Inondations en Espagne : urbanisme, sécheresse, système d'alerte... Pourquoi le bilan est-il si lourd ?

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Yanis Darras / Crédit photo : Jose Jordan / AFP , modifié à

Les recherches de potentielles victimes se poursuivent dans la région de Valence après d'importantes inondations ce mercredi. Au moins 158 personnes ont perdu la vie dans cette catastrophe, selon le dernier bilan des autorités, soit les inondations les plus meurtrières depuis au moins un demi-siècle. Mais pourquoi un tel bilan humain ?

Le bilan est lourd. Au moins 158 personnes sont mortes cette semaine lors des inondations éclair qui ont lieu ce mercredi dans la région de Valence, en Espagne. Un peu partout, les mêmes scènes de désolation : des voitures empilées les unes sur les autres, emportées par les flots, des rues boueuses et des riverains sous le choc

Un événement météorologique intense

L'ampleur du phénomène climatique a marqué les esprits. Si la goutte froide - une poche d'air froid et humide en haute altitude qui vient favoriser la création de nuages chargés en eau - est un épisode commun, celle au-dessus de Valence interroge par son intensité. Ainsi, en seulement quelques heures, il est tombé plus de 400 litres d'eau par m² à localement relève l'Aemet, l'agence nationale de météorologie, en Espagne. Interrogé par le journal Ouest France , François Gourand, prévisionniste à Météo France, assure néanmoins "qu'il s'agit d'une intensité énorme, rare, mais pas inédite". 

Un problème d'urbanisme ? 

Si l'événement n'est pas inédit, il a pourtant provoqué les inondations les plus meurtrières depuis au moins 1973, a souligné le ministre de la politique territoriale espagnol, Ángel Víctor Torres. Et la sécheresse qui touche durement l'Espagne ces derniers mois, couplé à l'urbanisation de la ville, n'y sont pas étrangers. "Les sols secs ont plus de mal à absorber" les précipitations, souligne ainsi Amandine Richaud-Crambes, ingénieure urbaniste. "Et puis, à Valence, il y a une énorme urbanisation et une artificialisation des sols", poursuit-elle. Un problème, couplé à la topologie montagneuse aux alentours de la ville espagnole et qui favorise l'accélération des cours d'eau en crue. 

Conséquence directe, les cours d'eau chargés de débris, ont débordé au niveau de la métropole espagnole, inondant les routes, les voies de chemin de fer ou encore l'aéroport. Et les dégâts sont importants, en témoigne les images satellites.

Le dispositif d'alerte défectueux ? 

Enfin, des questions se posent autour du dispositif d'alerte . Dès lundi matin, l'agence nationale de météorologie espagnole a mis la région de Valence en vigilance rouge, appelant également les habitants à limiter fortement leur déplacement. Mais ce ne sera que le lendemain, à 17 heures, que le service centralisé de secours de la région se met en place. Et alors que les flots progressent en début de soirée, ce n'est qu'à 20 heures qu'un message d'alerte sera envoyé sur le smartphone des habitants, appelant à éviter tout type de déplacement dans la région. 

Une défaillance qui pourrait s'expliquer par le caractère exceptionnel de ce phénomène auquel l'Espagne est assez peu confrontée. "Ce pays n'a pas l'habitude de ce type d'évènement. C'est beaucoup moins récurrent qu'en France donc la préparation n'est pas la même", pointe encore Amandine Richaud-Crambes. Raison pour laquelle la voirie et les bâtiments publics sont assez peu adaptés à encaisser de tels cumuls de pluie. Et encore moins ceux de ces dernières années, plus intenses en raison du réchauffement climatique