Les signataires de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien se sont retrouvés mercredi dans une ambiance tendue à l'ONU, pour la première fois depuis l'élection de Donald Trump, sans parvenir à sortir de l'impasse provoquée par la menace américaine de dénoncer le texte.
"Echanges difficiles" Dans un climat rendu plus explosif chaque jour par les déclarations incendiaires du président américain contre l'Iran, les chefs de la diplomatie américaine Rex Tillerson et iranienne Mohammad Javad Zarif se sont retrouvés dans la même pièce pour la première fois. Avec eux, les autres signataires de l'accord historique de Vienne : Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne. La réunion, qui a duré plus d'une heure, a été "difficile", selon une source européenne, selon qui messieurs Tillerson et Zarif ont eu des "échanges directs" assez longs. "Le ton était très concret, il n'y a pas eu de cris, nous ne nous sommes pas lancés des chaussures dessus", a assuré le secrétaire d'Etat américain, jugeant "utile d'entendre" le point de vue des autres parties.
L'UE exclut toute renégociation. La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, qui préside la commission du suivi, a souligné à l'issue de la rencontre que tous les participants étaient tombés "d'accord pour juger que le texte est jusqu'ici respecté par tous". "L'accord fonctionne", a-t-elle martelé. "Nous avons déjà une crise nucléaire, nous n'avons pas besoin d'une deuxième", a-t-elle ajouté, en référence à la Corée du Nord, au cœur des angoisses internationales. Le texte de 2015 impose de strictes restrictions au programme nucléaire iranien, en échange d'une levée des sanctions, et l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) a estimé à plusieurs reprises que Téhéran respectait ses engagements.
Accord insuffisant pour Macron. Pour tenter d'amadouer les Américains, l'idée de rouvrir des discussions sur certaines des échéances de l'accord ainsi que sur des sujets annexes, comme le rôle de l'Iran au Moyen-Orient, est soulevée par certains, dont le président français Emmanuel Macron. L'accord nucléaire n'est pas "suffisant", compte tenu de "la pression croissante que l'Iran exerce dans la région", a-t-il déclaré mercredi.
Donald Trump menace de dénoncer l'accord. Mais Donald Trump, qui voue aux gémonies ce texte, "l'une des pires transactions dans laquelle les Etats-Unis soient jamais entrés", menace de le dénoncer. D'ici le 15 octobre, il doit en effet "certifier" devant le Congrès américain que Téhéran respecte ses engagements. S'il ne le fait pas, il rouvrira la voie à une réimposition de sanctions pourtant levées dans le cadre du texte, et sa décision équivaudrait à "une mort politique" de l'accord, selon des diplomates. La réunion de mercredi n'a pas permis de lever le doute sur les intentions américaines : "nous n'avons pas de visibilité réelle sur ce que sera leur décision", selon la source européenne. Les déclarations qui ont suivi la réunion n'incitent pas à l'optimisme : les Etats-Unis "ont de gros problèmes" avec l'accord, a confirmé Rex Tillerson.