Malgré les protestations en Hongrie et à l'étranger, le président hongrois Janos Ader a promulgué lundi une loi controversée. Un texte considéré comme dirigé contre l'Université d'Europe centrale (CEU) financée par le milliardaire américain d'origine hongroise George Soros. La loi, qui modifie la législation de 2011 sur l'éducation supérieure, "n'enfreint pas la liberté d'étudier ou d'enseigner" reconnue par la Constitution hongroise, a assuré Janos Ader dans un communiqué rendu public par l'agence de presse d'Etat MTI.
"Une agression politique préméditée". Dans un communiqué, l'université a répondu qu'elle allait engager des poursuites juridiques contre cette loi "discriminatoire" : "Cette législation constitue une agression politique préméditée contre une institution libre qui fait fièrement partie de la vie hongroise depuis un quart de siècle (...) et nous allons nous y opposer avec tous les moyens juridiques possibles".
Des manifestations. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Budapest en soutien à la CEU, établissement anglophone créé en 1991 dans la capitale hongroise par George Soros, devenu la bête noire du Premier ministre souverainiste Viktor Orban, dont Janos Ader est un proche allié.
Priver de licence certains instituts. La nouvelle législation, votée mardi par le Parlement, prévoit notamment de priver de licence les instituts d'enseignement étrangers qui ne disposent pas de campus dans leur pays d'origine. Cette disposition vise tout particulièrement l'Université d'Europe centrale fondée peu après la chute du communisme en Europe pour promouvoir "la bonne gouvernance, le développement durable et la transformation sociale".
Un brillant établissement en sciences politiques. Viktor Orban, un admirateur du président russe Vladmir Poutine, hostile comme lui à George Soros envers lequel il a multiplié les attaques ces dernières années, a notamment accusé la CEU de "tricher" avec la loi hongroise. Cette université, qui revendique 1.800 inscrits en provenance de 100 pays et compte parmi les 50 meilleurs établissements du monde en sciences politiques selon le classement QS World University Rankings, a formellement rejeté ces accusations.
Une pétition internationale. Les menaces pesant sur la CEU ont suscité un vaste mouvement de mobilisation. Plus de 900 universitaires de monde entier, dont 18 prix Nobel, ont signé une pétition exigeant le retrait de cette loi. Le département d'Etat américain, la Commission européenne et plusieurs responsables européens ont aussi exprimé leur préoccupation.