Il est l'un des djihadistes les plus recherchés du monde. Lundi, l'incertitude plane autour du sort de Mokhtar Belmokhtar, chef terroriste algérien et ex-leader d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Dimanche soir, le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale assure que l'Algérien est mort dans une frappe aérienne américaine sur le sol de la Libye. Le porte-parole du Pentagone s'est refusé à confirmer cette information, mais a déclaré que les Etats-Unis avaient bien mené un raid qui visait le chef du groupe islamiste Al-Mourabitoune. "Nous continuons à évaluer les résultats de l'opération et fournirons plus de précisions de manière appropriée", a déclaré dimanche soir le colonel Steve Warren, porte-parole du Pentagone.
Situation confuse. Dans un premier temps, le Pentagone avait annoncé une frappe aérienne en Libye contre une cible "terroriste liée à Al-Qaïda", sans donner davantage de précisions. Quelques heures plus tard, les autorités libyennes ont écrit sur leur page Facebook officielle que "des avions américains ont mené une opération qui a abouti à la mort de Mokhtar Belmokhtar et d'un groupe de Libyens appartenant à une organisation terroriste dans l'est de la Libye". Sur les réseaux sociaux, des comptes djihadistes ont rapporté la mort de sept personnes dans le bombardement. Dès dimanche matin, un compte Facebook a publié des photos de corps et le nom des morts, sans aucune référence à Belmokhtar. Mardi, le groupe Ansar Ashariah a démenti son décès. Le mouvement terroriste affirme que sept personnes ont été tuées dans le raid, parmi lesquelles ne figure pas Belmokhtar, et assure qu'"aucune autre personnalité n'a été tuée".
Selon le gouvernement reconnu, "la frappe de l'armée de l'air américaine a eu lieu", après consultation des autorités libyennes, "dans la nuit de samedi à dimanche dans une ferme […] à Ajbadiya, à 160km à l'ouest de Benghazi, chef lieu de l'Est libyen, où Belmokhtar tenait une réunion avec d'autres chefs de groupes extrémistes, dont des membres d'Ansar Ashariah".
Un dissident d'Aqmi. Ce n'est pas la première fois que Mokhtar Bekmokhtar, dit "le borgne" depuis qu'il a perdu un œil en Afghanistan, est donné pour mort, à tel point que les forces françaises l'ont surnommé "l’insaisissable". En avril 2013, sa mort avait été annoncée au Tchad, avant qu'il ne revendique un attentat-suicide un mois plus tard. L'ancien chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, dont la tête est mise à prix 23 millions de dollars aux Etats-Unis, est entré en dissidence et avait créé sa propre unité combattante fin 2012, à l'origine d'Al-Mourabitoune.
Peu de temps après la création de son mouvement, Mokhtar Belmokhtar avait revendiqué la prise d'otages sanglante du complexe gazier d'In Amenas en Algérie. Il est soupçonné d'avoir commandité l'assassinat de quatre Français en Mauritanie en décembre 2007, et la prise en otages de sept autres étrangers entre 2008 et 2009.