Incendie de Londres : colère des survivants, "qui veulent des réponses" et une enquête

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Une centaine de manifestants se sont rendus devant la mairie de Kensington vendredi © TOLGA AKMEN / AFP
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Anaïs Cordoba et Pierre Herbulot avec M.R.
"Nous voulons des réponses", ont scandé les manifestants devant la mairie de Kensington. Ils reprochent aux pouvoirs publics de ne pas avoir assuré leur sécurité dans cette tour vétuste.
REPORTAGE

Les survivants et des proches des victimes expriment leur colère et leur tristesse après l'incendie de la tour Grenfell qui a fait, selon un bilan provisoire, 30 morts et 70 disparus. Vendredi après-midi, une grande manifestation était organisée devant la mairie du quartier. Une centaine d'habitants dénonçaient à la fois le manque de sécurité dans la tour et l'attitude de la Première ministre Theresa May face au drame.

Des logements vétustes et non sécurisés. "Nous voulons des réponses", scandent le manifestants devant la mairie de Kensington, qu'ils accusent de ne pas avoir réagi lorsque des locataires leur ont signalé la vétusté des lieux. "Il n'y avait des alarmes incendies que dans les halls, pas de détecteurs de fumée", explique Janet au micro d'Europe 1. "Il n'y avait qu'une seule issue de secours pour s'échapper. Et lorsqu'ils ont demandé des extincteurs automatiques, on leur a répondu que c'était trop cher". 

Un revêtement cache-misère en cause. Une enquête a montré que le revêtement isolant de la tour contenait du plastique peu coûteux et interdit dans de nombreux pays. Une matière qui serait à l'origine de la propagation effrénée des flammes. "Ce revêtement était destiné à faire joli pour que ce soit en accord avec l'arrondissement, qui est un quartier chic où il y a beaucoup de riches", dénonce Mustapha, l'organisateur de la manifestation. "Et comme c'est l'un des plus vieux immeubles, pour le rafraîchir, ils l'ont juste recouvert avec ce revêtement." 

Entre colère et recueillement. Le gouvernement britannique a ouvert une enquête publique pour déterminer les responsabilités. Les résidents de la tour, eux, demandent l'ouverture d'une enquête criminelle. Si certains sont dans la colère, d'autres, anonymes ou proches de victimes disparues, viennent se recueillir sur les lieux du drame.

Au pied de la tour, une fresque blanche s'étend sur une dizaine de mètres. On peut y lire les noms des disparus et des mots de soutien aux familles. Gail vient d'écrire le sien. "Une tragédie terrible à l'origine de tant de décès injustes, ma profonde amitié à ceux qui ont perdu des proches." 

Des fleurs et des bougies. Dans la rue d'à-côté, des fleurs sont accrochées aux grilles d'une église, des habitants installent une chapelle ardente. George, quant à lui, allume des bougies. "Je passais dans le coin et on m'a demandé un coup de main pour mettre des bougies parce qu'il n'y en a pas de ce côté. Je l'ai fait bien sûr, c'est pour le symbole. Allumer des bougies devant une église en mémoire des disparus."

"Il faut être réaliste". Il y a encore des larmes dans les yeux de Martha. Elle les ferme et se recueille quelques instants. L'un des amis de cette femme est toujours porté disparu, mais elle n'a plus d'espoir de le revoir un jour. "Je crois qu'on ne peut plus que prier maintenant. Il faut être réaliste. Certains espèrent encore retrouver leurs proches à l'hôpital, l'espoir, c'est ce qui les fait tenir. On réagit tous différemment. Peut-être que je réagirais pareil si c'était quelqu'un de ma famille."