-Bas) d'agir vigoureusement et rapidement contre les émeutiers". Il a ailleurs ordonné au Mossad, le renseignement extérieur israélien, d'élaborer un plan d'action pour prévenir les violences lors de futurs événements sportifs. Ces événements ne "rien à voir avec le football", a commenté le patron du Maccabi Tel-Aviv, Ben Mansford, à son retour en Israël.
"Le fait que j'aie été attaqué parce que j'étais juif et que je venais encourager mon équipe n'a aucun sens. Ce n'est pas lié au football, c'est lié à l'antisémitisme et à la haine" , déclare Amit Ganor, supporter du Maccabi Tel-Aviv âgé de 21 ans, après l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol.
Fondé sous un autre nom en 1906, le Maccabi Tel-Aviv est le club le plus ancien et le plus titré d'Israël. Ces sympathisants n'ont pas de références particulières à la violence, mais les images qui circulent sont vendues sur les réseaux sociaux et présentées sous forme de films filmés amsterdam - dont l'AFP n'a pas encore pu vérifier l'origine - montre ce qui semble être des dizaines de fans du club chantant en hébreu "Que l'armée sraélienne gagne ! On va niquer les Arabes !".
"Racisme anti-palestinien"
Jeudi après-midi, une centaine de supporters israéliens se sont rassemblés sur la place du Dam, entourés d'un important dispositif policier, avant de regagner le stade Johan Cruyff d'Amsterdam. Dans un communiqué, la fédération palestinienne de football a dénoncé le "racisme anti-palestinien et l'islamophobie manifestés par les supporters du Maccabi Tel-Aviv, qui ont également attaqué les maisons et les magazines arborant le drap palestinien en solidarité avec les victimes du génocide en cours".
Un rassemblement propalestinien condamnant la salle du club israélien était initialement prévu aux abords du stade, mais avait été déplacé un peu plus loin dans le quartier par la mairie pour des raisons de sécurité. Les services du Premier ministre israélien ont appelé les supporters de la section basket du Maccabi Tel-Aviv à éviter un match du club vendredi en Italie, disant craindre "une vague d'actions similaires". La rencontre n'a toutefois donné lieu à aucun incident.
Interrogé sur le match de football France-Israël, prévu jeudi au Stade de France, le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a déclaré qu'il n'accepterait pas sa délocalisation. "La France ne recule pas car cela reviendrait à abdiquer face aux menaces de violence et face à l'antisémitisme", a-t-il écrit sur X.