Le Premier ministre Jean Castex a présidé, vendredi à l'aéroport d'Orly, une cérémonie nationale d'hommage à l'occasion du rapatriement du corps des six humanitaires français tués dimanche au Niger. Devant les proches des victimes, le chef du gouvernement, très ému, a assuré : "la France toute entière porte le deuil de vos enfants".
"Les victimes étaient venues faire le bien, et elles ont rencontré le mal", a-t-il encore dit alors que les six jeunes Français, qui travaillaient pour l'ONG Acted, étaient partis en excursion pour observer les girafes dans la région de Kouré, à 60 kilomètres au sud-est de la capitale Niamey. "Devant ces six cercueils alignés, je veux avant tout exprimer la peine, la douleur, l'incompréhension, la colère de tous le Français", a ajouté le chef du gouvernement, en évoquant devant les familles des victimes "des enfants dont vous pouvez être fiers, dont la France entière peut être fière".
Alors que les familles des victimes avaient demandé une cérémonie très intime, Jean Castex est arrivé une heure en avance pour s'entretenir avec elles. Il s'est ensuite recueilli en silence devant les cercueils alignés et recouverts de draps bleus.
"Pas question de céder un pouce de terrain au fanatisme criminel"
"Cette incarnation du mal, la France ne la connaît malheureusement que trop (...), c'est très vraisemblablement la même haine, la même lâcheté, la même inhumanité qui étaient à l'oeuvre au Niger et au Bataclan", a-t-il ajouté, en martelant qu'il n'était "pas question de céder un pouce de terrain au fanatisme criminel et aux ennemis de la liberté d'agir, de penser et de s'engager".
"Ces enfants qui viennent de vous être arrachés par des tueurs sanguinaires pourraient être les miens, ils avaient entre 25 et 31 ans ils étaient jeunes, généreux et brillants", a encore dit Jean Castex, en saluant "leur altruisme" et "leur engagement".
"Ce crime odieux a tout d'une attaque terroriste"
Dans la matinée, les dépouilles des six jeunes - quatre femmes et deux hommes - avaient été rapatriées en France par avion depuis Niamey, cinq jours après le drame. Pour le chef du gouvernement, accompagné par le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti et le secrétaire d'État chargé des Français de l'étranger Jean-Baptiste Lemoyne, "ce crime odieux" "a tout d'une attaque terroriste" même s'il n'a jusqu'à présent pas été revendiqué.
Selon les premiers éléments de l'enquête antiterroriste ouverte à Paris, l'attaque "paraît avoir été préméditée" avec pour objectif de "cibler des Occidentaux", a indiqué vendredi une source judiciaire. Les experts pointent du doigt l'État islamique au Grand Sahara (EIGS), actif dans la zone des "trois frontières" (Mali, Niger, Burkina Faso) où il est pourchassé par les armées nationales et la force française Barkhane, qui déploie plus de 5.000 hommes au Sahel.