Plus de 750 personnes ont été arrêtées en Inde en marge de manifestations consécutives à l'entrée de deux femmes dans un des sanctuaires les plus sacrés de l'hindouisme, a annoncé vendredi la police, qui redoute davantage de violences.
Les traditionalistes hostiles à l'entrée de femmes dans le temple. Le grand temple hindou d'Ayyappa à Sabarimala, dans l'État de Kerala (sud), a été l'objet de vingt ans de bataille judiciaire avant que, le 28 septembre 2018, la plus haute juridiction du pays ne juge discriminatoire le fait que le temple bannisse l'entrée des femmes en âge d'avoir leurs règles, soit entre 10 et 50 ans.
Mercredi, deux femmes d'une quarantaine d'années sont parvenues à pénétrer avant l'aube dans le temple, sous protection policière mais à l'insu des fidèles traditionalistes farouchement hostiles à la décision de la Cour suprême. Cette intrusion a entraîné depuis lors de nombreuses manifestations, et des affrontements entre les traditionalistes et la police.
"La police demeure extrêmement vigilante". Plus de 750 personnes ont été arrêtées depuis mercredi, a déclaré V.P. Pramod Kumar, porte-parole de la police. "La police demeure extrêmement vigilante. Il y a des tensions mais c'est encore pacifique", a-t-il ajouté. Il a précisé que des interdictions de déplacement avaient été décrétées dans les villes de Palakkad et de Kasargod, deux des localités les plus touchées par les violences.
Un mort et quinze blessés. Les affrontements de mercredi et jeudi ont notamment opposé les fidèles traditionalistes et les partisans de l'alliance de gauche au pouvoir dans l'Etat du Kerala, mais également les traditionalistes hindous à la police qui a eu recours aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau. Un homme a été tué et 15 autres personnes blessées, dont quatre sympathisants du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti du Premier ministre Narendra Modi.
Une chaîne humaine en soutien aux femmes. Les traditionalistes hindous avaient toujours réussi jusqu'à mercredi, en dépit de la décision de la Cour suprême, à empêcher les femmes de s'approcher du temple. Mardi, des dizaines de milliers de femmes avaient formé une chaîne humaine pour soutenir la décision de la Cour suprême. Cette manifestation appelée "Mur des femmes" était soutenue par le gouvernement de gauche de l'Etat.
Les femmes ayant leurs règles sont souvent considérées comme impures dans la société indienne conservatrice et patriarcale. Si la plupart des temples n'autorisent pas les femmes à entrer lorsqu'elles ont leurs règles, Sabarimala était l'un des rares à interdire toutes celles entre la puberté et la ménopause.