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Walid Berrissoul avec M.Du , modifié à
Les conséquences du coup d'Etat manqué en Turquie, qui a entraîné une purge sans précédente dans le pays, s'exporte aussi en France. 
L'ENQUÊTE DU 8H

Le 15 juillet dernier, le président turc Recep Tayyip Erdogan échappait à un coup d'Etat. Depuis, des milliers d'arrestations de fonctionnaires, de journalistes, de militaires ont eu lieu dans le pays. Tous sont accusés d'être des partisans présumés du prédicateur Fetullah Gülen, accusé d'être derrière ce putsch. Mais les tensions dépassent maintenant le seul sol turc, elles s'exportent aussi en France entre les partisans de Recep Tayyip Erdogan et les soutiens de Fetullah Gülen.

"Tout a brûlé". Dans la ville de Sens, dans l'Yonne, vivent à peine 1.600 Turcs et pourtant là aussi la communauté est coupée en deux entre les deux camps. Les partisans de Fetullah Gülen avaient un petit centre culturel. Au lendemain du coup d'Etat manqué, il a entièrement brûlé, déplore l'un des habitués : "le feu est parti d’ici. Là, il y avait des tables d’écoliers, tout a été brûlé". L'incendie serait d'origine criminel d'après les premiers éléments de l'enquête. Ahmet, le responsable, est lui certain de connaître les auteurs : "ce sont des jeunes que j’ai toujours considéré comme mes enfants. C’est des familles très proches". Selon lui, depuis le retour des vacances, "ceux qui ont été en Turquie sont blindés de haine". Mais il assure : "nous n’avons rien à voir avec ça, nous sommes Français, les problématiques turques doivent rester en Turquie". 

Entendu sur europe1 :
C’est tout à fait normal, on a une haine contre cet acte

"Ils n'ont aucune différence avec les terroristes". 900 mètres plus loin à la porte du café adossé à la mosquée officielle, financée par le pouvoir turc, on peut lire cette pancarte : "on ne sert pas à boire aux traîtres". Youssouf assume parfaitement : "pour moi, ils n’ont aucune différence avec les terroristes. Ça touche notre drapeau, ça touche notre pays". "C’est tout à fait normal, on a une haine contre cet acte", poursuit-il. 

110 plaintes sur toute la France. Le phénomène concerne l'ensemble de la France. Ainsi, 110 plaintes pour agressions, menaces de mort, bâtiments saccagés, tags dans des écoles, boycott d’entreprises franco-turques, ont été enregistrées. Pour certains proches du mouvement Gülen, ce sont aussi des intimidations au quotidien. Un entrepreneur assure avoir reçu sur son téléphone cette fausse convocation des gendarmes qui indique : "nous avons reçu une demande d’extradition du gouvernement turc comme quoi vous avez des activités terroristes. Veuillez vous présenter au poste de gendarme le plus rapidement possible". Certains sympathisants d’Erdogan n’hésitent pas non plus à les menacer physiquement dans leurs entreprises. Ils soupçonnent ces patrons d’être des opposants au gouvernement. 

Une orchestration au plus haut niveau. C'est l'Etat turc lui-même qui appelle à ces intimidations. Il y a, par exemple, une page internet officielle en Turquie, avec un numéro de téléphone spécialement dédié à la délation et qui s’adresse spécifiquement aux Turcs de la diaspora. Vous pouvez donc dénoncer vos voisins à Paris, à Strasbourg , Bruxelles ou Berlin. En conséquence, des arrestations sur le sol turc, à la descente de l’avion, se produisent. D’après nos informations, dix franco-turcs sont actuellement soit emprisonnés soit interdits de sortir du territoire.