La police de Hong Kong a justifié lundi le recours pour la première fois à des canons à eau et au tir d'un coup de semonce à l'arme feu la veille après plus de deux mois de contestation pro-démocratique, blâmant des manifestants "extrêmement violents".
Les affrontements de dimanche dans la banlieue de Tsuen Wan ont été parmi les plus violents depuis le mois de juin, et e mouvement ne montre guère de signes d'affaiblissement. Le gouvernement pro-Pékin n'entend, lui, faire aucune concession. "Des manifestants extrêmement violents ont dévié du parcours initial, obstruant les routes, vandalisant les magasins et les tunnels, lançant des bombes à essence, des briques et divers projectiles sur les policiers", a détaillé lundi la police dans un communiqué. A la tombée de la nuit dimanche, un groupe d'officiers de police s'est retrouvé coincé par des manifestants armés notamment de briques qui les menaçaient, a poursuivi la police.
"Pas d'autre choix"
Un policier est tombé au sol sous une pluie de coups, incitant six de ses collègues à dégainer leurs armes de poing et, "n'ayant d'autre choix, un coup de semonce a été tiré en l'air", a-t-elle expliqué. C'est la première fois qu'une balle réelle est tirée depuis le début de la crise, faisant craindre qu'elle ne s'envenime davantage.
Dangerous times in #HongKong... https://t.co/bH4GoVpFCc
— Stephen McDonell (@StephenMcDonell) August 25, 2019
La police a également défendu le recours à deux véhicules dotés de canons à eau, pour disperser les manifestants. Autre signe d'escalade, les forces de l'ordre ayant jusqu'à présent toujours affirmé ne vouloir utiliser cette technique qu'en cas de "perturbation à grande échelle de l'ordre public". Courants dans de nombreux pays, ils constituent une grande nouveauté à Hong Kong, où ils n'avaient encore jamais été employés contre des manifestants.
En outre, la police a condamné "strictement" les manifestants ayant "délibérément blessé des policiers", alors que quinze membres des forces de l'ordre ont été blessés dans ces échauffourées. Vingt-neuf manifestants, âgés de douze à 48 ans, dont sept femmes, ont été interpellés pour rassemblement illégal, possession d'armes et agression de la police.
Des "mesures implacables" contre les manifestants violents
La police a appelé "le public à se dissocier des manifestants violents", promettant "des mesures implacables" afin de traduire les contrevenants en justice.
Le tir de semonce a provoqué la colère du public et enflammé les réseaux sociaux, où un porte-parole de la police était tourné en dérision pour avoir vanté le comportement "courageux et la retenue" de la police anti-émeute dimanche.
"Si la police n'est pas capable de contrôler son émotion, comment peut-elle faire preuve de courage et de retenue ?", a notamment commenté un utilisateur de Facebook.
L'après-midi de dimanche avait commencé par une marche autorisée de milliers de Hongkongais pacifiques sous leurs parapluies, à travers Tsuen Wan. En début de soirée, des heurts se sont produits entre des manifestants radicaux et les forces de l'ordre, échangeant cocktails molotov contre gaz lacrymogènes.
La stratégie de la "terreur blanche"
Né de l'opposition à un projet de loi, désormais suspendu, visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale, le mouvement s'est mué en une campagne plus large en faveur d'un système plus démocratique. Depuis juin, le gouvernement de Hong Kong a eu recours à tout un éventail de méthodes, allant de l'intimidation à la propagande en passant par la pression économique, pour tenter de contenir la contestation sur ce territoire qui est aussi un centre financier international. Une stratégie que les manifestants qualifient de "terreur blanche".
Samedi, Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif, qui a récemment évoqué la recherche d'"un dialogue", a rencontré des personnalités politiques et du monde de l'éducation pour discuter de la situation. "Mais peut-on nommer une seule personne en mesure de représenter honnêtement et véritablement les protestataires dans la rue ? Non. Pas une seule", a déclaré à la presse lundi le parlementaire James To Kun-sun, qui soutient le mouvement.