Les pompiers, épaulés par l'armée, continuent samedi en Grèce de porter secours aux centaines d'habitants de villages bloqués par des inondations en Thessalie, qui ont fait jusqu'à présent dix morts, selon les autorités. "Plus de 2.850 personnes ont été secourues depuis le début des intempéries", a indiqué sur la chaîne de télévision Mega le porte-parole des pompiers Yannis Artopios. "Il y a encore de nombreuses personnes qui se trouvent dans les villages autour de Karditsa, de Palamas et vers Trikala. Elles ne sont pas disparues, elles sont piégées, le nombre officiel de disparus est à l'heure actuelle de six", a-t-il précisé.
Des milliers d'hectares de cultures détruits
Plusieurs maisons restent sous l'eau dans le village de Palamas et les secours continuent de s'activer pour aider les personnes piégées, a constaté un journaliste de l'AFP. "C'était vraiment un enfer !", confie Eleni Patouli, 54 ans, habitante du village de Palamas. "Nous sommes restés bloqués sans aide ni information pendant des heures. Le message du 112 pour évacuer est arrivé alors même que nous faisions face à l'inondation et que nous n'avions pas de moyen de fuir", explique-t-elle à l'AFP.
Des milliers d'hectares de cultures ont été détruits et de nombreux animaux d'élevage ont péri dans cette plaine primordiale pour le secteur agricole en Grèce. "Nous sommes détruits. Plus de 1.500 cochons se sont noyés. 70% de notre ferme a subi des dégâts", se désole Thomas Kasos, un éleveur de 58 ans.
En visite dans la région vendredi, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a promis des dédommagements rapides tout en réitérant qu'il s'agit "d'une catastrophe naturelle inédite". Mais la situation reste aussi inquiétante près de Larissa, à quelques kilomètres à l'est. "Nous rencontrons de grandes difficultés avec la rivière du Pinios, près la ville de Larissa, qui a débordé et qui a atteint les 2,5 mètres de haut en banlieue de Larissa", a-t-il ajouté.
Risque sanitaire
Vendredi soir, la protection civile avait envoyé un message pour évacuer un quartier de la ville menacé par la montée des eaux. À Volos, l'approvisionnement en eau reste problématique, les stations de pompage et une grande partie du réseau d'approvisionnement en eau ayant été détruits lors de la tempête. "L'eau n'est pas potable", a rappelé le ministère de la Santé grec en émettant une série de recommandations aux citoyens.
"Des cas de gastroentérite sont apparus et cela risque d'augmenter si les habitants n'ont pas suffisamment d'eau ! Il faut que les autorités distribuent au minimum 2 litres d'eau potable à chacun", a insisté Elena Riza, professeure en épidémiologie à l'université de médecine d'Athènes sur la chaîne de télévision publique Ert.
La circulation restait également difficile samedi, l'autoroute entre Thessalonique, deuxième ville du pays, et Athènes étant coupée à plusieurs endroits. Qualifiée par les experts, de phénomène "extrême en termes de quantité d'eau tombée en l'espace de 24 heures", la tempête baptisée "Daniel" a frappé lundi et mardi la Magnésie, notamment son chef-lieu, la ville portuaire de Volos et les villages du Mont Pélion, avant de toucher mercredi des localités autour de Karditsa et de Trikala.
Ces intempéries succèdent à des incendies de forêt dévastateurs cet été en Grèce, qui ont fait au moins 26 morts. Avec le réchauffement de la planète, l'atmosphère contient plus de vapeur d'eau (environ 7% pour chaque degré supplémentaire), augmentant les risques d'épisodes de fortes précipitations qui, associés à d'autres facteurs comme l'urbanisation, entraînent des inondations. En Turquie et en Bulgarie, deux pays frontaliers de la Grèce, les pluies diluviennes de ces derniers jours ont fait au total 12 morts.